Journal de Seb, Entrée 8


Un peu de temps à l'ombre et au frais pour se protéger de l'arassant soleil de midi Australien. Nous sommes maintenant dans la State Library of NSW à déguster un milkshake dans leur très confortable et lumineux café. Cela fait une semaine que nous sommes arrivés à Sydney et le moment est venu de revenir sur ce laps de temps avant d'amorcer la suite de notre aventure Australienne. Demain, nous irons à notre meeting avec des gens de la FOX et du studio Animal Logic et vendredi... Eh bien mes petits amis, vendredi, nous avons réservé un campervan tout équipé pour notre temps restant ici et partons faire un road trip dans les terres sauvages. On a déjà hâte d'y être.


Mais comme toujours, concentrons-nous un peu sur le passé et plongeons nous ensemble dans le récit de la semaine qui vient de se dérouler. Arrivés à l'aéroport mercredi matin, de très bonne heure et étonnamment bien reposé, nous sommes aussitôt partis explorer notre nouveau terrain de jeu. Ayant trouvé un premier logement dans le quartier de King Cross, nous étions en parfaite position pour explorer le centre ville. Vous avez tous vu les photos de la bay du botanic garden, de l'Opéra - le tout sous un ciel bleu azur et un soleil de plomb. Eh oui, nous sommes passés du temps pluvieux et tristounet de Vancouver à l'été dans sa forme la plus pure. Deux jours plutôt, la température de moyenne était dans les 8°c, la nuit était tombée entre 16h30 et 17h et on portait trois couches de vêtements pour rester au chaud. Ici, il fait 30°c, la nuit tombe à 20h30 et on supporte à peine plus d'un T-shirt. C'est la transition de saison la plus drastique que nous ayons vécu de notre vie. Tout de suite, il faut que je vous parle du soleil. Non, non, non... En fait il faut que je vous parle de la couche d'ozone. L'une des premières choses que nous avons fait en arrivant à Sydney est de s'acheter de la crème solaire - Cancer Council, un produit autrement sérieux donc - indice 50, en bref de l'écran total. Eh bien, même avec cette chose, en une journée, on prend les couleurs de l'équivalent d'un été entier sur la côte atlantique. La raison en est l'état déplorable de la couche de notre atmosphère sensée nous protéger des UV à cet endroit du globe. Alors si jamais on devait un jour s'installer ici, mettez de la crème solaire dans vos valises. Ici, comme jamais ailleurs on sent le caractère vif et agressif de la lumière solaire. Il fait généralement bon, l'air n'est pas lourd et le moindre endroit ombragé est parfaitement confortable - mais une fois en pleine lumière on se sent aussitôt en train de cuire. Heureusement Zoé et moi avons un peu de chance avec nos peaux respectives et sommes maintenant pourvus de jolies couleurs estivales. Mais de mémoire, c'est la première fois que je me retrouve dans un endroit où tout le monde met de la crème tous les jours.


Ceci étant dit - vous avez sûrement vu passer le petit sous-entendu dans mon commentaire précédent - On adore cette ville. En fait, on en est tombés amoureux presque instantanément. Sydney est une véritable ville cosmopolite avec une forte identité basée sur la culture britannique - sans avoir à en subir le temps. Les gens sont souriants, enclins à communiquer et à discuter. On rencontre toutes les nationalités dont beaucoup de français - on est visiblement une espèce qui s'exporte bien. On a aimé passer ses premiers temps à errer dans la ville et à se déplacer au hasard des rencontres. Vendredi, nous devions rejoindre mon ami Warwick dans l'après-midi. Nous sommes donc partis prendre un petit déjeuner vers 10h en ville et sommes allés passer le reste de la matinée dans un parc. Alors que nous étions à lire tranquillement, les nombreux représentants de la population sportive de Sydney courraient, sautaient et s'exerçaient partout autour de nous. Une chose vous saute aux yeux rapidement ici, les gens sont sportifs et sains - disons le carrément franchement, ici, les gens sont beaux. Alors que tous ces éphèbes cultivaient leurs silhouettes, un vieux monsieur arriva en courrant sur la pelouse. Je dis vieux et aussitôt je sens certains d'entre vous qui vont s'insurger lorsque je vais lui donner un âge... Il devait être dans la seconde moitié de sa cinquantaine.

QUOI?! MAIS CINQUANTE ANS C'EST PAS VIEUX!!!!

Oui, c'est vrai... Ce que je voulais dire par là, est qu'il était plus vieux que moi. Bref, je l'ai regardé arriver et il s'est installé à quelques mètres de nous pour commencer une série d'exercices. Plus je le regardais et plus il me disait quelque chose. Je n'avais pas la sensation que c'était quelqu'un de connu, mais plutôt de le connaitre. Je sortis Zoé de sa lecture pour le lui pointer du doigt. Il ne lui évoquait rien et en même temps elle reconnu quelque chose de familier. L'homme avait vraisemblablement ma taille, des cheveux gris et une barbe courte - très semblable à la mienne - il était en bonne forme et condition physique. Le temps qu'il finisse sa série d'entrainement, j'avais compris. En fait ce vieux c'était moi. J'avais toujours eu dans l'idée que ça arriverait un jour. Je m'étais toujours dit qu'un jour je croiserais comme ça, au hasard, une version de moi plus vieux. Cela ne voudrait pas forcément dire que j'avais inventé le voyage dans le temps, non. Je le voyais plutôt comme le produit d'une abération sur le tissu spatio-temporel. Deux points de l'espace et du temps qui convergent ensemble à un instant T. Vous pourrez poser la question à Zoé, mais moi je crois que ce vieux, c'était moi. Mon moi du futur passant par-là pour qu'on le voit - parce qu'il savait que j'étais sensé me voir ici. C'était rassurant d'une certaine manière. D'abord parce que j'avais toujours des cheveux... et puis de manière plus général, être vieux m'allait plutôt bien. A la fin de ses exercices, il s'est levé et il fit dans notre direction un sourire en coin - celui que j'aime faire par malice - et sans mot dire, il est reparti courrir. Alors qu'il faisait un détour pour reprendre le chemin, une belle brune est arrivée à ses cotés et ils ont continués leur course côte à côte. Avec cette vision, Zoé et moi avons acquis la conviction que nous viendrions passer un moment de notre vie ici. Après cet aperçu du futur, nous avons rejoins mon ami Warwick qui nous a emmené chez lui à North Sydney. Warwick est un réalisateur Australien que j'avais rencontré au festival de Valladolid en Espagne. Nous nous étions bien entendu et nous étions revu à Londres un mois après. On s'était dit qu'il serait bien de se revoir et ce voyage dans son pays était une occasion trop belle pour être manquée. Nous avons donc passé le week-end avec lui, sa femme Julian et leur fille Iris, ainsi que Deirdre, sa cousine Irlandaise en visite - cosmopolite. Nous avons passé de très bonnes soirées avec eux et dans la journée ils nous ont pointé vers les meilleurs spots du centre-ville pour le week-end. Ainsi après avoir raté de peu son match de criquet le samedi matin... Pour une raison X... Nous sommes allé faire une petite balade dans les studios de la Fox et nous sommes ensuite dirigé vers le marché aux poissons. Un endroit magnifique pour faire ses courses de pêches fraiches. On y a découvert des espèces que l'on ne connaissait pas et des gouts nouveaux à ceux qu'on était sensée connaitre. Et oui, j'ai découvert que j'aimais les huitres du pacifique. Ah oui, et autre découverte... Apparemment on arrive maintenant à s'occuper d'enfant en bas âge. Le lendemain, il nous a déposé à Manly Beach où nous nous sommes promené sur le remblais. C'est probablement ma deuxième plage favorite de Sydney. L'ambiance fait très locale et moins touristique que Bondi. Nous avons ensuite grimpé à bord d'un ferry pour faire le Rock Market où nous avons découvert un charmant marché d'artisans dans les petites rues pavées où se situent les plus vieux bâtiments de la ville. A beaucoup d'égards on a l'impression de se trouver en Europe. La très forte communauté francophone renforce de beaucoup ce sentiment. C'est un peu drôle de voir que le français est une langue fédérale en Colombie Britannique, mais qu'il est moins pratiqué qu'il ne semble l'être ici. Autre chose, toutes les unités de mesures ont de nouveau du sens pour nous. Fini les miles, les onces, les pieds. Retour à notre bon vieux système métrique. Au passage, allez jeter un coup d'oeil à comment a été inventé la mesure du degré Fahrenheit, vous allez rire.


Depuis lundi, nous logeons dans une petite chambre dans une auberge de jeunesse sur Bondi beach, là encore vous avez vu les photos, je ne me confondrais donc pas en description. Nous devions initialement quitter Sydney plus tôt que ça, mais l'opportunité de se faire des contacts sérieux dans notre milieu était trop belle et devait être saisie. Ce rendez-vous ayant lieu ce jeudi, nous avons décidé de faire cette petite retraite à la plage pour quelques jours. C'est une ville immense, et en visiter trois points différents de cette manière vaut le coup. Le quartier de Bondi est très touristique et n'est pas vraiment mon préféré. Mais ce qu'il faut savoir, c'est que lorsqu'on suit le sentier sur les falaises on arrive à Bronte beach et là... C'est autre chose. C'est plus petit, plus conviviale. Nichée entre les falaises se trouve une piscine à débordement qui se remplie d'eau de mer et permet de se baigner quelque soit le déchaînement de celle-ci. Un de nos plaisirs aura été de faire ce sentier en courrant, se baigner dans la piscine et de rentrer tranquillement après coup. Au delà de ce bassin se trouve bien sur la plage, au sable pale et fin et un grand espace vert qui la sépare de la route et des habitations. Si vous venez à Sydney... Ou quand vous viendrez à Sydney, je vous conseille donc les plages de Manly et de Bronte. Mais apparemment, sans vouloir faire de gros teasing, les meilleurs plages sont celles que nous allons voir dans notre tour de l'Australie à bord de notre petit van. Il nous tarde de partir sur les routes, à l'aventure, sur la cote et dans le désert.

Bon, je m'interromps un peu dans cet article pour vous relater un petit moment de vie sur cette terrasse de café. Deux perroquets viennent de se poser sur la poignée de la porte juste derrière Zoé. Ils sont là tout les deux avec leurs robes colorés. Zoé me dit qu'ils voyagent toujours en couple. Une serveuse sort doucement par la porte avec un petit gobelet d'eau et de lait mélangé en chantant un petit "come on" à l'adresse des deux petits volatiles. Ils se posent alors sur sa main et elle les conduit sur un petit muret au soleil. Elle pose son gobelet et le petit couple à plume se met à s'abreuver tranquillement. La serveuse retourne à l'intérieur calmement, attestant de part son attitude le caractère normal de la scène. On regarde les deux intelligents petits perroquets boirent leur breuvage et puis s'envoler ensemble dans l'azur. Depuis que nous sommes ici nous découvrons beaucoup d'espèces communes à cette ville que nous n'avons pas chez nous. Imaginez qu'au lieu de croiser nos gris et moches pigeons, vous voyez quotidiennement des perroquets de toutes les couleurs, des ibis et d'autres espèces qui vous semblent des plus exotiques.

J'ai dis que je faisais une interruption et je me rends compte qu'avec la connexion nullisime de notre auberge de jeunesse, je n'ai pas pu poster mon article avant que ce jeudi se soit écoulé. Alors parlons un peu de deux petites choses avant que je vous laisse. La première est notre auberge de jeunesse où nous avons logé à Bondi Beach. Je vais clairement vous donner le nom "Noah @ Bondi" voilà, comme ça si l'envie vous prend d'y aller vous saurez que je vous le déconseille vivement. A moins bien sur que vous aimiez trouver des cafards dans votre douche, à la fenêtre ou sur le siège des toilettes ou bien encore qu'une personne hurlant à qui veut l'entendre à 4h du matin, qui est la pire heure pour que cela arrive (cf. TED Giacometti code), qu'il veut qu'on lui @@@@ sa grosse @@@@. Eh bien, oui, pourquoi pas. Autrement non. Il existe beaucoup de nouvelle manière de se loger lorsqu'on visite un pays. Vous connaissez maintenant notre attrait pour le couchsurfing, il y a aussi Air BNB, un peu différent - si vous me posez la question, je serais ravi de vous expliquer en quoi. Le truc est, et vous pourrez me contredire avec les exemples de votre choix, que passé un certain âge - ou un certain état d'esprit - vous ne trouvez plus en auberge de jeunesse ce que vous pensiez y aimer avant. Celle-ci devait héberger au minimum quelques deux cents personnes, environ soixante par étage avec quatre douches pour ce dernier nombre, dont la moitié passait leurs journées à zoner et squatter, se remettant ou se préparant pour la prochaine cuite. Ils y avaient certainement des gens passionnants dans le lot, mais ceux-là faisait leur vie indépendamment des autres. Je sais qu'à une époque les auberges de jeunesse étaient un excellent moyen de se rassembler et de partager les informations glanées par chacun en arpentant la ville. Quoi de plus enivrant pour le voyageur que de faire la découverte d'un endroit magique et unique et de revenir le partager avec d'autres pour s'enorgueillir. Maintenant, la salle commune n'est emplie que de gens silencieux s'ignorant les uns les autres et cherchant des informations ou des réponses au fond de leurs smartphones. La communication permanente a fini par avoir raison de ces lieux communautaires. Pourquoi se borner à chercher une information approximative auprès de ses semblables lorsqu'on peut avoir celle qu'on cherche sur internet. Ceci étant, ce constat n'est peut être que celui de cette auberge - j'en doute - il s'avère que pour notre part nous trouvons plus notre compte dans le couchsurfing. On aime parler avec les gens et avoir une vraie relation avec eux. On est fier de rester en contact avec certains d'entre eux. Alors disons simplement que l'auberge de jeunesse n'est pas notre manière de se loger en voyage, ni la communauté à laquelle on arrive à se lier. Maintenant, trêve de snobisme. Les gens ont le droit de faire la fête - évidement - et venir de l'autre coté du globe est une bonne raison pour le faire - pourquoi pas.


Deuxième chose, aujourd'hui jeudi donc, nous avions notre rendez-vous au sein des studios de la FOX et d'Animal Logic pour prendre contact avec de possibles futurs partenaires. On verra de quoi l'avenir sera fait, mais je me dis qu'il y a pire endroit que Sydney pour passer un peu de temps à travailler. Je ne vous dirais pas ce que nous avons vu dans leurs studios - principalement parce qu'on a signé des papiers qui nous interdise de le faire  - mais il y a quelques films d'animations dont nous allons surveiller la sortie. 


Je vais maintenant poser mon ordi, il est un peu tard. Ce qui veut sûrement dire que pour vous il est un peu tôt. Pour cette fois pas de rencontre avec des truands, pas de fuite d'un couchsurfing douteux. Non, simplement une semaine à découvrir une ville un peu rêvée qu'on aime arpenter sous son soleil radieux. Il nous tarde maintenant de partir découvrir d'autres paysages Australien, de photographier des kangourous et de vivre de nouvelles aventures.

A dans deux semaines,
Seb