Haha saluuuut !!! Je t’écris depuis l’intérieur cozy de notre petit van aménagé. On vient de passer une super soirée, on commence vraiment bien à gérer cette maison sur roulette et notre vie de nomade. On se lève vers 8h, on se fait un petit dej hyper copieux, on fait une mini toilette dans les lavabos qu’on trouve à proximité, on prend la route, on s’arrête sur des plages magnifiques, on observe les koalas, les milles espèces de perroquets différentes qui voltigent autour de nous, on roule encore, on trouve un endroit pour la nuit, on se fait à manger et à la nuit tombée on va chasser le kangourou. Ce soir on en a vu tout un groupe en train de brouter tranquillement de l’herbe près d’un marais. C’était magique. Il faut être rapide, silencieux et arriver pile à l’heure. Si tu crois dégoter des kangourous en pleine après midi et aller leur faire des papouilles tu te trompes grandement. On a certes pas encore vu de wallaby mais les grands kangourous roux, eux, tu ne préfères pas t’en approcher. Ils ne sont pas agressifs, du tout, ils en ont même un peu rien à faire de ta présence mais bon sang ce qu’ils sont imposants… Les mâles ne font pas loin de ma taille et peuvent atteindre les cent kilos, et puis c’est sans parler de leur détente de saut ou encore de leur gros biceps. Bref, observe les de l’autre côté du champs, c’est plus paisible pour tout le monde. 

Bon alors, cette semaine. Tu l’as déjà vu en photos alors je vais essayer de ne pas faire juste légende à ce que tu sais déjà. Voilà maintenant cinq mois que l’on est partis, la moitié du voyage. Ma maman m’a dit, lors de notre dernier skype, que le 21 février, jour qui marquera la moitié pile du voyage, elle débouchera le champagne parce qu’après le compte à rebours de notre retour sera lancé, héhé. J’imagine bien que pour tout le monde, le temps peut paraitre long, peut être. Pour nous il file à toute allure et on s’en rend à peine compte. On profite comme des fous mais pour nous ça n’aura jamais de fin, on a plusieurs projets pour notre retour et pour le reste en général et maintenant, revenir en France ne nous fait même plus peur, sur certains aspects on a même hâte. Pas de spoilers, mon petit, tu sauras bien assez tôt ce qu’on mijote pour la suite. En attendant on fait notre petite vie en campervan et on s’éclate. On a plein d’idée sur ce qu’on va faire en Nouvelle Zélande, au Japon, en Chine, et on s’est rajouté quelques pays sur notre itinéraire parce qu’on a les yeux plus gros que le ventre et que maintenant le monde nous paraît tout petit. 

Allons, revenons à nous moutons et à l’Australie. Le départ de notre aventure en campervan. On récupère le van vendredi en fin d’après midi et comme il est tard et qu’on est pas vraiment autorisé à rouler de nuit, on décide de ne pas faire trop de route, ce qui permet aussi de bien prendre l’engin en main. Parce que oui, nous ne sommes ni à bord d’une voiture, ni d’un camping car mais bien d’un espèce de peugeot 806 transformée en salon, cuisine, chambre. Alors on ne va rien se cacher, ce soir je te dis tout, le premier soir, on a vraiment pas fait les malins. Après avoir fait quelques kilomètres dans notre nouvel habitat, nous venons à nous arrêter sur une grande plage déserte. Tout d’abord, c’est l’extase, c’est paradisiaque. Non seulement, il n’y a quasiment personne mais en plus on se fait accueillir par un groupe de cinq dauphins venus jouer dans les rouleaux. J’étais aux anges. Je suis restée à les observer bien longtemps, presque jusqu’à ce que la nuit tombe. On se met à faire à manger, des pâtes et une sauce tomate toute faite, c’était pas bon. Vraiment pas bon. On rentre dans le van pour s’abriter du vent le temps de manger et nous, tout jeunes novices de la vie en van que nous sommes, nous avions laissé toutes les portes grandes ouvertes le temps de cuisiner et vu la végétation autour de nous, ben les moustiques se sont eux aussi invités à table… Les petites saloperies de moustiques. On a réussi à en tuer une bonne grosse dizaine mais le plus gros restait à l’écart à nous juger dans leur petite cachette. Ils nous observaient buter leur copains et se sont préparés un super plan d’attaque pour la nuit. On se couche et leur festin commence. Sans mentir, je pense qu’il y en a une bonne partie qui a du aller exploser et mourir dans un coin vu les litrons de sang qu’ils nous ont piqués. De plus, on avait fermé toutes les écoutilles du van donc je ne te raconte pas l’odeur à l’intérieur du bordel. On s’endort donc, avec mal au ventre à cause du repas moyennement cuit et de la horde de moustiques assoiffés de sang et de vengeance. La nuit n’a pas été facile. On savait qu’on s’était fait dévoré mais on ne pensait pas ressembler à des monstres de foire non plus. Durant la nuit, Seb m’a fait son habituelle danse du moustique qui consiste à faire des galipettes et se rouler en boule à mes pieds sous des couvertures en suffoquant de chaud pour espérer échapper à la moindre piqure de nos amis ailés. Sa danse était une réussite. Je me suis retrouvé le matin avec les épaules boursoufflées de poison qui gratte. La prochaine fois, moi aussi je danse. Avant de devenir les cowboys du campervan qu’on est aujourd’hui, il a fallu passer quelques épreuves. Après l’incident du moustiques, nous avons eu droit aux douches sans eau chaude, bourrées d’insectes ou encore pas de douches du tout. Là par exemple, ça fait quatre jours qu’on a pas de douche, ben on le vit bien.  

Maintenant, nous avons trouvé notre rythme de croisière. On trouve le temps de lire et de dessiner. Tu me diras, facile quand on vit avec la lumière du soleil. A 7h le matin nous sommes réveillés et frais et le soir on mange à 18h et à 20h30 on est dans le van avec nos bouquins. C’est assez agréable finalement. On traverse à longueur de journées des paysages sublimes. On traverse des réserves naturelles, des parcs nationales, des forêts protégées, des étendues d’un vert incroyable. Il y a beaucoup de coin de campagne où on se croirait très nettement en France sur nos petites routes habituelles entre Rennes et Penvins ou entre Nantes et Mouilleron le Captif. Puis d’un coup, on se retrouve sur des terres plates à hautes herbes jaunes vives qui nous feraient penser à des terres d’Afrique. On y est jamais allés mais bon on regarde des documentaires des fois quand même. 

Petite aparté de Seb qui me dit « Ta mère serait fière de toi à te voir écrire comme ça, ça lui rappellerait Arabesque. » Et maintenant, il fait des galipettes dans le van en chantant le générique. Et moi je pouffe comme une groupie. 

Bref, les paysages australiens. On se retrouve ensuite sur des plages immenses d’un blanc immaculé ou aucune âme ne passe. Ca me rappelle cette plage où j’ai vu le gros goanna. On s’arrête sur un petit parking après avoir traversé quelques kilomètres de brousse, on s’arme de nos appareils photos et on part en exploration de la plage. On descend les escaliers qui doivent nous y mener et en levant la tête, car oui depuis le premier jour à New York, j’ai l’air débile mais je marche la tête en l’air car tout ce que je vois m’impressionne. Parfois, ça paye, parfois je tombe d’un trottoir. Je regarde donc en direction d’un arbre et je vois sur son côté une forme étrange qui me rappelle un peu des grosses patounes d’araignée. Tout en me disant qu’une araignée de cette taille n’existe pas je laisse Seb descendre jusqu’à la plage et je retourne chercher mes jumelles au cas où. Cette fois ci armée de mes jumelles, je lève la tête vers l’arbre et là, je fais un bond de cinq mètres en arrière, ce n’est pas une araignée mais une main de reptile de la taille de la mienne avec des griffes énormes. J’essaie d’appeler Seb à voix basse car je ne veux pas attirer l’attention de la bestiole qui m’est inconnue jusque là. Je reste immobile en chuchotant à contre vent à Seb de venir me rejoindre. Tu parles, il était déjà loin et ses oreilles remplies du ressac je décide donc de le rattraper. Arrivée en bas, je saute sur lui, haletant qu’il y a un énorme reptile dans un arbre. Il me considère un peu comme une folle à ce moment précis je crois, à juste titre d’ailleurs puisque j’étais pleine d’excitation d’avoir trouvé une énorme bête et je devais avoir les yeux exorbités. On retourne en arrière, tranquillement pour ne pas faire fuir notre jolie découverte. Il était toujours là, étalé au soleil sur sa branche d’arbre mort et maintenant que je pouvais le voir entièrement, je compris que c’était une sorte de gros lézard. On s’arrête au plus près de lui pour pouvoir l’observer, l’animal curieux nous dévisage dans nos jumelles en nous tirant la langue. Un couple de vieux australiens nous félicitent de l’avoir vu car vu le calme des goannas, ils ne sont pas facile à repérer, ils nous expliquent deux trois anecdotes et nous disent que celui là est un des plus gros qu’ils aient jamais vu. Tu m’étonnes, du bout de son nez jusqu’au bout de sa queue, il devait bien mesurer dans les 1m50. Après une longue et agréable balade le long de la plage, on l’a retrouvé tout près du chemin, étalé dans les feuilles, on a donc pu l’observer d’encore plus près. 

L’Australie est un pays magnifique et possède une vie sauvage incroyable. Lorsque nous traversons des kilomètres de forêts d’une densité qui nous évoquerait la forêt amazonienne, avec les fenêtres ouvertes, l’odeur nous parvenait aux narines. Tu connais cette odeur ? Lorsque tu vas au zoo et que tu commences à t’approcher des enclos aux fauves ? Cette odeur très forte de fourrure grasse et sauvage. Et bien là, c’est ce que sentent les forêts ici. Autrement dit, ta première pensée n’est pas d’aller faire la cueillette aux champignons en mini jupe. On roule pendant des heures sans croiser de villages ou de maisons et on sait que tomber en panne ici ne serait pas une partie de plaisir. Partout sur la route, les panneaux te rappellent d’être très vigilant car tu peux croiser le chemin de kangourous, koalas, wombat, bandicoot et autres bestioles dont nous n’avons pas encore bien défini la forme. L’Australie n’est pas un pays hostile, disons plutôt que la faune autant que la flore, nous ramène bien en tête que nous aussi nous faisons partie de la chaine alimentaire et qu’on est pas au dessus des autres. Il y a un tas de plantes vénéneuses, ne serait ce que dans les jardins des gens, des araignées avec des pattes à décapiter des têtes humaines. Du coup, je t’entend dire « je comprends pourquoi ils longent la plage, ça doit être plus calme au bord de mer », que nenni mon ami. Attention sur la plage et l’eau aussi. Non seulement à cause du soleil, comme le racontait Seb, en une heure de promenade tu grilles comme une sardine sur un barbecue, mais tu as aussi le vent et les courants marins qui sont très violents. Nous n’avons jamais eu une seule journée sans vent, gros vent, qui ferait sortir le drapeau rouge à n’importe quel breton. Là, non, c’est l’opportunité pour les surfeurs de venir défier la vague. Nous nous sommes bien marré à nous baigner sur la grande plage de Narooma, on jouait comme des gosses dans les gros rouleaux pendant au moins une heure. Alors on restait avec de l’eau aux cuisses car les courants nous faisaient valdinguer à droite à gauche. Il y a aussi le problème des méduses qui sont absolument partout. On s’est baigné à plusieurs endroits où les bans de méduses nous passait juste à côté et les enfants s’en amusaient. Ici, les gens nous disent que les méduses ne craignent rien mais que les plus dangereux sont les blue bubbles, tu sais, les petits bubons bleus transparents photographiés sur la plage. Il y en a partout. Alors avant d’aller te baigner, vérifie si les bubons morts sur la plage sont frais ou un peu desséchés et tu sauras si tu peux aller dans l’eau. Lorsque nous sommes partis de cette sublime plage aux bubons et aux rouleaux de deux mètres nous avons surpris un surfeur sortir bien hâtivement de l’eau. Nous l’avons attendu pour l’interroger sur la nature de l’eau à ce moment précis. Il nous répond en rigolant qu’il a vu un énorme aileron près de lui et qu’il bien sûr, ce n’était pas un dauphin. Bon rassure toi tout de suite, ce présumé requin était loin des rives donc même en se baignant avec de l’eau aux hanches comme nous l’avons fait on ne risque pas grand-chose. 

Haha je sens que je t’inquiète là, en fait on s’adapte très bien à toutes ces petites choses. Les australiens vivent parfaitement en paix avec leur nature alors on s’est mis au rythme. Ils sont aussi très respectueux de leur environnement et très protecteurs de leur vie sauvage. On nous a souvent dit, avant de débarquer dans le pays, que « everything there wants to rip your face off » mais franchement, du moment que tu ne vas pas titiller l’animal, tu es tranquille. On nous a raconté que les koalas n’étaient pas hyper commodes, c’est vrai, leur cri ne donne pas envie d’aller les câliner mais du moment que tu restes à l’écart et que tu les observes gentiment, ce sont les créatures les plus adorables du monde. Voir des koalas comme ça au milieu des habitations sur une petite île, c’est magique. Les gens vivent en harmonie avec tout. Je pense que c’est ça la plus grande beauté de ce pays. Bon après il y a forcément des exceptions, nous se sommes là que depuis trois semaines donc on ne sait pas tout mais bien sur je parle pour ce qu’on a vu et observé sur la côte Sud-Est. 

Allez, je vais m’arrêter là car il se fait tard et que je pourrais encore discuter pendant des heures si je ne me bride pas un peu. Ca me fait du bien de déblatérer sur des choses positives alors que de l’autre côté en France, on enterre mon grand père pile au moment où j’ai commencé mon article. C’est pas évident de penser à autre chose. Le jour où j’ai appris sa mort, c’est la première fois qu’on a pu observé des kangourous de très loin dans un champs au milieu de la campagne et aujourd’hui, jour de la cérémonie, c’est le deuxième jour où on peut en voir de beaucoup plus près. Je pense donc qu’une possible réincarnation en kangourous du côté des Mallet est à envisager. Moi ça ne me gène pas, ils vivent en communauté, sautent partout, je trouve ça plutôt rassurant. Le seul problème… c’est qu’ils sont herbivores… Je pense qu’une petite vague de kangourous carnivores pourrait faire surface à un moment dans l’évolution…

Sur ce, la bonne nuit et continuez de commenter parce que ça nous encourage beaucoup à mettre à jour le blog. On a surtout des réactions de nos mamans, ce qui est parfait, ça nous fait toujours beaucoup rire mais les autres n’hésitez pas, c’est tellement un plaisir de voir que le temps que nous passons à tenir ce blog n’est pas évaporé dans la stratosphère pour rien.

Bisous !!

Zo-