C’est au milieu du Pacifique que je t’écris mon nouvel article. Après 10h de vol, je viens de me réveiller de ma nuit, ma montre indique qu’il est 9h du matin mais dehors la nuit est toujours présente. J’aperçois les premiers rayons du soleil et c’est eux qui m’ont donné l’envie de sortir mon petit clavier rouge. L’horizon est dessiné par la silhouette de gros nuages et le rouge flamboyant se dégrade peu à peu en passant par toutes les couleurs de l’arc en ciel en finissant par l’indigo puis un bleu nuit profond et des étoiles aussi brillantes que la lune. Je ne distingue pas du tout la mer en dessous, c’est tout noir avec des petites nuances de gris qui viennent souligner le contour des nuages. Sympa la vue au réveil ? Pourtant la nuit a été agitée. D’accord, je t’entends dire « non mais tu as peur en avion alors on te crois pas si tu dis que ça bouge » mais là pour de vrai ça a beaucoup bougé. De plus, entre un nourrisson qui pleure toute la nuit, un enfant qui ne dort pas et parle très fort, le pilote qui nous dit de boucler nos ceintures et le type devant moi qui a littéralement allongé son siège sur mes genoux, mais malgré tout ça j’ai plutôt bien dormi. Non mais franchement ? Peut-être qu’ils avaient pas le choix hein.. mais faire un vol de 15h avec un enfant en bas âge, c’est pas hyper malin. Je comprend qu’il hurle. Bon là on traverse une grosse brume et ça tremble beaucoup… 

Nous sommes partis, selon moi et ma montre, hier matin à 9h donc avec un réveil à 5h du matin. Autant le dire tout de suite, on était au taquet mais deux heures après on était tout fatigués et ça nous a suivi toute la journée. Norte premier vol qui nous a emmené de Vancouver à Los Angeles était plutôt court, on a beaucoup rigolé, filmé puis un petit dodo en boule comme des loutres et on était en train d’atterrir. L’atterrissage le plus mouvementé de ma vie d’ailleurs. Pour Seb aussi il me semble. Je ne demande pas confirmation car il est toujours en train de faire un gros dodo. Moi j’attend le petit dej avec impatience parce que le diner hier soir était très bon mais pas hyper copieux, du coup j’ai faim ! Bref, l’arrivée à Los Angeles a été marquée par de sacrés rafales de vent ce qui nous a valu de gros écarts tout près du sol, une fille derrière nous a même crié à un moment et quand on a touché le sol, la tension s’est relâché et on a pu entendre tout le monde souffler. Moi j’ai pu lâcher la main de Seb que je venais d’écrabouiller. Après nous avons passé 11h à l’aéroport à attendre notre prochain vol qui allait nous permettre de quitter l’Amérique du Nord et de changer d’hémisphère pour la première fois de notre vie. Lorsqu’on est partis de Vancouver, il faisait très froid et pluvieux, à Los Angeles, très bon, pas un nuage mais du vent. Que nous réserve Sydney ? Et bien normalement, du soleil et 25 degrés haha. Le petit écran incrusté dans le siège de mon camarade de devant, m’indique qu’il nous reste 4h15 de vol. 

Oh !! Ca y est ! Le soleil se lève et je peux enfin voir le blanc des nuage et le bleu du ciel mais toujours aucune ouverture sur l’océan Pacifique. Ma montre indique 9h25, l’heure de la côté ouest américaine mais en ce moment à Sydney il est 4h25 du matin 19h plus tard, soit le jour d’après. Après avoir passé un bon bout de temps à faire partis des plus en retard sur les fuseaux horaires, on va passer du côté de ceux qui sont en avance ! Haha cette idée me plait beaucoup. Sauf qu’on perd notre 2 février dans l’histoire. Bah ouais tout ça avait une conséquence. Une journée mystère dans l’année… Tu me raconteras comment c’était le 2 février 2016 ? 

Je me rend bien compte que tu n’as sûrement pas envie que je raconte seulement ce qu’il se passe dans l’avion mais franchement je ne suis pas convaincue non plus que tu aies envie que je te raconte notre dernière semaine au Canada… Si ? Bon d’accord. Prépare toi pour des heures de lecture car c’était épique. Je ne sais plus bien où Seb c’était arrêté mais il me semble que c’était après notre folle aventure dans les montagnes canadiennes et les petites villes aux allures de western. Donc retour à Vancouver après tout ça sous la pluie. On s’est fait une super expo le dimanche au Science World qui s’appelle Animals Inside Out. Je ne doute pas que tu aies vu les photos. 

Putain, aparté !! Le soleil se lève !! A une vitesse folle, c’est trop beau. Rien que de taper cette phrase il était déjà sorti à moitié de terre. On a pas de la chance quand même nous ?? Bon maintenant je suis complètement aveugle par contre. Je vais attendre que ma vision redevienne normale et ne plus jamais regarder le soleil avant la fin de mon récit. 

Donc, l’expo Inside Out. On ne l’a pas expliqué par choix en se disant que les plus curieux seraient allés fouiner sur internet pour voir de quoi retournait ces étranges créatures. Je ne vais pas tout expliqué ici mais si vous n’avez pas cherché et que vous ne connaissiez pas avant qu’on vous montre, je vais tenter rapidement d’attiser votre curiosité. Ce ne sont pas des sculptures. Pas vraiment. Ce sont de vrais animaux et de vrais bouts humains. Non ce n’est pas empaillé haha. En fait c’est un procédé scientifique, la plastination, qui permet de garder le corps ou seulement quelques parties du corps en parfait état dans la position qui nous intéresse. Grâce à ce procédé, il est possible d’étudier l’anatomie des corps humains ou animales et de voir de quelle manière le sang, l’oxygène, la nourriture les messages nerveux circulent dans notre petit body. Pour l’autruche que vous voyez en photo par exemple, ils ont choisis de garder uniquement l’intégralité du réseaux sanguins de l’animal. Pour le chameau, l’intérêt est de comprendre son système d’injection de la nourriture et son système digestif. On a pas mis les photos de l’estomac, crois moi tu ne voulais pas voir ça. Bref j’espère que tu iras creuser un peu plus loin car c’est extrêmement intéressant. Et au-delà du côté scientifique, c’est une expo très belle. Elle a été interdite à plusieurs endroits parce que des gens pas contents n’ont pas compris le concept et étaient outrés de payer pour voir des « cadavres » mais heureusement que c’est bien plus que ça. L’expo Bodies présentaient uniquement des corps humains et non des animaux, je dois avouer que j’aurais aimé pouvoir la voir. C’est certainement une des expos les plus intéressantes que j’ai vu. Pour ceux qui auraient vu l’exposition de Ron Mueck avec ses sculptures hyper réalistes ben ça m’a fait le même effet. 

Bon ensuite nous sommes retournés à Victoria avec tata Catherine et on a passé une super semaine à manger, faire du sport, lire, regarder des films, dessiner, se promener. C’était super agréable mais j’ai pas grand chose à en dire de plus. On a commencé à planifier un peu ce qu’on voulait faire dans ce nouveau pays inconnu, l’Australie et on a trouvé un paquet de choses formidables à faire donc tu verras ça plus tard dans les photos. La première photos d’ailleurs ne devrait pas tarder car mon écran indique qu’on arrive dans 3h45. Haha un aller Vannes Paris en période de travaux. Tu sais ce qu’il y a aussi de trop chouette dans cet avion ?? La skycam !! C’est une bébé caméra fixée sur l’aileron arrière de l’appareil et qui nous permet de suivre le vol et voir l’avion dans les airs en temps réel. Je ne connaissais pas je trouve ça génial. On a pu suivre tout le parcours de l’avion au sol avant le décollage puis au décollage et maintenant qu’il fait jour, je peux nous voir voler au dessus de la mer. J’ai hâte à l’atterrissage, ça va être trop rigolo. 

C’est étonnant comme la sensation que j’avais eu avant de prendre l’avion à New York le premier jour m’a repris aux trippes avant le décollage à Los Angeles. La peur au ventre de partir pour aussi longtemps mélangé de l’excitation de découvrir de nouvelles choses. L’Australie !! C’est dingue non ? Parce que là on repart pour six mois, ce qui est un peu impressionnant vu comme ça. Bah oui, six mois mais ce coup ci uniquement dans des pays où nous ne sommes jamais allés, des pays où on ne parle pas la langue et des pays où Catherine et Greg ne pourront pas nous récupérer pour nous faire des pancakes et des cookies. Alors au lieu de voir les choses comme ça, je vais faire comme Seb et voir par étape. Partir un mois en Australie c’est vrai que ça ne fait pas peur. On est toujours là l’un pour l’autre pour se rassurer ou se redonner des petits coups de motivation ce qui fait que un petit stress s’efface en trois minutes. Dans l’avion pour aller à Los Angeles, j’avais un peu peur et au lieu de m’expliquer qu’en terme de statistiques, l’avion c’est le moyen le plus sûr de voyager, il a commencé à faire son Seb, inventer des chansons qui ironise la situation, se moquer de l’hôtesse de l’air qui parle français, nous filmer, et ça m’a valu de nombreux fous rires ! 

Bon je vais te laisser car notre gros airbus A380 avance paisiblement dans les airs maintenant, il fait totalement jour et mon amoureux est réveillé alors je m’en vais faire autre chose, attendre le petit déjeuner et continuer de m’impatienter qu’on touche le sol australien. 

Bisous à 15 000 mètres d’altitude, -50 degrés, 900 km/h, au dessus de l’océan Pacifique quelque part entre l’hémisphère nord et l’hémisphère sud.

Zo-