La nuit commence à tomber sur Saint Louis. Il y avait encore du ciel bleu lorsque nous sommes entrés dans ce coffee shop sur Park Avenue pour se faire servir deux Americanos et prendre un peu de repos dans de gros fauteuils en cuir. Enfin, on commence à avoir le sentiment d'être en automne. Et autant être honnête, c'est très agréable. On est passé à l'heure d'hiver hier et le temps s'est un peu rafraichi depuis que nous faisons route vers le nord. Le coffee shop est parfaitement désert, la raison principale est le match de football qui se déroule dans le stade où l'équipe de Saint Louis joue à domicile contre une quelque autre équipe d'une quelque autre ville. Alors la population s'est scindée majoritairement en trois groupes : ceux qui sont au stade, ceux qui regardent le match dans un bar et ceux qui regardent le match de chez eux. Et évidement, quelques rares autres êtres humains, tels que nous, qui ne savions pas qu'il y avait un match ou qui ne s'y intéresse tout simplement pas. C'est donc enfoncé dans le gros fauteuil d'une salle déserte, tandis que Zoé lit sagement, que cette article va s'écrire - sur un petit ilot de calme et de paix dans un océan d'agitation. Nous sommes le 1er Novembre, il est 17h30 et demain marquera la fin de notre remontée vers le nord avec notre arrivée à Chicago. 

Cette remontée vers le nord a commencé par notre départ en train de la Nouvelle Orléans en direction de Jackson, Mississipi. Une ville où rien n'a l'air de se passer. Un centre ville déserté, des bâtiments en ruines où la végétation a reprit ses droits. Difficile en sortant de la gare et en découvrant une ville désolée d'imaginer qu'il s'agit de la capitale de cet état. Jackson semble être le genre de ville oubliée par le progrès et l'évolution - et probablement par le reste de l'Amérique. La majeure partie de notre séjour là-bas aura donc consistée à passer du temps dans l'atelier de Clay - artiste et vidéaste qui était notre hôte à ce moment. On a profité du sale temps pour faire une petite vidéo d'Halloween, cadeau pour les filles de notre famille de Mobile, qui est maintenant dans la section vidéo du blog. 

Ah oui, j'en profite pour faire un aparté et parler un peu du blog. Déjà merci à tous ceux qui nous suivent et nous écrivent pour nous encourager. C'est vraiment super. Pour ceux qui ne le savent pas encore et qui n'ont pas notre adresse mail, il y a un onglet de contact directement sur le blog pour nous écrire. Aussi, à partir de maintenant, pensez à jeter un oeil à l'onglet vidéo parce qu'on s'est beaucoup amusé à faire notre petit film et on risque de récidiver. 

Voilà et maintenant, retournons à Jackson. Donc à Jackson, pas grand-chose à voir ou à faire si vous n'avez pas d'atelier. Si quelqu'un vous offre un jour un voyage là-bas, il n'y a qu'une alternative, soit il ne connait pas la ville, soit il ne vous aime pas... Mais bref, notre passage n'aura pour autant pas été dénué d'aventure. Bon certes, pas comme on l'attendait. Mais c'est un peu le jeu avec l'aventure, on ne sait jamais quand est-ce qu'elle va se présenter à nous - n'est-ce pas Bilbo. Notre plan pour fuir Jackson en direction de notre destination suivante était de faire une petite session de stop. Alors oui, généralement le stop, c'est une bonne idée et c'est, comme le couchsurfing, loin d'être aussi dangereux que certains pourraient l'imaginer. Pour ceux qui ignoreraient comment se joue ce sport, voici les règles en version abrégée : Le but est de pousser une voiture à s'arrêter pour nous embarquer en attirant la sympathie du conducteur avec des sourires et en agitant une petite pancarte. Dans la théorie, c'est très simple. Dans la pratique, c'est parfois plus compliqué. Dans le cas présent... Bon, ben... pour être honnête, c'était le fiasco total. Au bout d'une demi heure, la seule voiture qui s'est arrêtée avait bien sentie notre coté sympathique, mais n'avait pas lu la pancarte indiquant notre désir de nous rendre à Memphis. Il a ouvert sa fenêtre et nous a donné dix dollars, en coupures de un dollar, avec un air désolé. C'est vrai, c'est toujours ça de gagné... Mais on en prend quand même un petit coup dans son estime personnelle quand on est prit pour des gens sans le sous et non comme les voyageurs que nous sommes. Cela dit, je mentirais si je disais que c'est la première fois que ça m'arrive en voyage. La deuxième voiture à s'arrêter pour nous... C'était la police. Alors sur le principe c'est hyper chouette parce que j'avais toujours eu envie de faire un tour à l'arrière d'une voiture de police. Pour ceux qui se demande à quoi cela ressemble, je peux maintenant vous le dire. Il n'y a pas de place pour les jambes et une fois que la portière est refermée et qu'on a bien essayé de l'ouvrir trois fois pour être sûr que c'est impossible depuis l'intérieur, on se met à espérer que le conducteur va bien nous conduire à l'endroit qu'il nous a dit et pas à la station de police. J'imagine que si vous lisez cet article, vous consultez aussi nos photos et donc avez vu la photo prise par Zoé de moi sur le bord de la route à faire du stop. Aussi je vous adresse cette question : Trouvez-vous vraiment que le sac que je porte sur le ventre ressemble à un truc pour porter les bébés? Autrement dit, Avez-vous l'impression que je transporte un enfant? (si vous voulez nous donner votre avis, n'hésitez pas à envoyer votre réponse via l'onglet contact du blog ;) ) Parce que pour la police de Jackson, Mississipi, voilà ce qu'il s'est passé dans leurs têtes. Une première voiture de patrouille est passée à notre niveau et nous a témoigné ce qui nous a semblé sur l'instant être une profonde indifférence - alors qu'en vérité elle contactait une deuxième voiture pour venir voir les deux énergumènes sur le bord de la route qui zonaient avec des bébés sur le ventre en sollicitant des choses avec une pancarte. Quand la deuxième voiture est arrivée à notre niveau, nous avions posé nos sacs à ventre sur le sol ainsi que nos sacs à dos. Aussi l'officier s'est très vite inquiété de savoir ce qu'on avait bien pu faire de nos bébés. Hé bien monsieur l'agent voyez vous-mêmes. Nous nous servons d'eux pour maintenir en équilibre les sacs-à-dos. Là, tout va très vite dans la tête de l'officier Grady. Il analyse la situation avec son oeil exercé et professionnel et au bout de deux minutes de sourcils plissés nous dit : Mais vous n'avez pas d'enfants avec vous. Puis tout s'enchaine très vite dans son brillant esprit. Il lit la pancarte, comprend qu'on ne fait pas la manche, nous demande d'où on vient, comprend qu'on ne vient pas d'ici, demande ce qu'on fait et comprend qu'on voyage. Il caresse sa petite moustache entre son pouce et son index et d'un air embêté nous explique qu'il est interdit de solliciter des services à l'aide d'une pancarte sur le bord de la route, mais que si on veut se rendre à Memphis, il peut nous emmener à la gare. Là c'est nous qui sommes embêtés parce que : adieu trajet gratuit. On embarque les sacs-à-dos dans son coffre, les bébés restent avec nous et on file en direction de la gare. Dans la voiture, il nous fait la discussion et nous avoue qu'il n'a jamais rencontré de personnes venant de Franc(k). Il nous dépose à la station, nous souhaite un bon voyage et de rester en sécurité. Il ne redémarre pas avant de m'avoir vu mettre la pancarte dans une poubelle et d'être sûr que nous sommes bien rentrés dans la gare. Là, on éclate de rire avec Zoé. Il faut bien l'admettre, c'était plutôt drôle.

Le temps de raconter tout ça, le coffee shop à fermé ses portes. On est allés faire des courses au fresh market afin de cuisiner le dîner pour nos hôtes. Faire la cuisine est un des moyens qu'on a trouvé pour exprimer nos remerciements aux gens. Donc ce soir, on fait des poivrons farcis, des tagliatelles de courgettes et du riz pilaf pour Levi et Jacob. Le temps de manger, de faire des smoothies et de blablater une dernière fois tous les quatre, il est 22h. Zoé est dans sa douche et moi, je reprends mon récit. Retour donc à la station de Jackson où l'on monte donc dans un train et direction Memphis, Tennesse, pour trois nuits dans la maison de Chelsea, Jay et de leur chien Lacie - et de Rodrigo le cafard gros comme mon pouce qu'on a trouvé dans la chambre la première nuit. Il fut rendu captif immédiatement d'un petit pot, dont on découvrit au matin qu'il s'était échappé... Sa vie ne prie fin que le soir suivant alors qu'il tentait de traverser le lit. Grace à lui, nous avons fait la découverte de la capacité de téléportation des cafards. Mais passons plutôt aux vrais habitants de la maison; Chelsea et Jay sont un petit couple très sympa, mais qui se révèleront très occupés durant notre séjour dans leur ville - donc au final on a passé relativement peu de temps avec eux. Sur nos deux jours à Memphis, une journée aura été consacrée au centre-ville - soit Beale street - et la rive du Mississippi et l'autre à l'exploration de Midtown et de sa population hipster. Et aussi un temps considérable à la poste... (ce qui veut dire que certains d'entre vous vont peut-être recevoir des cartes dans les jours à venir...) 

On est tombés sur un Farmers Market, qui se résumait à six kikis qui vendaient des bocaux de légumes et des paniers en macramé. On a visité le Daisy, un bar/club très chic ouvert en 1902 dont la scène a accueillie nombre de légendes du blues américains. On a mangé des wings et accroché un billet de un dollar au Rum Boogie Cafe, marché le long du Mississippi, s'est perdu dans des rues, avons échoué à visiter une brasserie et avons assisté malgré nous à un concours de chiens déguisés... Autant d'activités hétéroclites qui font maintenant notre quotidien. Et puis finalement, on a prit de nouveau le bus pour nous rendre à Saint Louis, dernière étape avant Chicago. Saint Louis est, je le crois bien, un nouveau coup de coeur pour nous. L'arche que nous avons tout d'abord trouvé très moche, nous est apparue sous un jour nouveau une fois que sa signification nous fut expliquée. Et surtout, après en avoir visité le sommet. Les claustrophobes sont les bienvenus, mais ils risquent de ne pas aimer l'ascension. Parce que pour arriver en haut, une seule manière. Grimper à bord de l'un des tout petits oeufs avec deux ou trois autres personnes, avec une seule petite porte, et laisser la petit grappe suivre un rail courbe jusqu'au dernier niveau.

Ce qui contribue généralement beaucoup à notre appréciation d'une ville est bien sur la qualité de nos hôtes. En ce sens, Levi et Jacob ont grandement contribué à nous faire aimer Saint Louis. Ensemble, nous sommes allés visiter le musée des beaux arts, dîner dans des restaurants et sommes allés rendre visite à la famille de Levi pour Halloween - laquelle nous a emmené à la parade d'Halloween. Cette dernière n'était pas vraiment épique, non. Mais à partir du moment où Zoé et moi avons commencé à ramasser des bonbons jeter par les gens qui défilaient, cela a soudain pris tout son sens. Nous avons récolté un fier butin de friandises qui nous étaient pour l'heure inconnues et dont la découverte continue encore à cette heure. On voulait fêter Halloween dans une petite ville américaine, voilà qui est chose faite. Je ne vais pas me lancer plus avant dans la description de nos visites de Saint Louis, les photos sont là pour ça. 

Nous voyageons maintenant depuis six semaines ce qui fait que nous avons dépassé la plus longue durée de voyage que nous avions précédemment expérimentés. Nous avons trouvé notre rythme dans ce voyage. Le juste équilibre entre visites, exploration, travail et temps de repos. Nous en sommes quasiment à la moitié de notre séjour aux États-Unis. Demain soir, nous serons à Chicago et après cela nous prendrons la route en direction de Las Vegas. Mais pour le moment, c'est notre dernière nuit dans cette ville. On s'habitue rapidement à arriver dans un endroit, s'y sentir à l'aise, passer un bon moment avec les gens, puis refaire nos sacs et continuer notre route. Parfois on voudrait pouvoir rester plus longtemps - de temps en temps, on pourrait vouloir fuir immédiatement - mais la plupart du temps, tout ce qu'on veut vraiment, c'est pouvoir revoir les gens encore lorsqu'ils voyageront ou que l'on reviendra.