Coucou toi ! 
Nous sommes le 25 octobre et nous quittons à l’instant la Nouvelle-Orleans direction Jackson dans le Mississippi. On s’est payé le luxe de prendre un train car il n’y a pas de bus entre les deux villes. En fait jusqu’à Memphis, pas de bus… on devait faire du stop mais en voyant la tempête ce matin en se réveillant, les trombes d’eau qui dégoulinaient sur notre grande fenêtre de motel et la route qui était devenue une piscine géante, on s’est dit qu’il valait peut-être mieux voyager autrement. Et bien c’est une réussite !! Les trains américains sont certes assez chers mais ça vaut le coup si tu es comme nous et que tu aimes les trains (c’est pour toi ma mounie). Il y a deux catégories dans les trains, la catégorie lit et la catégorie siège. Nous, évidemment, nous sommes sur des sièges mais c’est bien au dessus que la première classe en France. Les sièges font deux fois notre largeur, le dossier est inclinable à l’infini et il y a un repose jambes dépliable, parce que oui, bien assise dans mon siège, je peux avoir les jambes complètement tendues en avant ! Bref, c’est un train… mais il est cool alors je voulais le souligner.
Nous avons embarqués dans le train 45 minutes avant le départ, ils ont enregistrés nos bagages, comme dans les avions, et nous sommes allés nous asseoir en étant suivis d’un gros Gollum. Non pas qu’il ressemble à Gollum de visage, non, mais disons qu’il est plutôt du genre à se poser des questions à lui-même, se répondre, il se fait des petites blagues aussi, ce qui fait beaucoup rire l’autre partie de lui-même. On a hésité avec Seb à créer un petit chemin de Whopper (petites boules chocolatées) qui le mènerait vers la sortie, un peu comme James Woods dans Family Guy qui se fait piéger avec des chemins de bonbons (ouh, piece of candy, ouh, piece of candy…) si c’est pas clair je t’enverrai un lien google… En tout cas, cela nous aura valut un bon fou rire avant de partir.
On roule depuis vingt minutes maintenant et on se fait ballotter dans tous les sens. On traverse la tempête en admirant les kilomètres de bayou et en écoutant le gros Gollum commenter la moindre motte de boue qu’il aperçoit par la fenêtre. Seb a eu la chance d’écrire sur Montgomery et Mobile, où on a quand même rencontré des gens vraiment incroyables. Je ne reviendrais pas dessus, c’était génial, j’ai pleuré en montant dans le bus à Montgomery, j’ai eu le cœur serré en quittant la petite famille de Mobile et à chaque fois, on veut pas partir car on ne sait pas de quoi sera faite la prochaine étape. J’en viens donc à te parler de la Nouvelle-Orleans. Il s’est passé des choses très cools, très drôles et très flippantes… Je te vois venir, je ne te raconterais pas les choses flippantes, je garde ça pour quand on rentre sinon nos mamans vont venir nous chercher demain hihi j’exagère un peu mais bon, c’est plus rigolo. On est arrivés mardi soir après avoir passé trois petites heures dans le bus de la loose. Ouaip, encore et toujours le bus de la loose, en même temps en prenant la compagnie de bus la moins chère on ne peut pas s’attendre à un grand service. On descend du bus à la Nouvelle-Orleans et on se retrouve dans une chaleur et une humidité encore plus dingue qu’avant. Il fait 30 degrés la journée, 25 la nuit et un taux d’humidité capable de nous décoller les ongles. On avait fait une réservation dans un motel 6 sur un bord d’autoroute pour cinq nuits, histoire de se reposer un peu et se retrouver tous les deux. On a marché jusqu’à, ce qui sera pour les quatre prochains jours, notre arrêt de bus. Hyper glauque comme arrêt de bus au passage… que des gens dépravés qui nous regardaient comme si on était des proies. Et oui, à la Nouvelle-Orleans il ne faut pas se tenir la main ou se faire le moindre petit piou en public, sinon on se prend quelques réflexions bien placées comme quoi on pourrait prendre une chambre. Enfin ça vaut pour les endroits reculés parce que sinon dans le French Quarter c’est parties génitales à l’air et vas-y que je vomis dans les rues. 
Je fais une mini interlude car depuis le départ là, on traverse des kilomètres et des kilomètres de marais, swamp, bayou, et des étendues incroyables de mer où on ne distingue aucune terres à l’horizon. On aperçoit des maisons flottantes perdues au milieu de tout ça. On est abasourdis tellement c’est dépaysant. J’espère que ma description est assez claire. J’écris très lentement car j’ai du mal à ne pas regarder le paysage défiler.
Donc bref, notre motel tout pété de bordure d’autoroute nous a servi de zone de calme et de détente pendant notre séjour, c’était assez parfait ! Dessins animés le matin et le soir, bonbons, gâteaux, céréales avec du lait le matin, on se serait cru à la maison. Mais ne t’inquiète pas on a pas encore repris les kilos perdus. On s’est évidemment baladé dans le french quarter, ce qui n’est pas une bonne chose à faire finalement quand on vient dans cette ville. C’est une bassine à touristes et bars crades juste là pour faire la fête et quand on voyage aux Etats-Unis depuis un bon mois, on apprend à s’éloigner à tout prix de ce genre d’endroits. On y a mangé un soir, Seb voulait m’inviter dans un bon restau et je devais choisir l’endroit. J’ai choisi, je pense, le plus infâme des restaurants. C’était immonde et très cher, disons qu’on était un peu agacé par cette journée du coup… Bon par contre le lendemain, je voulais refaire un trajet que j’avais fait l’année dernière avec Sarah et Muriel en trolley. C’est un petit tram qui part du centre de la ville et qui s’éloigne pour aller dans un bout de la ville où on trouve des supers bars et des magnifiques maisons bourgeoises, la balade en tram est très belle. Ensuite, Seb a voulu retenter l’expérience du restaurant mais ce coup ci, bien sur, je n’ai pas trop eu le droit de choisir. Ca se comprend. On est allés jusqu’au bout de la jolie ligne de tram, on a pris un bus dans un quartier un peu limite, un bus de banlieue qui nous a fait traverser des zones où franchement on pouvait se demander combien de meurtres y avaient été commis, puis nous sommes arrivés dans une zone hyper glauque. Seb me dit de lui faire confiance alors je m’accroche à son bras et je lui fais confiance. On a marché à peine cinq minutes et on s’est retrouvé dans un restaurant de fruits de mer qui ne paye pas de mine vu de l’extérieur mais une fois dedans, ça ressemble à une petite cabane de bord de mer, y’a plein de locaux qui nous accueillent avec des grands sourires et les serveuses qui nous appellent « chéri », c’était trooooop bien. Et puis le repas, tu l’as vu en photos, c’était incroyablement bon !! On a ensuite repris notre bus qui finalement nous paraissait beaucoup moins glauque et notre joli petit tram. Le lendemain on est allés faire un petit tour de swamp où j’avais survendu à Seb le fait qu’on allait voir des tonnes d’alligators, comme c’était le cas quand nous l’avons fait l’année dernière avec ma sœurette, mais finalement juste des cochons sauvages, des oiseaux et deux bébés alligators cachés dans les fourrés. Mais heureusement ça n’enlève rien au fait que c’était très beau et très agréable de se balader en bateau sur le bayou. 
Je pense que je vais m’arrêter là et profiter un peu de ce voyage en train pour bouquiner et dessiner. Si tu te demandes, le gros Gollum se cause toujours et ça fait une heure qu’on est partis. 
A dans deux semaines ! 
Zoé