Voilà, ça fait deux semaines que j'ai posté le premier article de ce journal, il était donc grand temps de sortir ce second. Pour être parfaitement exact, c'est la deuxième fois aujourd'hui que j'écris la seconde entrée. La première version a finie perdu dans les limbes de mon ordinateur. J'aurai dû me douter que de m'asseoir pour écrire, dissimulé dans les pins sur un terrain de freezbie-golf allait conduire à un accident. Oui, j'aurais pu m'en douter... Tout comme je me doute maintenant que tout le monde s'imagine que je me suis pris le freezbie dans la tronche ou que mon ordinateur se l'ai pris... Je vais laisser cette histoire un peu en suspend pour le moment et laisser à tout le monde le temps de prendre les paris. 
Bon, un peu plus de contexte dans cette histoire : Nous sommes le 19 octobre, cela fera bientôt un mois que nous sommes partis, il est 22h et nous sommes à Mobile, Alabama. Demain nous prendrons le bus pour la Nouvelle-Orléans - mais celà est une affaire de futur et ce journal n'est pas là pour imaginer ce qu'il va se passer, mais pour raconter ce qui à eu lieu (et ce que se soit vrai ou non). 
Bref, Mobile! 
A noter tout d'abord qu'il faut le prononcer à la française et non pas "MobYle". A moins de vouloir passer pour le dernier des touristes. Le plus gros de l'histoire de la tribu amérindienne qui serait à l'origine du nom de la ville et des mouvements des français en Alabama, nous ne l'avons pas apprit ici cependant, mais à Fort Toulouse. Oh et maintenant je vois venir tout le monde : " hé, mais c'est quoi cette histoire de Fort Toulouse?" 
Remontons donc un peu en arrière, à l'époque du dernier post de Zoé à Atlanta. Nous étions à ce moment là en train de nous préparer pour notre dernière soirée avec nos hôtes dans cette ville. Dès le lendemain, nous partions en direction de Montgomery, Alabama - Heu, je fais une petite aparté là pour préciser deux choses. La première c'est que oui, je saute carrément la partie Atlanta du voyage parce que Zoé s'en ai déjà bien occupée. Deuxième, vous aurez noté que je rajoute maintenant le nom des états derrière le nom des villes parce que vu que ces gros malins qui ont fait les noms sur la carte n'avaient pas d'imagination, il y a quasiment toujours deux villes du même nom qui se trouvent à des endroits différents. C'est donc par soucis de clarté que je précise. Ceci étant dit, reprenons notre palpitante aventure. 
Arrivés à la gare de bus de Montgomery, surgit aussitôt de derrière une colonne - alors qu'on ne s'y attendait pas - notre nouvel hôte : Tim! Et là attention, c'est parti! On monte dans sa voiture, on lache les gros sacs chez lui, on embarque les chiens et "Vroom" direction Fort Toulouse pour une visite de l'ancien camp fortifié français et des rives de l'Alabama river. On prend un peu de temps pour regarder le soleil descendre derrière les arbres et la course reprend. On retourne à sa maison, on lache les chiens, on fonce faire des courses, on se raconte nos vies, on rentre à la maison, on se met tous les trois à la cuisine, on ouvre du bourbon, on fait la cuisine et ça continue lorsque Renée arrive pour partager le dîner avec nous et encore après lorsqu'on va partager un bourbon avec Hank Williams sur sa tombe. Il est 1h30 du matin, on est claqué comme si un tracteur nous avait trainer parterre sur des kilomètres. 
Parce qu'il y a une chose à comprendre avec le couchsurfing, c'est que les hôtes qui vous reçoivent, du moins ce qui sont vraiment à fond dans le truc, ils vous attendent de pied ferme pour partager leurs vies et leurs histoires et tout avec eux. Et nous dès qu'on sort de nos 5 ou 6 heures de bus, on doit être au taquet avec eux. Pas question de faire du rétropédalage mollasson en mode : "Ouin, on est fatigué. On veut pas faire ça." Non, mille fois non. Il faut prendre la situation en main et s'y agripper fermement. Parce que trois à cinq jours plus tard, on prend un nouveau bus et on continue la route. Et quand on sait que dans le meilleur des cas on reverra la personne dans une bonne année, on veut pas tailler la route avec des regrets. Alors on dit oui à tout, ou quasiment. S'il y a une douche dehors dans les plantes, on y va. Un resto de hot dog incontournable, on y mange. Le moindre musée gratuit ou présentant un sujet intéressant, on visite. S'il y a un vernissage de tableau où on sert du vin et du fromage, bon là c'est genre super évident, on y va. Visiter un studio de télé avec des gens rencontrés la veille au vernissage, c'est parti. Leur atelier de peinture privé, go. Bref, Montgomery aura été halletant en terme de rythme, mais d'une richesse folle en terme de rencontre. Tout ce que nous y avons fait, de la moindre nourriture, visite ou rencontre aura été liée à Tim. Un soir que nous rentrions avec lui, il devait être bien minuit, il nous a expliqué ce qui le motivait à rester à Montgomery. C'est vrai que dans une autre ville, il ne serait pas rester six années sans emploi. Parce que dans une autre ville, un architecte comme lui à toujours du travail. Ou bien qu'il aurait vendu plus de peintures et plus cher. Mais non, lui il s'en foutait de ça dans le fond. Montgomery avait tout du trou un peu paumé et tournant au ralenti, mais pour lui sa raison d'être ici, c'était les gens. Et même nous, au bout de trois jours, on l'avait déjà sentie. On avait fait plus de rencontre ici, que dans nos trois semaines précédentes - et que des gens passionnants. Ils nous avaient ouvert leurs maisons, leurs lieux de travail; on avait échangé autour de tellement de sujets... Bref, c'est vrai que j'aurais pu me borner à vous dire que Montgomery est l'un des endroits les plus importants pour l'histoire des États-Unis puisqu'elle abrite à la fois la première maison blanche de la confédération et la naissance même de la lutte contre la ségrégation démarrée par Rosa Park. Oui, j'aurais pu dire ça et m'étendre sur le sujet. Mais ce n'est pas ce que nous emportons avec nous de cette ville et encore moins la raison qui fit qu'on avait le coeur serré en prenant le bus pour en partir. Parce que c'est aussi un peu ça le truc du couchsurfing, on sait ce qu'on quitte, mais on ne sait pas ce qu'on va trouver dans la ville suivante. 
Ce qui nous amène à notre lieu de résidence actuel : Mobile. Où nous sommes dans la maison de David, de sa femme et de leur trois filles. Là encore David nous a cueillie dès notre sortie du bus. Et hop, c'était reparti pour un tour. On file à la maison, on jette les sacs, on embarque toute la famille, on va mangé des sandwichs à la grecque et on file jusqu'au battleship memorial park pour une balade nocturne. Occasion inespérée pour moi de voir de mes yeux le Lockheed SR-71 Blackbird. Je me souviens d'avoir vu gamin cette merveille d'ingénierie dans une encyclopédie sur tout l'univers que mes parents m'avait offert. J'avais cumulé littéralement des heures sur la page de cette avion qui, à cet époque, détenait le record de vitesse. Bref, que de souvenirs étranges face à cette silhouette sombre et effilée. 
Le lendemain, le temps d'une balade au park, d'un passage éclair à un anniversaire et direction Dauphin island - le nom est un héritage des français - pour voir un coucher de soleil sur une plage de sable blanc. Je sais que j'aurais probablement du mal à nous faire plaindre après ça, mais oui, voilà ce genre de moment font parti du quotidien des voyageurs que nous sommes. Et à Mobile, comme à Montgomery, les gens se joignent les uns aux autres pour nous faire découvrir leur ville et ses histoires. Ils appellent ça "southern hospitality". Les gens d'Alabama estime que c'est un peu leur spécialité. Disons ça et, comme David nous l'a prouvé, les barbecues. 

Rendu à un certain point, on pourrait se demander s'ils ne cherchent pas à rendre ce moment avec eux aussi bien, juste pour que tout le reste de notre voyage ai l'air nul après celà... 
Avant de partir pour ce voyage, je me souviens qu'avec Zoé on avait regardé quelques épisodes de la série "nus et culottés" et qu'on s'était un peu moqué d'eux car on trouvait qu'ils passaient trop de temps à dire que les gens qui les accueillaient était géniaux et d'une générosité incroyable. Eh bien, pour tout dire, je me sens un peu con maintenant que je vois que c'est vrai. Après je pense qu'on trouvera l'exemple inverse aussi. Beaucoup des gens qui nous reçoivent dans leurs maisons nous parlent d'amis à eux craintif à l'idée de laisser un inconnu partager leur foyer pendant qu'ils sont endormis. Et d'un autre coté, des gens nous disent de bien faire attention qu'il nous arrive rien quand on va dormir chez des gens que l'on ne connait pas... 
Je crois que je vais laisser tout le monde méditer sur cette idée et conclure ce texte. Je ne sais pas encore où nous serons dans deux semaines et de ce fait vous non plus - comme ça on est sur un pied d'égalité. Juste une chose à mettre au clair avant d'aller me faire une petite session de lecture au calme. 
Tout ceux qui on parié que le freezbie à atterri sur l'ordinateur : VOUS AVEZ TORT! 
Tout ceux qui ont parié le contraire, AUSSI! 
La bonne réponse était la numéro trois, mon ordi est tombé parce qu'on jouait à s'envoyé des Rainbow Nerds au visage avec Zoé... Voilà... 
Alors, j'entends déjà ceux qui disent : "oui, mais c'est pas juste! On avait parié!" Eh bien, voyez le bon coté des choses, vous connaissez maintenant l'existence des Rainbow Nerds et du freezbie-golf. 
A dans deux semaines pour la troisième entrée de ce journal.