Bien, bien, bien... Pour une fois je ne sais pas trop comment commencer cet article... En fait, je préférerais travailler sur mon storyboard, mais il faut bien que quelqu'un vous raconte la fin de nos aventures en Chine. Eh oui, je ne peux pas me défiler, ni refiler le bébé à ma pauvre Zoé qui a bien à faire de son coté. Alors, je mets de coté mes envies de dessins et je me lance dans la folle péripétie des aventures inimaginables de Zoé et Seb au pays des ninjas.

Tout a commencé alors que nous fuyons la ville de Pingyao, à bord d'un train rapide, pour la ville de Xi'an afin d'échapper au clan des ninjas de la main. Arrivant dans cette nouvelle ville nous avons pris une chambre sous le nom de Zoeb - de manière à rester incognito - et avons tenté du mieux que nous pouvions de nous fondre dans la masse. Dans la pratique du ninjutsu, il existe un art qui consiste à se rendre invisible aux yeux de ses ennemis. Les ninjas de la main qui étaient à nos trousses - à cause d'une sombre affaire dont nous avions été témoin à notre auberge précédente dans la vieille ville - avaient eu des années pour perfectionner leur pratique. Pour notre survie, il nous fallait apprendre l'art de la disparition en quelques heures. Nous nous sommes donc joint à un petit groupe de cuisiniers et vendeurs de rue qui tenaient des stands de nouilles et de brochettes sur Bei Ji -"Bei" veut dire "Nord", "Ji" veut dire "rue". Les habitués nous ont regardé d'un drôle d'air, alors que nous nous sommes assis parmi eux à leurs mini tables sur le trottoir, sur les petits tabourets en plastique pété. Marty, le meilleur faiseur de nouilles sautés au wok de la ville, nous accepta comme étant des siens très vite. Mais il n'en fut pas de même pour le turc aux brochettes de moutons. Quand on y réfléchit bien, c'est normal. Il avait lui même du se battre pour s'intégrer et être reconnu par le gang des cuistots de Bei ji qui étaient tous chinois. Eh oui, le taux d'intégration des étrangers en Chine est de quelque chose comme: un pour mille. Pas surprenant qu'on se fasse regarder avec autant de curiosité. Bref, le turc, lui, n'avait pas aimé notre arrivée. Il avait pris en aparté quelques uns des vendeurs ou des autres clients pour nous démonter. Peut-être aurions-nous du lui acheter ses brochettes de mouton dès le premier soir pour lui démontrer nos intentions de consommateur pacifique, ou peut-être était-il conscient de notre condition de fuyards... Ou peut-être travaillait-il pour la main???

Non, impensable! Nous étions seulement partis du mauvais pied. Dès demain nous lui achèterions de ses brochettes et tout irait bien par la suite. On ne pouvait pas se permettre de le laisser trop attirer l'attention sur nous. Nous visions tout de même la disparition, rappelons-le. Bref, lors de cette première soirée nous avons donc mangé une assiette de nouilles sautées aux légumes et aux oeufs de marthy et des raviolis aux légumes du souriant et discret monsieur Tao. Nous avons aussi partagé une bière tièdasse et sommes rentrés vers deux heures du matin à notre chambre. Notre train était arrivé à 22h 30 à Xi'an et cette collation avait été plus que la bienvenue.

Le lendemain, ne voulant éviter que des doutes ne planent sur notre véritable identité, nous nous sommes mis dans la peau de touristes français en voyage. Rien de tel pour tromper la vigilance d'un clan de ninjas assassins. Nous nous sommes donc baladés dans les petits quartiers de la ville en prenant des photos, en souriant et en jouant les naïfs. Mais la réalité était tout autre. En vérité, nous repèrions les lieux. Nous apprenions la topographie de la ville dans ses moindres détails afin de connaitre ses passages dérobés et ses voies secrètes. De manière à ce que si la nécessité se faisait sentir nous puissions nous enfuir efficacement et disparaitre dans les dédales labyrinthiques des rues. Le quartier musulman nous offrait nombre de possibilités de fuite et de cachettes en cas de besoin. Que se soit dans le petit souk couvert, dans les contre-allées ou dans les rues en suractivités, les possibilités étaient légions. Nous pouvions nous engouffrer derrière une échoppe où on découpait l'agneau, ou une confiserie où l'on fabriquait des nougats, ou encore les nombreux vendeurs de brochettes de crabe à carapace molle entièrement frit - et dont les bouts de coquilles avaient la fâcheuse habitude d'aller se nicher dans les interstices entre les molaires et les pré-molaires. Bref, cette journée de repérage s'avéra des plus bénéfiques pour nous.
Le soir venu, nous retournâmes pratiquer notre art de la dissimulation, dans notre quête de perfectionnement du ninjutsu, parmi le gang de Bei Ji. Cette fois-ci, pas de faux pas. Nous commençâmes directement par aller voir le turc et lui commandâmes deux belles brochettes de viande. Il nous fit payer une petite fortune tout d'abord, puis, entendant que nous parlions français, il se ravisa sur son tarif et appliqua celui en vigueur parmi ses habitués. Nous n'ûmes ni excuses, ni explications par la suite. Mais ce n'était pas nécessaire, car nous savions maintenant que nous étions acceptés. Marty nous prépara notre assiette de nouilles. Zoé parvint meme à discuter l'assaisonnement avec lui afin de réduire la dose de piment. Tao nous avait préparé une barquette de raviolis aux légumes qu'il nous apporta sans qu'on ne s'en aperçoivent. Nous comprîmes ce soir là qu'il maitrisait l'art ninja du déplacement furtif absolu. Peut être que si nous mangions bien nos raviolis tous les soirs, il nous enseignerait ses secrets.

Le jour d'après, nous reprîmes notre exploration de la ville. Nous allâmes, toujours en nous faisant passer pour des touristes, faire quelques achats de vetements. Les nôtres, hors du fait qu'ils étaient très sales, étaient bien connu de nos poursuivants. Hors si nous ne voulions pas perdre en furtivité, nous devions les changer. J'optai donc pour une tenue claire composée d'un pantalon beige et d'une chemise blanche et zoé pour un simple changement de t-shirt. Mais son choix était d'une complexe habileté puisque le motif étant à l'éffigie d'une souris faisant de la bicyclette en collectant des petits bouts de gruyère et en disant "j'aime la bicyclette et le fromage", parfaisait son rôle de touriste française aux yeux de la foule. Eh oui, comme chacun sait, tout français va chercher son fromage à bicyclette le matin en criant "J'aime le fromage". Il y avait donc beaucoup de chance pour que cet habile camouflage trompe la vigilance des ninjas la voyant qui se diraient : 
- Ah tiens, on dirait un des deux aventuriers romanesques qui nous ont subtilisé notre amulette maudite de Qin.
- Mais non Cheng, ne sois pas bête. Regarde mieux.
- Je ne sais pas Cheng, je crois vraiment que c'est elle.
- Mais voyons, mon bon vieu Cheng, tu ne connais pas l'art ninja de lire les petits détails.
- Non, Cheng. Effectivement, là je ne vois pas.
- Mais regarde bien son t-shirt là, qu'elle porte.
- Ah oui Cheng, effectivement tu dois avoir raison. Il y a une souris qui y fait de la bicyclette en collectant du fromage.
- Voilà, et qu'en déduis-tu?
- Eh bien... Que elle aussi elle doit aimer la bicyclette et le fromage.
- Tout à fait. Mon bon vieux Cheng. Alors donc, conclusion.
- Elle est française?
- Exactement. Et comme chacun sait que les français n'aiment que la bicyclette et le fromage et que notre amulette n'est ni à l'effigie d'une bicyclette, ni en fromage, donc... Ce ne peut pas etre elle.

Et voilà, comment avec un simple t-shirt, on désamorce un shéma de pensée de ninja. Donc super camouflage Zoé, bravo!

Il était tard et nous étions dans le quartier des touristes de la ville. Nous aurions pu aisément rejoindre le gang de Bei Ji, grace à nos skills de déplacement urbain et notre connaissance des dédales, mais nous repérâmes un ninja sur le haut d'un toit qui semblait s'intéresser un peu trop à nous. Nous avons donc décidé de rester dans notre rôle de touriste et sommes allés dans un restaurant de Dim Sum recommandé par un expatrié français sur son blog. Le restaurant avait une étiquette "trip advisor" sur sa porte, cela renforçait notre couverture. On y prit le menu découverte, avec une large variété de Dim Sum différents qui nous étaient, à leur arrivée sur la table, tous commenté de nombre de détails par une serveuse chinoise parlant l'anglais. Elle prit un peu de temps pour complimenter Zoé sur sa beauté, nous faire un présage de bonne fortune en m'offrant à moi la richesse et à Zoé le contrôle sur ma personne - et donc ma future fortune, malin la chinoise - et en nous vendant une bricole magique (un petit pot contenant un doux murmure du vent). Voyant celà depuis le toit où il nous épiait, le ninja renonça à notre observation. Il s'était sûrement dit qu'avec le menu commenté et le t-shirt à fromage, nous ne devions certainement pas etre les responsables de la dérobade de l'amulette de Qin. Notre piège avait fonctionné! Et la soirée aussi, puisque les Dim Sum étaient aussi excellents. Ayant décidé de nous plonger dans notre ninjutsu de la dissimulation à la perfection, nous décidâmes d'aller faire une promenade digestive après le restaurant. On marcha jusqu'à la petite pagode avant de reprendre la direction de notre chambre sur Bei Ji.

Passant dans la rue, on vit que le gang était installé à faire la cuisine. Monsieur Tao nous fit signe d'approcher. On senti tout de suite que quelque chose n'allait pas. Ce brave Tao semblait tout dérouté!

Apparemment, un gang concurrent essayait de s'installer dans la rue et avait fait le premier pas pour les déstabiliser. Ils avaient volé le wok de Marty. Son wok dans lequel il cuisinait tous les soir depuis cinq ans. Wok qu'il n'avait jamais lavé et renfermait donc cinq années de saveurs de nouilles sautées. Nous considérâmes qu'il était de notre devoir de les aider. Mais il était trop tard ce soir là pour pouvoir faire quoi que se fut. Nous décidâmes donc de mettre au point un stratagème et de récupérer ce wok si particulier le soir suivant.

Zoé et moi primes donc la journée du lendemain pour nous promener dans le quartier des calligraphes et réfléchir à notre tactique pour le soir. Il était hors de question de laisser l'autre gang gagner cette bataille de territoire. Les gangs de rue était un phénomène important à Xi'an où chaque quartier fonctionne selon un principe communautaire. Nous étions, pour exemple, en ce moment dans un quartier où toutes les boutiques, musées et échoppes de rue avait trait à la calligraphie. Il y avait le quartier des imprimeurs, des magasins de robes de marié, des vendeurs de fruits, des vendeurs de colliers, le quartier des fabricants de peignes. Toujours en communauté. La plupart avait parmi eux des hommes et des femmes dédiés à regrouper les marchandises selon cette logique. Par exemple, un après-midi, nous fumes témoin de la parade du gang des vendeurs de TV qui, dans un groupe de dix bicyclettes, rapatriait de gros téléviseurs cathodiques - trois maintenus ensemble sur le vélo avec de la corde - vers la zone appropriée de la ville. Le seul gang un peu à part, était le gang des moignons. Je sais, le nom n'est pas des plus glorieux, mais malheureusement c'est celui qui le décrit le mieux. Donc le gang des moignons, comme son nom l'indique, est composé de personnes ayant souffert de graves traumas et amputation de membres ou même de malformations. Comme ils ne semblent insérés dans aucun des autres groupes en tant qu' individu, ils se sont regroupés et mendient dans les quartiers touristiques de la ville. Munis de casque-microphone, ils braillent en chinois en rampant sur le sol ou en se déplaçant sur de vieux skateboards en bois. Personne ne semble aimer avoir affaire à eux ou avoir à les regarder - et je pense que vous qui me lisez, n'aimez pas non plus trop entendre en parler - mais ils sont bien là à errer dans les quartiers de Xi'an et se sont les seuls qui ne restent pas qu'en communauté. Ils se séparent au matin pour sillonner la ville et se retrouvent tard dans la  nuit, une fois les lieux touristiques désertés. Mais nous devions tout de même avoir affaire à eux, car certains représentaient un avantage stratégique majeur pour notre opération du soir.

Et justement, la nuit tombée, il était maintenant temps de se lancer dans la récupération du wok de Marty. Zoé et moi nous rendîmes donc sur le spot de ce gang de cuistots qui se trouvait plus au nord sur Bei Ji. Nous sentions comme une trahison dans le fait d'aller manger chez eux plutôt qu'avec notre troupe habituelle, mais ce n'était pas par plaisir. Non, c'était une mission. Nous repérâmes le faiseur de nouilles sautées du groupe qui avait dans les mains le wok de Marty, tandis que nous achètions des brochettes de calamars grillés et des légumes frits. L'achat d'une bière nous permit de sonder notre itinéraire de fuite et enfin l'achat d'une assiette de nouilles de bien nous rendre compte de la topographie de son stand pour le moment de notre forfait. Nous nous installâmes à une petite table pour prendre notre dîner et guetter le moment propice pour passer à l'action. 

Nous ûmes le temps d'engloutir tout notre repas avant que ce moment ne se présente. Il avait sorti le wok du feu depuis cinq minutes maintenant, alors ce dernier devait être froid, et il était affairé à draguer une jeune fille. Il ne prêtait donc pas attention à son stand. Nous bondîmes donc en un éclair, saisîmes le wok et partîmes en courant. Très vite, les membres du gang se mirent à notre poursuite. Mais deux représentants du gang des moignons nous attendaient avec des skateboards pour nous. Ils nous lancèrent les skates, tandis qu'ils se mirent sur le passage des faux cuistots. Perturbés par la vue des infirmes, ils firent une halte dans leur course pour les contourner. Nous profitâmes de cet instant pour fuir à toute vitesse sur nos bolides à travers les dédales que nous avions appris à connaitre des bas-quartiers. Très vite, nous nous retrouvâmes seuls avec l'objet de notre quête dans nos mains
.
Nous rapportâmes le précieux wok à son digne propriétaire et festoyâmes avec le gang original des cuistots de Bei Ji toute la nuit. Bien sur Marty ne pouvait plus utiliser son wok, puisque cela aurait été une affirmation de l'opération qui avait été montée contre les autres. Mais au moins, il était revenu en sa possession. Son wok tout neuf prendrait du temps avant de conférer le parfum si particulier de l'ancien à ses nouilles sautées, mais cela semblait lui convenir. L'autre gang, n'ayant aucun profit à tirer d'une guerre ouverte compris sa leçon et décida de partir pour un autre coin de la ville.

Il ne nous restait plus qu'à résoudre l'histoire de l'amulette de Qin, avant de pouvoir enfin quitter la ville de Xi'an. Nous nous rendîmes donc en journée voir les guerriers de terre cuite qui avaient été mis à jour. Ce site était le lieu présumé du mausolée de l'empereur Qin, premier empereur de Chine, qui avait en son temps unifié le pays et démarré les travaux de la grande muraille. Les spéculations sur la réalité de son mausolée vont bon train aussi je vais essayer de vous résumer l'affaire. En son temps, Qin décide, alors qu'il n'est pas encore très agé, de faire la construction d'un mausolée pour l'abriter dans sa mort ainsi que la réplique de ses armées pour veiller sur lui et/ou continuer les batailles dans l'au-delà. Le lieu de ce mausolée fut par la suite oublié, seul en restait la description manuscrite disant qu'il était composé d'un temple sous une montagne, à l'intérieur d'un tumulus dont la voute étoilée serait aussi lumineuse que le ciel nocturne et où coulerait deux rivières et un lac de mercure. Aussi que le temple serait décoré d'or et de richesse et que sont armée de terre cuite, gardant un oeil ouvert de toutes parts, le protégerait dans la mort. Le lieu précis du mausolée aurait été identifié par les archéologues, mais pas encore pénétré à ce jour. Ces derniers attendant que les techniques d'archéologie scientifique progresse suffisamment afin de permettre son ouverture sans créer de dommages au contenu. Et aussi, car le lieu serait prétendument truffé de pièges. Seuls vestiges que l'on peut visiter sont les trois fosses de soldats qui ne représenteraient rien comparé à tout ce qu'il est sensé exister.

Certaines personnes, principalement des non archéologues, conteste l'existence même de l'armée de terre cuite et de ce mausolée légendaire. Alors palais en or et rivière de mercure, je veux bien avoir des doutes aussi, mais aller traité de contrefaçon l'ensemble d'un site archéologique... Faut pas pousser non plus. En plus, dans le camp des contestataires se trouve Guy Debord. Et moi, depuis mes cours d'esthétique de l'art en Master avec Mr Brochovesky, ben je peux pas trop encadrer le bonhomme, son travail et son point de vue en général. Donc s'il pouvait avoir tort sur ce coup-là - aussi, parce que son travail sur critique de la société du spectacle est une grosse blague bien nulle - ben, ça m'arrangerait. Pour l'archéologue français, Jean-Paul Demoule, "l'armée d'argile du premier empereur de Chine fait partie de ces vraies trouvailles archéologiques spectaculaires [qui] ont été présentées au moment de leur découverte comme des faux, tant elles paraissaient improbables."

Notre affaire en ces lieux, autre que la simple beauté et l'envie de découverte, était notre idée de confier l'amulette à quelqu'un qui saurait la mettre hors des mains des ninjas de la... Main... Bref, nous dûmes donc nous faire discret jusqu'à ce que le public ait déserté les lieux et que l'heure des visites soit terminée. Nous déscendîmes alors dans la fosse des soldats de l'armée en quête du personnage que nous cherchions. Vous trouverez cela probablement étrange, mais nous avions la sensation que les soldats d'argiles nous suivaient du regard. Nous arrivâmes enfin devant celui que nous cherchions. Il n'avait la coiffe ni d'un général, ni même celle d'un soldat de l'armée. Quand on le regardait bien, c'était comme s'il n'avait pas sa place avec les autres. Il ne possédait pas d'arme d'aucune sorte, ni même d'armure. La représentation de ses vêtements était simple. Il semblait plus mince et effilé que les autres. Son seul attribut était un sac en bandoulière accroché à sa poitrine. 
- Bon, eh bien ça à l'air d'être lui.
- Oui, on dirait bien.
- Comment on fait alors?
- J'en sais rien moi.
- Le vieux à rien dit pour l'éveiller? Je me souviens plus.
- Non, je crois qu'il a seulement dit de s'adresser directement à lui.
- ...
- Tu ne dis rien?
- Je me sens con.
- Pourquoi?
- Ben, je sais pas. Je m'apprête à parler à une statue en terre cuite parce qu'un vieux bonhomme à Pingyao nous a dit de lui remettre l'amulette, mais s'il ne répond pas... Genre... parce qu'il est en terre cuite. Ben, je pense qu'on va avoir l'air con.
- Y a personne ici.
- ...
- Tu veux pas?
- Fais le toi.
- Bah non, vas-y.
- Non.
- C'est ridicule.
- Je ne vois pas ce qu'il y a de ridicule.
- Alors fais le.
- Bon vous allez vous décider tous les deux?
- Ah ben, il est réveillé en fait.
- Oui, il est réveillé et il en a déjà marre de vous alors vous voulez quoi?
- Eh bien, monsieur la statue. Comment dire...
- ça Je ne sais pas, mais je préférerais que vous le disiez vite.
- Eh bien alors, arretez de coupez la parole. Donc... On s'est retrouvé, malencontreusement, en possession de cette amulette et un vieux bonhomme à Pingyao nous a demandé de vous la remettre.
- L'amulette maudite de Qin!
- Ah d'accord! Parce qu'en fait elle est maudite cette machine?
- Oui. Elle possède le pouvoir de réveiller l'empereur et ses armées de leur sommeil et de prendre le controle de leur force destructrice. Mais en retour celà consomme la vie de son porteur.
- Ah ouais. Quand meme. C'est pas seulement un bibelot moche, c'est carrément poissard le truc.
- Oui, on peut dire ça.
- Et vous, vous allez en faire quoi.
- Je suis le gardien du secret. Le seul ninja de terre de l'école de la paix, dissimulé dans les armées de Qin pour empêcher que quelqu'un se serve de l'amulette.
- Ah c'est bien ça. C'est un bon boulot. J'aime bien.
- Bon, bah... On vas vous la donner alors.

C'est à cet instant que surgit un ninja de la main. Tapis dans l'ombre, il attendait un moment propice pour surgir. Il aurait pu surgir avant, ça aurait aussi été un moment propice... Mais il a choisi de son propre chef de surgir après cet échange de dialogue expliquant la situation qui était un moment tout aussi propice pour lui, mais plus sympa pour le lecteur et pour nous, vu que maintenant, on comprend tout ce qu'il se passe.
Donc, il surgit. Et comme c'est un ninja, il ne s'embarrasse pas de parlotte et fonce à l'attaque. Heureusement le ninja de terre cuite fut vif. Ils se lancèrent à corps perdu dans un affrontement dantesque. Utilisant toutes leurs techniques de ninjutsu et de taijutsu, nous les suivions à peine des yeux. Mais le ninja de terre, peut être un peu rouillé, semblait manquer de pratique. Le ninja de la main lui échappa et fondit sur nous à vive allure. Il jeta son dévolu sur moi, porteur de l'amulette, mais Zoé s'interposa. Elle mit un coup dans l'entrejambe du ninja - son point faible - mais reçu une blessure superficielle au poignard en retour. Voyant le sang de mon aimée, mon coeur fit un bond. Je me relevai et foutu un bon pain - français - dans la tête du ninja, faisant voler ses molaires.

C'était fini. Nous confiâmes l'amulette au ninja de terre et il disparut emmenant l'objet maudit en lieu sur. Malheureusement, ce n'était pas le cas pour nous. La blessure infligée par la main sur Zoé provoqua chez elle une infection. Nous rentrâmes donc de toute urgence à Shanghai par un long train de nuit. Arrivés, je du utiliser toutes mes compétences de détective pour trouver, sans internet libre, un médecin français dans cette ville. La tache me prit deux bonnes heures, mais nous arrivâmes dans une clinique propre et face à un médecin compétent. Il identifia rapidement l'infection avec des examens minutieux et la traita comme il se devait. Les trois derniers jours de notre voyage en Chine furent donc consacrés à du repos nécessaire. Voulant oeuvrer pour une récupération maximale chez ma Zoé, je réussis à me procurer un paquet de petit beurre LU, des galettes st michelle au beurre et d'autres produits français. Elle retrouva heureusement vite la forme et cette histoire fut vite résolue.

Voilà, le récit véritable de notre dernière semaine et demi en Chine. Tout y est vrai, ou presque. Sauf peut être un truc ou deux... mais franchement, ça ne devrait pas se remarquer. A vous de dénouer le vrai du faux.

Maintenant, voilà! La Chine c'est fini! C'était bien, mais... Ouf, c'est fait! Disons le clairement, on n'y remettra pas les pieds avant une bonne dizaine d'années et nous irons explorer d'autres endroits que ceux là. Une fois sortis du grand firewall chinois, on s'est aperçut que peu de site d'écologie et de voyage parlent réellement de la situation dramatique de la Chine. En fait, sur internet, on trouve que peu de véritables infos sur ce qu'on trouve réellement en Chine. Alors disons le clairement, si vous y allez - et je vous recommande le voyage - préparez-vous à un air poisseux et saturé de pollution dans les villes. Particulièrement Shanghai. Je le répète, là-bas, on ne voit pas à plus de quatre ou cinq blocs à cause de la pollution. C'est grave! L'eau des rivières est marron sale et depuis l'avion pour Singapour on voyait clairement la démarcation boueuse sur des kilomètres avant que l'eau de la mer ne redevienne bleu. Les gens jettent leur déchets partout par terre, en ville comme en campagne. L'eau au robinet n'est pas potable. Il y a énormément de centrales nucléaires et de piles de déchets incinérés qui provoque d'épaisses fumées qui se répandent partout. Cherchez le mot "Haze" sur internet - au-delà de la femelle du lièvre et d'une variété de canabis - vous trouverez dans les images des représentations inquiétantes de ce brouillard de pollution. Autre fait marquant, vous le trouverez pour beaucoup de villes d'Asie ou d'Amérique de sud et d'Afrique, mais très rarement en Chine. Encore une info qui semble être balayée sous le tapis. Je ne suis pas la meilleure personne pour faire un cours sur le sujet, alors j'arrêterai ici cette petite diatribe. Je ne ferai que souligner pour ceux qui pense que c'est un problème qui ne les concerne pas tant que ça, puisqu'ils n'iront jamais en Chine, que le vent souffle.

Ceci étant dit, nous avons beaucoup apprécié cette partie de notre voyage pour les découvertes que nous y avons faites et les sites historiques que nous avons vu. Si vous avez l'occasion, allez voir la grande muraille, les guerriers de terre cuite et les Yugang Grottoes. N'ayez pas peur de vous faire cracher sur les pieds - parce-que ça arrivera de nombreuses fois - de vous faire prendre en photo comme une mascotte à disneyland - parce-que ça aussi ça arrive beaucoup - qu'on ne vous dise "bonjour" qu'en peu d'endroits et que les mots anglais que vous entendrez le plus seront "money" et "pay now", de vous faire marcher dessus et bousculer dans les transports en commun - parce-que c'est comme ça que ça se passe entre eux aussi - et de vous faire regarder comme des bêtes curieuses, voir suivre ou fixer pendant de longues minutes dans les trains. Voilà, c'est comme ça là-bas. Jouez des coudes avec eux - sans méchanceté - lorsqu'il le faut, négociez le moindre prix qu'on vous propose - parce qu'ils tenteront toujours de vous arnaquer - et travaillez vos sens de ninja pour survivre aux déplacements piéton en ville. Je reviens sur ce concept d'arnaque avec un exemple : On rentre dans une épicerie pour acheter deux bols de nouilles instantanées. Cela nous coûte dix Mao - ah oui, Mao est sur tous les billets en Chine, quelque soit la valeur. Le lendemain, dans la même épicerie, je tend un billet de dix pour les deux bols et le vendeur nous demande seize Mao. Ce à quoi je réponds non et repose les deux bols. Il me dit alors : "Ok, ok. Ten. Ten." Voilà, et c'est comme ça pour tout. Si un taxi vous demande cinquante, c'est que la course vaut vingt. Si vous achetez des breloques, descendez le prix jusqu'à ce que le vendeur n'essaye plus de vous rattrapez si vous ne l'achetez pas. Dans les auberges et les hôtels honnêtes, vous trouverez de petits panneaux disant " Si vous avez la chance de tomber sur un chinois très amical dans la rue, parlant parfaitement anglais et qu'il vous emmène boire le thé, n'y allez pas. C'est un Tea Trap. Vous paierez ce thé entre 200 et 2000 Mao. Et si des jeunes femmes vous accoste dans la rue pour aller dans un club privé, refusez, il se serviront de votre carte pour faire une note ouverte pour la soirée." Nous avons vu ce petit panneau dans toutes les youth hostels et les hôtels de meilleur standing que nous avons fréquentés. Si vous regardez quelque chose trop longtemps, on essaie de vous le vendre. Si vous ne regardez pas quelque chose de manière trop évidente, on vous le met sous le nez pour essayer de vous le vendre. C'est agaçant, mais c'est comme ça. Et ce n'est pas contre les occidentaux, les touristes chinois - qui sont plus nombreux que les touristes d'autres contrées - sont logés à la même enseigne. Donc tout le monde se marche dessus. Tout le monde fait du bruit pour se faire remarquer, vendre sa breloque ou bien se faire sa route dans la cohue. Travaillez votre patience et essayez de vous amuser de toutes les situations. C'est ce qu'on a essayé de faire - pour être honnête, ça n'a pas toujours été facile. J'avoue avoir fait un croche la patte à un gars dans le métro qui avait poussé Zoé, un peu trop fort à mon goût. Et une fois qu'on a eu compris qu'ils jouaient tous des coudes et des épaules pour se frailler un chemin et que tout le monde trouvait ça normal de donner et recevoir des coups, on a utilisé notre taille (une tête de plus en moyenne) à notre avantage. J'ai un peu honte maintenant, mais c'est la vérité - et on a vraiment aimé ce séjour.

Maintenant, nouveau pays! Nouvelles aventures! Sans les ninjas cette fois-ci. Là où les occidentaux venaient chercher les précieuses épices à la fin du moyen age. Dans un pays cosmopolite, où Zoé vous contera bientôt nos premiers pas. Vous qui lisez cet article, n'hésitez pas à laisser des commentaires. On aime bien savoir qui nous lit et surtout si cela vous plait... ou pas. Bref, dites nous tout.

A dans deux semaines,
Seb