Kon'ichiwa mes petits chats!
Attention les mirettes parce que c'est parti pour un article de folie au pays du soleil levant. Ici, on est toujours en avance sur vous - en France et encore plus pour nos amis des Amériques qui sont toujours hier - et la vie file à toute allure. Beaucoup de choses à voir, beaucoup d'histoires et d'héritage culturel à absorber... Alors 1, 2, 3, c'est parti! On a pas de temps à perdre. Mon adorable Zo vous avait laissé à notre départ de Tokyo, alors que nous nous lancions dans l'aventure du pays utilisant notre moyen de transport de coeur : Le Train!!! 

Je ne saurais pas vraiment expliquer le pourquoi de ma passion pour le train - encore un point que nous avons en commun avec ma Zozo, au passage. Ah, quel bonheur... Bref, je trouve que c'est un moyen de transport élégant et noble. Lorsque j'ai commencé à m'intéresser à l'histoire des États-Unis, j'avais été fasciné de découvrir le lien intrinsèque entre la progression du chemin de fer et celle de la civilisation - même si par la suite ce dernier est tombé en désuétude sur tout le continent nord américain. On voit d'ailleurs ce lien très bien illustré dans le film Il était une fois dans l'ouest, de Sergio Léone. Dans les oeuvres de Leiji Matsumoto, le train est un élément souvent central à l'histoire - que ce soit dans Gun Frontier, dans l'histoire de Maetel ou bien dans le très célèbre Ginga Tetsudo 999 - ou au minimum présent lors d'un épisode, ses différentes séries partageant un univers commun. Au passage, je vous recommande de jeter un oeil à l'oeuvre de ce mangaka, presque aussi incontournable qu'Ozamu Tezuka ou Naoki Urasawa - le premier est l'inventeur du manga et le second est au moins aussi célèbre qu'Hergé. Étant maintenant dans le pays de l'artiste en question, mes attentes sur son train étaient immenses. Eh bien pour ça, comme pour le reste, pas de déception à craindre, le train est élevé au rang d'art. Je le dis sans détour, le train le plus rapide du monde se trouve ici! Voilà, pavé dans la marre! Bim! Bon, en même temps, c'est vrai, le nouveau train le plus rapide du monde à bien été conçut au Japon et pour le Japon. Mais ça ne s'arrête pas là, non. On entend souvent le TGV et le Shinkansen être comparé l'un à l'autre. Et on a raison de les comparer, parce que en terme d'ingénierie pure, notre TGV n'a pas à rougir. Bravo donc à l'intelligence française qui a fait naitre ce petit bijoux de la mécanique qui peut être chronomètré en vitesse de pointe à 320 km/h. Mais la comparaison s'arrête là! Car ce qui fait du Shinkansen un instrument supérieur est la rigueur de la société Japonaise. Tout d'abord sur l'ensemble du réseau français, en une année, on comptabilise plusieurs milliers d'heures de retards. Ici, le temps de retard se compte en seconde sur une année. Les voies où passent le Shinkansen lui sont exclusivement dédiées et dans les gares, les trains d'une même ligne s'arrêtent toujours sur la même voie. Le personnel de voie et de bord aide systématiquement les personnes agées et/ou handicapés - et avec le sourire - et vous ne les verrez jamais discuter entre eux à ne rien faire. Dans les guides de voyage pour la France, vendus au Japon, les touristes japonnais sont prévenus que les trains français sont très souvent en retard, que les voies sont attribuées à la dernière minute et que le personnel ne leur portera aucune assistance. Un dernier point - qui ne nous concerne pas vraiment, du fait de nos JR pass - les billets de train au Japon ont des prix fixes. Ils ne changent pas de tarifs à l'approche du départ, résultat les gens sont relaxes et achètent leurs billets au moment de partir. Et si vous loupez votre train, pas de soucis, il y a beaucoup de chances qu'il y en ait un autre au plus tard dans une demi heure. Vous l'aurez donc compris, le train au Japon est un moyen très simple et confortable pour voyager. Et pour des amoureux du train, c'est un régal. Je conclurai que d'un point de vue purement esthétique, les Shinkansen sont des machines sublimes.

C'est donc à bord de ce véhicule paisible que nous quittons Tokyo pour notre premier arrêt de la journée dans la ville de Kamakura. On fait une petite marche avec les sacs sur le dos pour aller rendre visite au Daibutsu qui se trouve au temple de Kotoku-in. Le bonhomme fait une quinzaine de mètres de haut et se tient assis ici depuis 1252. Sur le commentaire de la photo on avait dit qu'il faisait la même taille que le Gundam en taille réel (18 mètres), mais il est en fait plus petit... donc Erratum, désolé, tout ça... Ah et Mounie, les petites plaques de bois, je n'ai pas oublié cette question que tu nous as posé déjà deux fois. Puisqu'on parle temple, j'y réponds maintenant, il s'agit donc de petites plaquettes sur lesquelles on inscrit son nom et un souhait ou un voeu. Elles sont ensuite collectées et brûlées lors d'une cérémonie. La croyance Bouddhiste veut que le voeu se réalise alors que la plaque se consume dans les flammes. On va encore visiter beaucoup de temple, donc si parmi vous certains ont des voeux qu'ils souhaitent se voir réaliser... Vous n'avez qu'à nous les confier dans les commentaires et ont ira graver une plaquette pour vous. Comme ça Mounie, tu pourras faire une pause avec le régime lentilles. Hé hé. Nous passons en coup de vent à Odawara, le temps de voir son château, et on arrive dans la soirée dans la petite ville de bord de mer d'Ito. Ici, nous avions réservé un Ryokan Historique avec un Onsen comme logement pour la nuit.

Aaah, mais Seb t'abuses! Il y a deux mots qu'on ne comprend pas dans cette phrase!

"Patience, est mère de famille!"* J'y viens justement. Un Ryokan est une sorte d'auberge traditionnelle japonaise, pour les fans de film d'animation, on peut en voir un sublime dans "le voyage de Chihiro" qui est inspiré d'un ryokan à Nagamo. Certaines, comme celle d'Ito, ont déjà plusieurs centaines d'années et sont des vestiges historiques et architecturaux. On y trouve généralement des chambres dont les murs sont fait de bois et de papier et des sols de tatamis. On y observe les règles de civilité japonaise. A savoir qu'on quitte ses chaussures en entrant et on les laisse dans le vestibule, pour ensuite porter des sandales d'intérieures pour marcher sur les sols surélevés en bois. Sur les tatamis on y marche pieds nus et pour aller aux toilettes, on met les sandales pour les toilettes. Si vous voyez une petite paire de sandales d'intérieures qui attend devant la porte, cela indique que les toilettes sont donc occupées. On nous fourni presque toujours des Kimonos à porter dans le Ryokan. On dort sur des futons que l'on pose à même le sol et pour ce qui est de se laver cela se passe dans la salle de bain commune. Et oui, au Japon on se lave tous ensemble - entre gens du même sexe, je précise quand même - dans la salle de bain communale. Dans le cas présent, il s'agissait carrément d'un Onsen. Alors pour tout ceux qui ne sont jamais venus au Japon, n'ont jamais vu le film Akitsu Onsen de Yoshishige Yoshida ou lu de mangas tels que Shaman King, Ranma 1/2 ou Love Hina, voici en quoi cela consiste. Tout d'abord, on abandonne ses fringues sales pour un kimono, on se muni de ses deux serviettes et on va avec ses petites sandales à la porte de la salle de bain. On abandonne les sandales avant d'entrer dans une première pièce où on trouve généralement des lavabos et surtout de paniers pour déposer ses vêtements. On passe ensuite, complètement nu, dans la salle suivante. Avant d'y entrer, on laisse la grande serviette à l'extérieur - on veut qu'elle reste sèche - et on ne garde que la petite avec soi. Dans cette pièce on y trouve un mur muni de plusieurs robinets et pommeau de douche. En face de chacun de ses points d'eau se trouve un petit tabouret et une jatte - traditionnellement en bois - ainsi que shampooing, après-shampooing et gel douche. Et dans un autre coin de la pièce, un grand bain - la taille dépend selon le lieu - d'eau chaude, environ quarante degrés. S'il s'agit d'un Onsen, l'eau du bain provient d'une source naturelle d'eau thermale, dans le cas d'un simple bain communal il s'agit d'eau chauffée. Le onsen est donc la Rolls Royce des bains communaux. Attention, il n'est pas conçu pour se laver, mais pour se relaxer. On est sensé être propre au moment de s'immerger. Donc première étape, on se lave chacun à sa petite douche et en position assise pour ne pas éclabousser son voisin. Une fois propre, on rempli sa petite jatte d'eau froide et on trempe sa petite serviette dedans. Une fois la serviette humide et froide, on se la pose sur la tête et on va dans le bain. Alors j'imagine que l'idée de se retrouver nu à se laver et se baigner au milieu d'inconnus peu rebuter certains, mais je vous promets que cela n'a rien de bizarre. Tout le monde est là pour se détendre et se relaxer. Aussi, si conversation il y a, elle se fait à voix basse. On est au chaud dans la vapeur et on profite du calme. J'ai pour ma part toujours aimé réfléchir dans ma baignoire. Je crois que la plupart de mes idées de séries ou d'histoires que j'ai écrite ont à un moment été réfléchies à l'occasion d'un bon bain chaud. Je me relaxe, j'organise mes idées, clarifie mes univers, pense à la forme graphique et surtout à la structure narrative. Alors ses bains japonnais sont vraiment les bienvenues à ce moment du voyage.

Le train nous a ensuite conduit jusque dans la petite ville de Takayama où se trouve le village historique - reconstitué - d'Hida no Sato. C'est un véritable saut dans le passé qui nous est ici proposé. Malheureusement, la pluie faisant, la plupart des artisans qui devaient animer le village avec des activités traditionnelles n'étaient pas là. Mais cela n'est pas grave car Takayama est aussi réputée pour autre chose encore. Le Boeuf d'Hida! Moins connu que le boeuf de Kobe, il subit pourtant le même traitement de la part des éleveurs. A savoir que le boeuf d'Hida est abreuvé à la bière et quotidiennement massé au saké. Il passe une vie tellement relax que la graisse nervure harmonieusement les muscles de l'animal. Le résultat en est une viande succulente, au goût légèrement persillée et incroyablement tendre. La première fois que nous y avons gouté ce fut lors du petit déjeuner. Notre auberge était tenue par une adorable grand-mère qui servait le petit déjeuner à tous ses invités. Au menu, une soupe miso, un poisson grillé, des petits légumes, un oeuf dur, du riz blanc à volonté et pour le premier matin un Hoba Miso avec ce fameux boeuf. Le plat consiste en une préparation à base du boeuf d'Hida et des légumes de saison déposé sur une feuille de magnolia sécher, reposant elle-même sur un shichirin - sorte de brûleur en terre avec une bougie de cire. Le lendemain matin, ce boeuf nous sera servi grillé dans une petite sauce avec des oignons. Nous l'aurons lors d'un déjeuner gouté en préparation avec des ramens. Il nous faut maintenant faire un tour à Kobe pour faire la comparaison. Niveau cuisine, vous l'aurez compris on se régale. Pas un jour ne passe sans que l'on goute quelque chose de nouveau et chaque fois cela ravi nos papilles. On trouve aussi de la vraie bonne pâtisserie. Tout est soigné, exécuté avec rigueur et précision. On trouve d'excellentes brioches simples ou fourrées à la pâte de haricots rouges ou à la crème de marron. De grandes variétés de petits gâteaux et même les croissants et le pain sont délicieux. Première fois que le pain est indéniablement bon depuis le début du voyage et qu'il est vendu à un prix honnête. Parce que oui, on nous avait dit : "ouais, tata, bla bla, le Japon c'est cher." Alors oui, effectivement l'hébergement n'est pas donné. Mais ce n'est certainement pas pire qu'en Nouvelle-Zélande, et surtout les établissement ont du charme et un caractère. Mais avant tout, la nourriture, comme l'avait fait remarqué Zoé, n'est elle vraiment pas cher et surtout très très bonne. 

Dans le train en route pour Kanazawa, on voit passer par la fenêtre les Alpes japonaises. Des montagnes magnifiques où se trouve encore une bonne couche de neige fraiche. On se dit que le temps qu'on va passer ici est vraiment trop court et qu'il faudra impérativement y revenir. Arrivé dans la ville, Zoé avait prévu de me faire la surprise de la visite de la maison de la famille Nomura. Illustre famille de samouraï liée au clan Kaga à Kanazawa. Je me sentais dans ces murs un peu comme un Zatoichi moderne, prêt à dégainer mon katana pour aller découper des têtes. Oui, on a vu une lettre de remerciement du seigneur envers le samouraï qui le remerciait pour avoir apporté la tête de son ennemi à ce dernier. La lettre était écrite en Kanjis magnifiques sur un parchemin, nous n'avons pas résisté à l'envie d'en faire une reproduction à l'encre dans nos carnets. Et puis, ça peut toujours servir de savoir remercier pour une tête coupée... Non? 

Le soir venu, on se rendit dans le parc du château pour y voir les illuminations sur les remparts et les cerisiers en fleur. Spectacle de toute beauté dont vous avez pu voir quelques photos sur le blog. La saison de la floraison des cerisiers est de très courte durée. Nous avons la chance d'être en plein dedans, mais d'ici quelques jours, ils seront tous en feuilles et leurs fleurs se seront égrainées au vent. La beauté éphémère de ces délicats pétales nous rappelle qu'il est important de profiter de chaque instant avant qu'il ne s'envole porté par le vent. Le temps passe, vite, et ce qui est perdu ne fera que le rester. Direction maintenant Osaka, première grande ville depuis notre départ de Tokyo. Là, on y découvre des quartiers fous tels que Dotonbori, Den Den Town ou encore Tsutenkaki. Des sortes de minis Akihabara en puissance, où tout le monde vit au rythme des néons, des restaurants, des salles d'arcade et des magasins qui vendent tout, tout, tout. Mais quand même moins de trucs d'Otaku que ce qu'on peut trouver à Tokyo. Ici aussi, architecture antique et moderne se jouxtent et se font face malgré tout avec cohérence. Notre journée de Dimanche nous a permit d'apprécier différents moment de vie japonais. Dans le parc du château, les gens étaient assis, en famille ou entre amis, à pique niquer sous les cerisiers en fleurs, des marchands vendaient différents plats grillés et friandises depuis leurs échoppes. Ce vestige historique était riche de vie et d'activité. Le soir venu, retour dans la folie des néons. On visite des magasins qui vendent des articles de cuisine, des couteaux et une diversité folle de baguettes. Dans une salle d'arcade, un japonais un peu bedonnant éclate les scores sur "dance dance revolution". Il enchaine les "Perfects" et danse comme un diable en se payant même le luxe, le temps d'un morceau, de faire dos à l'écran pour se retrouver face à la foule de badauds attroupés autour de lui.

Mais je pense qu'Osaka restera gravé dans nos mémoires à Zoé et moi pour une toute autre raison... A cause de l'endroit où nous avons dormi. Est-ce que je vous raconte ça? 
- Il va le faire! 
- Non, tu crois. Moi je ne pense pas. 
- Si, si. Je te dis qu'il va le raconter. 
- Non, il n'osera pas. 

Eh bien, si! J'ose! Alors qu'elle est cette endroit où nous avons décidé de partir plus tôt parce que c'était trop glauque? Pour le savoir, faisons un petit peu de culture sociale japonaise. Ici, les logements sont petits et chers. L'isolation entre les pièces - au niveau sonore - n'est pas de très bonne qualité. Aussi heureusement que les japonais sont très soucieux et respectueux du confort de leurs voisins pour que cela ne soit pas un problème. Autre fait marquant, les japonais vivent en famille. Eh oui, les couples de jeunes mariés restent à vivre avec les parents, ou bien s'ils ont une maison et des enfants, il n'est pas rare que se soit les parents qui viennent vivre avec eux. Autant dire que toutes ces conditions font que c'est un cauchemar pour l'intimité des couples. Oui, mais le Japon à réponse à tout. Oui à tout. Besoin d'un endroit où dormir seul : Hôtel capsule ou manga kisa. Besoin d'un endroit en se faire une escapade en couple : Love Hôtel. 

Oui, mesdames et messieurs, nous avons testé le Love Hôtel. Alors clarifions tout de suite la situation par une justification bancale, il ne restait plus que ce genre d'établissement disponible sur Osaka pour le moment où nous y étions. Et dans tout les cas, nous avions envie d'aller voir de quoi il s'agissait. Bah oui, dans la vie on est curieux ou on ne l'est pas. Et une fois que vous vous êtes habitués à vous laver au milieu d'inconnus, pourquoi ne pas tester les autres bizarreries de ce pays. 

Pensant donc qu'il s'agissait d'un lieu pour que les couples puissent se retrouver seuls, nous pensions tomber sur un établissement drôle et de bon goût. Eh bien, l'établissement fut drôle. Je vous donne le nom de l'hôtel : Blanc Chapel Christmas. Ah oui, pour le "Christmas", Noel n'a pas du tout la même connotation au Japon qu'en occident. C'est plutôt vu comme quelque chose de romantique que comme les fêtes de famille. Si vous voulez aller voir sur booking.com, vous y trouverez des photos. Les chambres sont décorées avec un mélange de kitsh et de baroque. ça dégouline de rose fluo, de motifs de tapisserie rococo et d'effets spéciaux lumineux en lieu et place d'éclairage. Là où on a compris que ce genre d'endroit ne s'adresse pas seulement au mignon petit couple, c'est dans les détails mon cher Watson. Le personnel hôtelier est bien présent, mais toujours dissimulé derrière des rideaux pour le guichet d'accueil ou prend le plus grand soin de vous éviter ou de carrément disparaitre si vous vous croisez dans les couloirs. Les chambres ne se louent pas que à la nuit, on peut aussi choisir de réserver à l'heure... Le petit déjeuner est servi dans la chambre via un passe-plat, pas de salle de restaurant. On ne voudrait pas que monsieur et madame se retrouvent d'un coup chacun aux bras de quelqu'un d'autre. ça ferait désordre au milieu des croissants. Et ensuite, on peut louer différents types de costumes et accessoires... Oui, il y en a qui aime les déguisements. Notre chambre était munie d'un jacuzzi, d'une télé à écran plat d'un mètre cinquante, d'une machine à Karaoké - ça fait fureur au Japon - d'un lecteur dvd et on pouvait commander des consoles de jeu. Il y avait un autre type de jouet à la tête du lit... Bref, cela ne se révéla pas trop à notre goût et comme les plaisanteries les plus courtes sont les meilleurs - et que nous avions réserver trois nuits afin de prendre le temps de visiter Osaka - on décida de leur fausser compagnie après la deuxième nuit. Si vous avez un bon sens de l'humour, ou peut être que cela vous fait envie, et que vous passez au Japon, je vous recommanderai tout de même de tenter d'y passer une nuit. Au moins pour l'ambiance étrange et surtout pour la déco. Ce ne sont pas des lieux dangereux, loin de là, il s'agit juste de ce genre de bizarrerie de la société japonaise. Je m'attends à deux ou trois réactions dans les commentaires sur ce sujet (ça sera un bon moyen de voir qui lit nos articles).

Après Osaka, vient le tour de la magnifique ville de Kyoto, dernière que nous avons visité pour ma semaine d'écriture de voyage et elle nous a laissée une impression fantastique. On y trouve de nombreux temples bouddhistes dont deux nous ont fait une forte impression. Le Fushimi Inaritaisha est un temple dédié aux dieux de l'agriculture. Il était un peu tombé en désuétude dans les années 40 et 50, visiblement les gens avaient d'autres priorités que d'aller prier pour de bonnes récoltes, pour être redécouvert par les touristes par la suite. La raison en est ses chemins composés de plusieurs milliers de Torii rouges vermillon qui serpentent la montagne sur plusieurs kilomètres. Nous avons arpenté ses sentiers jusqu'au sommet, il était amusant de constaté que le gros des touristes se lassaient relativement vite et abandonnaient, et que d'une foule impossible, nous n'étions plus qu'une poignée sur la fin. La vue sur Kyoto depuis le sommet était magistrale. Le second temple a nous avoir laissé une forte impression est le Sanju Sangen-do, il renferme à l'intérieur Mille et une statues de bois sculptées et peintes à l'effigie de dieux bouddhiques. Les photos étant interdites en ce lieu, le seul souvenir que nous en aurons sera dans notre mémoire. J'avoue avoir découvert dans ce temple une profonde curiosité pour la mythologie japonaise. La représentation qu'ils font des dieux issus de la religion bouddhiste leur est vraiment propre. Mais je ne vais pas m'aventurer plus sur ce terrain pour l'instant, parce que je n'ai encore rien lu de bien précis, ni de suffisamment complet. J'y reviendrai donc plus tard. Le soir nous sommes allé manger des yakitoris dans un bar. Encore une fois ce fut délicieux. J'en profite pour souligner que nos progrès en matière de langue et d'écriture avance bien. On enrichie notre vocabulaire chaque jour, on apprend des tournures de phrase et on se heurte aux Kanjis et aux Kanas à l'écrit. Nous sommes encore loin de pouvoir lire les livres que nous nous sommes achetés. Mais pour ce qui est de la vie courante, de manger, s'orienter - et jouer aux jeux vidéos introuvables en Europe, hi hi - ça fonctionne plutôt bien. 

Comme je le disais précédemment, Kyoto était la dernière ville de cette semaine d'écriture, ce qui signifie qu'il est maintenant temps pour moi de conclure cet article. Je m'étais laissé de coté deux ou trois petites choses à apporter pour cette conclusion. Tout d'abord, le sujet des toilettes japonaises...

-Oh non, il va encore nous parler de trucs bizarres.

Mais non, ne vous inquiétez pas. Je veux juste souligner la différence avec nos toilettes à nous. Bon, si vous voyagez au Japon, ce que clairement je vous souhaite et vous recommande, vous verrez dans certaines auberges deux portes pour les toilettes. Une portant une inscription voulant dire : "Toilette Japonaise" et une autre sans rien. Si vous ouvrez la première, vous vous retrouverez face à une cuvette encastrée directement dans le sol. On attend de vous que vous vous mettiez en position accroupie pour les utiliser. Derrière l'autre porte, vous reconnaîtrez la silhouette familière de nos toilettes à nous. Seulement, une fois assis dessus vous aurez la surprise de constatez que la lunette est chauffante et la présence d'un petit boitier à votre droite. Il s'agit de la commande d'un jet d'eau ayant pour but de vous rincer les fesses, une fois vos petites affaires terminées. Bon, du coup, on a testé le bazar. Au début, on est un peu stressé du petit jet et au bout de quelques utilisations, on commence à s'y faire. Une fois le cycle d'eau fini, un petit souffle chaud vient vous sécher le popotin et voilà, l'histoire est bouclée. Le boitier propose aussi des options d'effets sonores pour dissimuler les bruits humains.

Et maintenant la conclusion, la vraie de vrai! Je suis un Otaku, cherchez dans le dictionnaire si vous ne connaissez pas le mot, j'aimerai bien avoir une autre opinion de moi-même, mais si je veux être juste, c'est ce que je suis. Depuis que je sais lire et que j'ai de l'argent de poche, j'achète des graphic novels, des comics et des mangas tous les mois. Autrement dit, mon enfance a été forgée par la culture de la bande dessinée Américaine, Britanique et Japonaise. Je me suis plongé dans la bande dessinée dite "Franco-Belge" - même si certains de mes auteurs préférés sont Italiens - que beaucoup plus tard. Je suis né en 1985, et mes parents et grands-parents avaient la télévision. Mes premiers souvenirs sont ceux des animés tout droit venu du Japon qui étaient diffusés dans le club Dorothée. J'ai religieusement passé chaque matin de 9h à 9h20 sur les deux mois de vacances d'été à regarder la diffusion de la saga Freezer de Dragon Ball et la saga sanctuaire des Chevaliers du Zodiaque. L'après-midi, j'essayais de lancer des Kaméhaméha dans le jardin - restez sympa, j'avais 5 ans - ou de faire la technique des météors de Pégase. Tout ça pour dire que la culture de l'animation japonaise et du manga sont en moi depuis longtemps. Autant dire que j'en attendais énormément à tous les niveaux en arrivant à Tokyo. Ce que nous avons découvert pendant ces deux semaines avec Zoé, me permet aujourd'hui de dire que toutes mes attentes sont comblées. Le manga ici est une religion. C'est un objet sérieux et à prendre au sérieux. J'ai été époustouflé de voir avec quelle justesse les dessins des mangakas représentent les villes, les quartiers, les gens et leur vie. Toutes les habitudes de la vie japonaise me semblaient déjà familières grâce à eux. Je souligne donc la valeur que peuvent avoir les oeuvres de fictions - celles de qualités - pour nous enseigner des choses que les sciences des faits ne font que renseigner. A Shinjuku, je m'attendais à voir surgir Ryo Saeba au détour d'une ruelle, au volant de son Austin Mini - ou encore Ban et Ginji sautant de toit en toit dans des éclairs foudroyants.

Bref depuis que nous sommes ici, je ne sais où donner de la tête. Je me suis fait une nouvelle liste de livres et de mangas à lire, basée sur tout ce que nous avons vu. Il nous reste encore une semaine et nous sentons bien que cela ne suffira jamais pour nous rassasier. Ce pays m'inspire énormément, alors quand j'imagine qu'une bonne partie de la culture japonaise repose sur la culture chinoise... Ben, ça me donne le tournis. Parce que ça veut dire que je vais devenir fou de tout ce qu'il va y avoir à découvrir là-bas aussi. Alors vous vous dites sûrement que j'aurais du venir plus tôt en Asie pour découvrir tout ça, vu à quel point ça me plait... Mais je vous répondrais que non. Les meilleurs découvertes sont celles que l'on partage. Tout ça n'aurait pas eu la même saveur si je n'avais pas été avec la bonne personne pour  le faire. Il fallait que Zoé soit avec moi et qu'on partage ce voyage ensemble, en amoureux, pour que tout prenne son sens. 

Voilà, il est maintenant un peu tard, et je vais aller me glisser dans mon futon pour la nuit, Zoé y est déjà, en train de lire GTO. Je n'aurais jamais imaginé que dormir à même le sol puisse être aussi confortable. Je vais me mettre à lire un nouveau manga - parce qu'on ne se refait pas - et vous souhaitez bonne nuit ou bonne journée. La prochaine fois que j'écrirai nous serons en Chine. Je vous rabatterais probablement encore les oreilles avec l'histoire de la pérégrination vers l'ouest, mais d'ici là... Japon! 

P.S. Zoé avait écrit dans son article que je dirais quelques mots sur le Gundam, alors promis, je le fais, mais vite. Gundam est l'équivalent au Japon de Star Wars en occident. Il s'agit avant tout d'un univers basé sur une série d'animation dans laquelle les héros prient dans une guerre futuriste combattent aux commandes de robots de plusieurs mètres de haut appelés Gundam. Ce qui a empêché l'hégémonie de cette série est entre autre que ce genre, dit "Mecha", se retrouve dans d'autres oeuvres par la suite qui ont connues plus de succès à l'international. Pour n'en citer qu'une je mentionnerai Neon Genesis Evangelion, qui est selon moi plus intéressante puisque les "Evas" - vulgairement l'équivalent des Gundams dans cette série - sont des créatures mi-mécanique, mi-biologique qui ont donc un lien fusionnel avec leurs pilotes. Cette série questionne notamment le statut de l'être humain et sa place sur terre et dans l'univers. C'est une oeuvre métaphysique à l'histoire complexe et dont tous les fans attendent le quatrième film qui clôturera l'histoire avec impatience. 

Cette fois-ci bonne nuit, 
à plus en Chine. 

Seb