Ok, c’est parti pour un deuxième round. Le premier jet de cet article était juste affreux, alors on a changé d’endroit, nous sommes passé d’une chaine de café à une autre et d’un hall de clinique à un autre… Un bébé chocolat chaud et c’est reparti !! Ce coup ci est le bon. Je vais donc reprendre où mon bel amoureux s’est arrêté la dernière fois. C’est-à-dire, après nos huit heures de bus de nuit pour rejoindre San Francisco. On avait atteint un niveau de fatigue assez dingue arrivés là, après deux jours à galérer à sortir de LA. On s’est quand même demandé si on ne ferait pas mieux de prendre un avion direct pour le Canada tellement on en avait marre. Et bien, je peux te dire, qu’on a bien fait de persister et de mettre le cap sur San Francisco. C’était encore une fois génial ! 

Après un petit dej assez énorme pour reprendre toutes les forces qu’on avait perdues, on se retrouve, sacs sur le dos, en pleine rue à courir pour choper un bus et essayer d’arriver à l’heure chez notre nouvel hôte. Tu te souviens de notre petit incident à LA où nous avons du fuir l’appartement de quelqu’un ? ET bien là, évidemment, on se lance dans des paris pour savoir à quoi va ressembler notre nouvel habitat pour les trois prochaines nuits. Tiens toi bien, c’était un des appartements les plus jolis qu’on ait vu depuis le début de cette aventure. Un joli petit appartement à l’étage d’une maison typique de la ville, avec poutres apparentes, poêle en fonte au milieu du salon, des dizaines d’orchidées un peu partout, un canapé immense et un hôte debout dans la cuisine à faire cuire du pain. C’était un super accueil. DU PAIN ! Du vrai pain, un délice. Définitivement le meilleur pain que l’on ai mangé aux Etats Unis. Lee nous fait la cuisine le soir, parce qu’en plus c’est un super cuisinier, et on discute de tout et de rien comme si on se connaissait déjà depuis très longtemps. On s’est tout de suite senti comme à la maison, c’était top et c’est je crois, la chose la plus précieuse quand on est sur la route toute la journée. Non seulement quand on est sur la route, mais avec nos gros sacs à dos et que souvent on est confondus non pas avec des voyageurs mais avec des sans abris. Techniquement nous sommes des sans domicile fixe, oui c’est vrai mais on est tout propre, on sent bon et on est en bonne santé. Nous sommes certes beaucoup plus propres mais l’allure semble être la même et on est décidé à se débarrasser de quelques affaires afin de n’avoir plus qu’un seul sac et j’espère que cela soignera notre image. Dans n’importe quel pays, il est clair qu’on voyage mais on s’est rendu compte très souvent que le regard des gens n’était pas très bienveillant et la plupart du temps très méfiant. C’est ce que nous expliquera Bri, lors de notre séjour chez elle dans les montagnes. Les américains sont très méfiants les uns des autres et les gens en sacs à dos sont au premier abord considérés comme dangereux. On comprend maintenant pourquoi on a galéré autant pour faire du stop par exemple. Nous avons encore expérimenté ça hier soir en arrivant à Portland dans un endroit peu plaisant de la ville, on s’est fait refuser une chambre dans un motel par un réceptionniste méfiant. C’est un peu un coup dur quand la fatigue est là et qu’on cherche juste à se reposer. Bref, voilà un petit aparté sur un des aspects d’être des voyageurs en sac à dos aux Etats Unis. 

Reprenons. Après une nuit des plus confortable chez Lee et un petit dej préparé par ses soins, nous partons avec Seb explorer la ville en passant par Chinatown et le ferry building qui abrite un marché permanent. Nous avons passé une bonne heure dans un super comics shop pour dégoter les dernières sorties du mois et se faire nos premiers cadeaux de Noël. Quand il a été l’heure de refaire nos sacs, les paquets cadeaux se sont avérés encombrants et j’ai même du jeter mon pantalon de pyjama. Ca valait le coup !! On a beaucoup marché ce jour là parce que tu connais notre haine des transports en commun. On est rentré par une épicerie bio pour trouver tous les ingrédients nécessaires pour cuisiner une tartiflette et du bon vin. On a réussi à trouver un bon rythme de cuisine quand on est chez nos hôtes, ce qui est absolument parfait car manger dehors tous les jours ce n’est pas l’idéal. Soirée réussie ! Le lendemain, un peu le même scénario avec la pluie en complément. Mais on ne se plaint pas car la Californie connait depuis un moment une sécheresse importante et cette journée de pluie était attendue comme un évènement. Le soir nous avons bu un café avec un de mes amis d’enfance pas vu depuis au moins dix ans. Il habite depuis quatre ans à San Francisco donc c’était un peu drôle de se voir ici. Ensuite nous avons retrouvé notre ami Lee pour boire du vin et manger du fromage dans différentes galeries de la ville, puis nous avons sauté dans un bus pour découvrir un autre quartier où nous avons mangé dans, ce qui est pour nous, le meilleur restaurant japonais ! C’était absolument délicieux. J’ai tellement hâte d’être au Japon. Nous avons ensuite fait une petite balade dans les hauteurs pour découvrir les lumières de la ville. Bref super soirée. 

Le lendemain, on décide de se lever un poil plus tôt pour partir se promener tous les trois. Lee nous prépare le petit dej et on commence à s’y habituer pour être honnête, et on monte en voiture pour une journée un peu hors du commun. On sort de San Francisco par le Golden Gate Bridge et on se retrouve dans un cadre tout à fait différent, des collines partout, de la campagne, des maisons sublimes. On roule jusqu’aux falaises qui nous mènent à une grande plage de sable noir où on va commencer notre chasse aux moules. Lee nous montre le rocher sur lequel on est sensé les ramasser, et la mer est trop haute et les vagues trop violentes. On se balade un peu puis on se pose face à la mer pour attendre que ça se calme. Finalement, sans rien dire, Lee retire ses vêtements et décide de braver les vagues pour nous pêcher le dîner. Avec Seb on reste au bord de l’eau pour lui hurler toutes les deux minutes de se cramponner au rocher quand les vagues arrivent. Il revient en courant, une poche remplie de moules immenses et tout trempé. Notre dîner s’annonce plutôt pas mal. Ensuite, on remonte la falaise, non sans mal, puis on prend la voiture direction le parc national Muir Woods, qui est rempli d’une espèce d’arbres qu’on ne connaissait pas, le Redwood. On fait une super randonnée de plus de deux heures et on en profite pour chasser les champignons. Lee s’y connait plutôt bien donc il nous explique comment reconnaitre tel ou tel espèce de champignons, comment différencier ceux que l’on peut manger et ceux qui sont toxiques, c’était une petite leçon très intéressante. On fini donc avec deux types de champignons dans le sac et là, le dîner s’annonce encore meilleur. Tout en marchant, on planifie de quelle manière on va cuisiner chaque choses. Et je sais que tu as vu les photos de ce dîner, donc pas la peine de redire que c’était délicieux. Ca rappelait beaucoup la maison, on a commencé à cuisiner en ouvrant une bouteille de blanc avec un petit apéro et comme Lee voulait améliorer son français, on s’est mit à causer français dans la cuisine. Bon, après il a fallu qu’on parte assez vite pour prendre notre bus qui allait nous emmener à notre train de nuit qui mettra dix heures à nous emmener à un autre bus qui mettra deux heures à nous emmener à Medford, Oregon. On se dit au revoir, le cœur très serré car c’était vraiment trois jours formidables et on espère de tout cœur pouvoir se revoir vite. C’est toujours difficile de quitter les gens quand on a l’impression d’avoir passé plusieurs semaines avec et de les connaitre comme des amis proches. C’est un des avantages du couchsurfing, c’est que même en restant trois jours avec quelqu’un, on partage tellement d’intimité, le réveil le matin, la sortie de la douche, la cuisine, qu’on se sent vite en famille et ça passe toujours trop vite. On ne veut jamais rencontrer la personne d’après car on est sûr que ce sera jamais aussi bien que ce qu’on a connut et finalement, on rencontre toujours quelqu’un de très différent mais toujours d’une générosité immense et c’est toujours avec le même sentiment qu’on quitte une maison. 

C’est donc avec ce sentiment qu’on quitte San Francisco. On s’endort très vite dans le train, on dort mal, on bougonne, mais de bon matin, sous la pluie on arrive dans une gare toute nulle et perdue au milieu de rien et on se remet à rire ! Je me suis réveillée vers 6h du matin dans le train et j’ai donc observé le soleil se lever pendant que Seb roupillait sur mon épaule confortablement. Je me suis rappelé depuis combien d’années je rêvais de ce voyage autour du monde et à quel point j’étais chanceuse et heureuse de pouvoir observer le soleil se lever aux quatre coins du monde. Ne dis rien si tu trouves tout ça niais, c’est mon article je fais ce que je veux hihi. Nous arrivons donc à la mini gare pourrie de Klamath Falls, en gros un bloc de béton dans lequel on peut rentrer et utiliser les toilettes. Je demande à la dame de l’accueil s’il y a un endroit où on peut prendre un café dans le coin et elle m’indique, selon elle, un supermarché qui devrait servir du café. On avait deux heures d’attente avant notre bus, alors on se dit, pourquoi pas découvrir à quoi ressemble ce trou paumé de l’Oregon où jamais aucun touristes n’a mis et ne mettra les pieds de sa vie. On marche une bonne dizaine de minutes et on arrive chez Gino’s. Alors Gino’s, c’est un concept. Disons que c’est plus qu’un restaurant, c’est non seulement un pmu, un casino, un restaurant pour toutes heures de la journée, un supermarché et the place to be pour boire des bloody mary. Ils ont un comptoir spécial bloody mary où tu te le fais tout seul et les gens venaient à répétition à ce comptoir entre deux essais aux machines à sous. Je précise qu’il était 9h du matin quand on est arrivé là bas. Juste au passage. Un petit dej vite englouti, quelques mots échangés avec Angelo, le tenancier, étonné de voir des français dans son bar, et on repart prendre notre bus pour Medford. 

Bri, notre nouvel hôte, nous attend à la gare de bus ainsi que deux femmes voulant nous faire intégrer leur église et nous faire prier sur le bord de la route. On préfère donc partir avec Bri, et je crois que c’était le bon choix. Evidemment, on était crevé mais une fois avec elle on a tout oublié, on est partis mangé dans un irish pub et une guinness plus tard on se retrouve dans la neige à faire de la luge et jouer comme des enfants. On s’est pris de belles gamelles et on est rentrés tout mouillés, glacés jusqu’aux os et avec quelques bleus mais avec le sourire aux lèvres, c’était trop cool. On se prend une douche chaude, Bri prépare de la soupe à la dinde et on se met tous les trois avec notre soupe, un thé et du chocolat devant des séries à la télé. Bri c’est l’hôte avec qui tu veux découvrir l’Oregon, crois moi. On se réveille pas trop tard, elle nous concocte un putain de petit dej !!! Pardon pour le gros mot mais franchement j’ai trouvé ça excellent !! Ca s’appelle le German Pancake mais ça ne vient apparemment pas d’Allemagne. C’est une sorte de pancake géant et épais comme ma cuisse sur lequel tu rajoutes du sucre glace ou de la confiture ou du sirop d’érable ou tout ce que tu veux. Oh ! Du bacon ! Bonne idée. Ca nous a tenu au corps pour toute la journée où nous sommes partis à deux heures de notre petite ville pour faire une superbe rando en raquettes. Tu as vu les photos de Crater Lake. Alors, pour la petite explication, c’est un ancien volcan qui a collapsé sur lui-même après ce qui a été sa dernière irruption. Il n’y a ni rivière ni rien pour faire venir de l’eau, la simple fonte de la neige quand le printemps revient et la pluie a permis de remplir le cratère d’eau pour former ce magnifique lac. C’est ce que Bri m’explique sur la photo où j’ai la carrure d’un bucheron canadien. C’était la première fois pour Seb et moi qu’on tentait la rando en raquette dans des mètres et des mètres de neige et on a adoré. On a du marcher plus de deux heures, c’était trop bien. J’avais bien mal aux jambes à la fin mais tellement contente d’avoir expérimenté ça et découvert ce lac. On était tout rouge à cause du vent glacial et tout beau bronzé. Et oui, on est encore assez bronzé tous les deux ! Le soir, douche chaude et on part manger dans un restaurant local où ils font leur propre bière et où tous les produits viennent de leur propre ferme à quelques miles de là. C’est tellement rafraichissant d’avoir des restau comme ça aux Etats Unis. J’aime définitivement l’ouest. On mange bien, c’est beau, il y a la mer, les montagnes, les canyons, c’est parfait. Après le restau, on réitère le petit moment séries télé et thé sous un plaid. Le lendemain on doit dire au revoir à Bri et voilà encore le même scénario, on est triste, c’était génial, on est persuadé de ne jamais retrouver d’hôtes comme ça et blablabla et blablabla. Et pourtant au moment où j’écris (oui car nous avons encore bougé et cet article aura été écrit en trois fois), je suis dans un joli salon au coin du feu avec des tonnes de décos de Noël autour de moi, un sapin gigantesque et des gens de l’âge de nos parents qui randonnent, qui font leur propre bière dans leur jardin, ils ont un four à pizza, un potager et ce soir on mange des champignons qu’ils sont allés cueillir. Et je suis sûre qu’on va être triste en les quittant. 

Je laisse le soin à Seb de raconter notre arrivée à Portland qui a été chaotique. Patience, tu sauras dans une semaine tout tout. Voilà, c’était mon dernier article aux Etats Unis donc il était un peu long je sais mais c’était une semaine vraiment intense et je trouvais cool de raconter mon ressenti sur certaine chose pour en quelque sorte faire un bilan américain. On en fera un quand on sera au Canada car il y a beaucoup à dire sur ce pays qu’on aura traversé en trois mois. La semaine prochaine, on quitte les Etats Unis et une nouvelle aventure démarre !! Trop hâte !!

Bisous à tout le monde ! Vous nous manquez tous bien fort !

Zoé