Nous sommes jeudi 7 juillet et je commence mon article à l’heure ! C’est pas fou ça ? Je ne soignais plus trop mon rythme de travail depuis un moment mais voilà que je me reprends. La raison est toute simple, nous sommes en Inde depuis une semaine et demi maintenant et on adore. Une deuxième raison existe. Nous sommes rendus au jour 291 de notre voyage et je ne sais pas si tu sais mais nous aurons un total de 306 jours de folie derrière nous lorsque nous toucherons le sol à Paris Charles de Gaulle alors tout ça, ça veut dire une chose, c’est mon dernier article… Je compte bien ne pas le louper alors il faut que je me concentre et que je l’écrive en temps et en heure comme ça j’ai le droit de bénéficier d’un jour pour la relecture et les modifications. Pfiouuu 291 jours de visites, de rencontres, de trajets en train, bus, voiture, avion, bateau, et on commence à voir la fin arriver. On est un peu à cran d’ailleurs car ça se bouscule pas mal dans nos petites têtes, on a mille envies et on les veut tout de suite, on est trop impatients ! Même si l’Inde est un régal tous les jours, l’appel de la baguette de pain résonne comme le doux son d’un accomplissement de cette dure année de voyage qui aura été notre plus belle expérience de vie à tous les deux. Bon désolé, mais c’est difficile de ne pas parler de la fin et se concentrer sur la semaine dernière lorsqu’on est si proche de retrouver une couette et des draps propres. Mais reprenons nos petits moutons car cette semaine était juste géniale, pleine de découvertes en tout genre, de discussions passionnées sur notre vie passée et future, ainsi que d’expériences de mort imminente. Je répète… l’Inde c’est intense… 

Seb nous avait laissé avec nos visites de Cochin et notre petit restaurant où les serveurs s’étaient assis pour nous regarder utiliser nos couverts et nos petites serviettes, c’était bien rigolo. Ils avaient l’air contents de nous revoir le lendemain mais on ne les intéressait plus du tout, on a cru comprendre que la patronne du jour était moins commode que le monsieur à lunettes de la veille. Ca peut sembler fou comme scénette mais c’est véridique et à chaque fois qu’on se pointe dans un restau où évidemment nous sommes les deux seules petites têtes blanches, ils sont toujours tous très serviables et veulent tous s’occuper de nous. En même temps quand on parle de restaurants, il faut évidemment entendre boui boui cantine avec des cuisines ouvertes noires de fumée et plein d’indiens partout qui se bousculent alors forcément, nous on arrive tout sourire et on prend nos aises dès le premier instant en saluant tout le monde et en commandant comme si on savait exactement ce qu’on allait manger, ça fait cool. En plus, maintenant on sait comment boire notre chai quand il nous est servi alors on ne ressemble pas à des débutants. 

Le chai c’est un thé indien dont on est tombés amoureux tous les deux, on en a plein dans notre sac. C’est tout simplement du thé noir infusé dans du lait bouillant avec beaucoup de sucre et des épices. C’est un vrai régal ! Il est servi dans un verre en métal qui lui-même est posé dans une coupelle en métal. Il y a du chai dans les deux récipients… Alors bon, la première fois, j’ai dis à Seb « On est d’accord ? On va pas boire le jus du fond de la coupelle hein ? Ca semble un peu dégueu ? » Il m’a répondu que évidemment il ne le boirai pas alors nous avons bu juste le verre et nous sommes partis en se disant que ce thé au lait n’était aussi bon que celui que nous préparait la maman de Cochin et puis le sucre était collé au fond du verre, franchement c’était du travail peu soigné. Bon… Après ça on en a pris un autre dans un autre restaurant et le serveur adorable est venu vers nous lorsqu’on à porté le verre à notre bouche et nous à dit non de la tête. On a posé tous les deux et on l’a regardé faire sans un mot. Il a versé le verre dans la coupelle et puis la coupelle dans le verre en faisant couler le tout d’assez haut pour mélanger. On est resté coi un instant et on a fait le fameux « aaaahhhhh… » On l’a remercié et même donné un pourboire pour cette chouette démonstration qui maintenant nous permet de jouer les experts du chai dans tous les restaurants. On s’est senti bien bêtes mais ça nous a aussi bien fait marrer. De toute façon, depuis que nous sommes arrivés, on aime tout ce qu’on mange. Ne mentons pas, des fois c’est trop épicé et difficile à manger mais derrière le qui-pique-trop c’est toujours délicieux. Mais ne mentons pas non plus sur le fait que la nourriture asiatique, on en a un peu marre. On sent bien qu’on ne mange pas assez depuis un moment et là c’est encore plus le cas en Inde car beaucoup de restaurant ne propose que du végétarien. On a rien contre, c’est toujours un régal mais ça n’apporte pas les mêmes bonnes choses qu’une côte de bœuf, soyons honnête. Et puis souvent, on ne sait pas ce qu’on commande ou alors on commande du poulet et on nous amène du tofu alors le bidon à souvent faim au coucher. Tu me diras, on pourrait commander plus parce qu’on mange pour un euro chacun en moyenne (avec des naans, des riz, des masala, de l’eau, des chai) alors ce n’est pas une question d’argent mais les indiens sont trop rapides pour nous. Il faut commander très vite, tu as à peine le temps de lire le menu (que de toutes façons tu ne comprends pas), ensuite tu manges à toute vitesse car ils ont déjà amené ta note et puis y’a la queue derrière. On s’est rendu compte de ça, depuis le premier jour au Japon, manger est devenu notre activité la plus rapide de la journée. Pour te donner une idée, on ne doit passer pas plus de 20 minutes dans un restaurant depuis quatre mois entre le moment où tu entres jusqu’au moment tu sors. Avant, le repas était ce moment où on pouvait refaire le monde ensemble, maintenant ça ressemble plus à « hummmmm quechque chai bon ! che t’aime ! » et on refait le monde sur le chemin du retour en faisant des rototos. 

Parenthèse culinaire terminée. Le lendemain de notre visite de Cochin nous avions prévu d’aller acheter des épices et du thé à ramener dans nos bagages. On a profité d’être dans notre petite famille pour leur demander conseils, ni une ni deux je me suis retrouvée seule sur le scooter du fils, cheveux au vent vers le marché aux épices. Alors quand ils disent marché, moi j’aime bien car ça sent le truc un peu éphémère mais en fait non c’est une rue où il n’y a que des magasins d’épices et ça sent bon tout partout. Il choisi de me déposer devant une boutique tenue par trois jeunes femmes qui discutaient assises par terre. Elles étaient si jolies avec leur belles tenues colorées et leur grand sourire, j’étais contente de ne pas tomber sur cinq vieux bonhommes en jupette. Non pas que je ne les aime pas, ils sont tout aussi adorables mais comme le fils est parti chercher Seb et m’a laissé seule pendant dix bonnes minutes j’étais contente d’être avec des copines. Elles m’ont fait sentir tous les pots qu’elles pouvaient avoir, m’ont expliqué comment utiliser chaque épices et d’où elles venaient, elles remplissaient mon petit panier jusqu’à ce que je dise qu’il fallait quand même que j’attende mon amoureux pour choisir avec lui. Elles m’ont donc assise au milieu du magasin et ont commencé à me faire gouter des petits fruits secs en rigolant, c’était un super moment. Seb est arrivé tout sourire, c’est vrai que la balade matinale en scooter à tout vitesse à travers la ville était très agréable. Première expérience de mort imminente cela dit. La route en Inde, c’est dangereux. Très dangereux. N’entreprends pas de traverser une route à deux voies si tu es déprimé… Bref, on a choisi nos petites épices et nous sommes repartis. Moi la première et j’ai observé Seb se faire asseoir et tourner autour dans le magasin en partant à vive allure en deux roues. Il a aussi eu le droit de gouter plein de petites choses et s’est fait questionner sur les breloques accrochées à son sac. Tout ça s’est passé très vite et nous sommes revenus à la maison avant de repartir se promener à pieds dans la ville. 

La chaleur était tellement harassante que nous n’avons rien entrepris de trop foufou, c’est pourquoi nous avons marché un peu jusqu’à un endroit sympa où boire un lassi frais dans une salle climatisée. Le soir est venu vite et nous devions aller voir un spectacle de Kathakali, du théâtre dansé originaire du Kerala. Cela mélange la danse, le drame, le langage corporel et la musique pour nous raconter des épopées célèbres hindous. Les maquillages et les costumes sont saturés en couleurs et sont très extravagants ce qui rend le tout incroyablement intéressant tant tout est nouveau pour nous pour les yeux comme pour les oreilles. A l’entrée, une petite mamie cachée nous vend un sachet de chips de tapioca maison pour 20 roupies que nous auront grignoté durant la séance de maquillage à laquelle nous pouvions assister. Les acteurs s’assoient sur la scène, nous sourient tous gentiment lorsqu’on croise leur regard et se concentre pendant plus d’une heure pour perfectionner leur maquillage. Ils font toutes les couleurs eux même face à un petit miroir qu’il tienne à une main et de l’autre ils vont tremper leurs doigts dans des pigments de toutes les couleurs pour effectuer des graphismes d’une précision folle. Un monsieur sur la scène s’occupait, lui, d’orner certains acteurs avec des barbes en papier d’un design très précis selon le personnage joué, le travail était incroyable. Ensuite, nous avons eu droit à quelques explications, comment était fabriqué les pigments, comment se jouait le kathakali, ce que ça racontait, d’où ça venait. Un des acteurs est venu nous faire une démonstration sur scène en musique de quelques expressions de jeu et de la manière de communiquer uniquement avec son corps. Puis nous avons assisté à une histoire en trois scènes qui racontait la mort de Baka, un démon qui se fait tuer par le fils du vent. Tout ça était bien complexe et un peu dure pour les oreilles tant le son des instruments de musique était très fort mais nous avions une feuille pour nous traduire les dialogues corporels qu’échangeaient les personnages. Nous sommes ensuite allés manger dans notre boui boui favori de Cochin avec l’homme aux trois pouces et nous sommes rentrés nous coucher dans notre four. Il faisait 35-40 degrés la journée comme la nuit et les coupures de courants étant très fréquentes en Inde, le ventilo se coupait systématiquement au moment où on réussissait à fermer les yeux et on commençait à cuire doucement. Le ventilo ne relançait que de l’air chaud et se balançait juste au dessus du lit mais moins on sentait un peu l’air circuler ce qui évitait de suffoquer. On a passer de super moment dans cette famille mais nous n’avons que très très peu dormi il faut bien le dire. 

Parlons un instant de la chaleur et de la crasse. Depuis Shanghai, soit depuis le 20 avril, la chaleur et l’humidité ne font qu’augmenter de jour en jour. Depuis Shanghai aussi, les lavomatiques c’est fini, y’a plus… On commence à jeter des affaires à la poubelle car elles sentent trop mauvais et que l’humidité n’aide pas à sécher la petite boule sentant mi le savon mi la vieille sueur qui sort du lavabo lorsqu’on lave nos fringues à la main. Cela fait donc trois mois maintenant qu’on suffoque de chaud tous les jours et qu’on se sent extrêmement sales. Jusqu’à l’Inde, les douches nous aidaient à nous sentir un peu mieux, nous donner de bonnes odeurs et la peau un peu douce. Maintenant, on se douche à l’eau froide, sans pression et même des fois juste au seau. On se sent donc un poil plus frais après mais rien de génial et puis de toutes manières, on remet nos affaires puantes pour sortir le lendemain. Comprends tu maintenant quand nous parlons de confort de la maison ? C’est important de préciser ce genre de petits détails car on oublie vite à quel point s’enrouler dans sa couette qui sent la lessive le soir après avoir mangé un plat cuisiné avec amour et une bonne douche c’est un petit privilège auquel il faut prêter un peu attention. Faut que pas ce que je dise soit mal compris, c’est pas pour nous que je dis ça hein, nous on va rentrer et récupérer tout notre confort mais je pense juste au monde qui nous entoure et c’est loin d’être une norme, très loin. Voilà pour la pensée un peu profonde du jour…

Où en sont nos moutons ? Ah oui, et bien nos moutons quittent Cochin voilà tout et par le train de nuit. Nous avons fait confiance à nos hôtes pour nous réserver le train qui nous emmènerait à Madurai et surpriiiiiise y’a pas d’autres solutions que le train ou le bus de nuit. Il parait que le bus c’est très dangereux, ce qui ne nous étonne pas vu l’état des routes et la conduite indienne, alors nous choisissons le train et on demande tout de même des couchettes, enfin quelque chose d’un peu confortable. Il y a beaucoup de catégories différentes dans les trains en Inde et c’est un peu complexe la première fois. Nous, on choisi de voyager confortablement mais pas non plus dans les meilleurs classes. On choisit donc la troisième classe en couchette. Ca veut dire que c’est la classe la moins chère où tu peux encore trouver du l’air climatisé et honnêtement c’est préférable car on a aperçu l’état des wagons sans clim, c’était pas engageant. Pas de fenêtres, juste des barreaux pour ne pas sauter à l’extérieur, et des couchettes tout partout sans lumière ni oreillers ni rien. Nous ça semblait luxe à côté. Déjà, nous sommes arrivés tôt à la gare car c’était assez loin et on voulait anticiper. Un long et chaotique trajet en bus, une longue marche à travers la circulation de nuit et nous voilà à la gare… trois heures avant notre train et pas d’endroits où manger. Du coup, on s’est assis dehors à papoter mais le temps commençait à être long et puis les gouttes de sueur trempaient nos fringues avec lesquelles on devait passer la nuit. Alors là, on a joué les riches. On a remit nos sacs sur notre dos, nous sommes allés nous acheter du coca et des chips de tapioca au magasin de la gare et nous nous sommes payé deux heures d’attente dans une salle tout propre, climatisée avec des toilettes « européennes » avec papier toilette. Deux heures pour deux personnes pour un euro. Ca valait le coût !! Bon c’est l’heure de notre train. On comprend pas grand-chose à ce qui est noté sur la voie mais en parlant à deux trois personnes on trouve quand même notre wagon. Là, pas de compartiments ni rien, juste des couchettes les unes au dessus des autres sur toute la longueur du wagon mais avec un peu de lumière, un mini air de clim et des ventilo tout poussiéreux. On avait deux places en hauteur c’est-à-dire à quelques centimètres du plafond noir de crasse. Sur le coup, j’étais pas ravie, Seb était tout content car il s’attendait à pire et qu’on pouvait garder nos sacs avec nous sur les couchettes ce qui retirait l’angoisse du vol pendant qu’on dort. C’est vrai qu’une fois le train parti, j’ai vite trouvé ça cool et j’ai laissé les tremblements du train me bercer pour m’endormir. On a bien mieux dormi dans ce train que chez notre famille où on suffoquait de chaud ou que dans tous les transports de nuit qu’on a pu prendre avant. Toute la nuit, des vendeurs sont passés pour vendre du chai ou des choses à manger, on était tout cachés en hauteur donc invisibles ce qui nous protégeait un peu de cette vie nocturne, on pouvait donc observer tranquillement depuis nos couchettes. 

Nous sommes arrivés douze heures plus tard, à l’heure, à la gare de Madurai. L’hôtel devait être à 500 mètres de là donc facile à trouver, ce qu’on avait pas calculé c’était l’état de la circulation, la chaleur, la poussière qui vole et le fait que notre site de réservation avait oublié un kilomètre sur les 500 annoncés. La marche fut un peu rude mais nous sommes finalement arrivés à bon port sans se faire écraser par une vache, un touc touc ou un camion. Nous avons posé nos affaires et nous avons pris quelques heures pour se relaxer avec nos lectures et faire une petite sieste avant de sortir explorer un peu. Lorsque nous avons émergé il faisait déjà nuit donc la soirée fut courte ce qui nous allait très bien car nous avions bien envie de continuer de dormir pour la nuit. 

Ce n’est donc que le lendemain que notre aventure à Madurai a commencé. Nous avions repéré quelques endroits à visiter mais nous avions le temps alors pour la première journée dans la ville, nous avons décidé de se promener dans les rues, trouver un endroit sympa où manger, voir la place du temple Meenakshi et faire un passage chez les tailleurs pour voir ce qu’on pourrait en tirer de bon. Les tailleurs de Madurai sont très réputés et se trouve dans un marché couvert dans les ruines d’un temple, l’endroit est donc vraiment magnifique et très frais. Nous avons donc passé beaucoup de temps là bas avec le petit groupe de tailleurs qui s’était pris d’affection pour nous tant parce qu’on était des bons payeurs que parce qu’on leur demandait des choses qui sortaient de leur style habituel. Je pense ne pas dire de bêtises quand je dis qu’ils se sont autant amusés avec nous que nous avec eux. La première journée, moi je leur ai fait confiance pour une tenue typique selon eux, j’ai juste choisi mes tissus et franchement je ne savais plus où donner de la tête. Des multitudes de textiles aux milles couleurs et motifs ! Pour ceux qui me connaisse, c’est assez évident que depuis le voyage je m’habille de manière relativement classique et je commence à en avoir marre. Les motifs me manques terriblement, je pense notamment à ma jolie robe poisson, mon legging Van Gogh et mes bottes de cowboy qui m’attendent dans un tiroir depuis dix mois maintenant. Alors quand je me suis retrouvé face à tous ces choix c’était difficile de choisir car je savais bien que je n’allais pas refaire entièrement ma garde robe. D’un côté c’est un peu kitsch aussi alors fallait pas trop s’emballer. Bref, ils prennent mes mesures, mes choix de tissus et hop c’est parti pour une tunique et un pantalon fluide que je pourrais venir chercher dans quelques heures et qui me coutera quelques euros seulement. Dans un coin de ma tête, je garde à l’esprit que si la tenue est bien faite, je demanderais d’autres choses. Seb lui, était parti de son côté avec un autre tailleur pour une idée de veste en coton. Je le vois revenir tout content avec plein de superbes tissus aussi dans les bras. Nous nous sommes tous posés ensuite sur le comptoir pour discuter de la coupe, des mesures, du design de la veste car Seb voulait quelque chose de bien précis. Ils étaient tantôt trois, puis cinq, puis six autour de nous pour bien comprendre le modèle qu’ils devaient faire. C’était super intéressant d’assister à tout ça car moi bien sûr, je suis restée silencieuse sur mon tabouret à les observer discutailler de ce à quoi devait ressembler cette fameuse veste. J’avais le droit à des sourires complices de la part d’un des types qui s’amusait de la complexité du bordel car lui au final, il s’en fichait, il s’occupait des prix. Au bout de peut-être trente minutes, ils ont appelé un autre tailleur qui devait venir de l’autre bout de la ville, car il est arrivé quinze minutes plus tard avec son casque de moto. On a tout de suite compris, ils ont fait appel au big boss des vêtements compliqués. Il était très sérieux et écoutait attentivement toutes les explications de Seb. Finalement, ils se sont tous mis d’accord, on devait venir chercher la veste dans 48h et le prix était fixé. Seb, tout heureux a conclu le marché et nous sommes repartis main dans la main vers les rues chaudes de la ville puis nous avons trouvé un endroit pour boire un coca frais. Les jours qui ont suivis était terriblement angoissant pour Seb, même moi j’avais peur pour cette veste, on se demandait vraiment si tout ça était une bonne idée et ce à quoi ça allait ressembler. 

Le soir, nous sommes allés chercher ma première tenue qui était tout à fait à mon goût et qui nous a confirmé que déjà, ils savaient bien coudre. Nous nous sommes trouvé un super restaurant/cantine végétarien où il y avait énormément de monde. Les tables étaient prévus pour accueillir au moins six personnes donc nous avons mangé avec une famille, c’était très sympa comme ambiance. Sur le chemin du retour, nous sommes tombés sur ce qu’en Inde est appelé une bakery. Alors ça n’a rien à voir avec une boulangerie évidemment. En gros, une bakery c’est un endroit où ils cuisent des trucs. Alors, on peut en trouver où il n’y a que des chips maison, d’autres où ce sont des choses salées frites dans un wok géant plein d’huile, là, il y avait du salé, du sucré, des gros gâteaux, des pizzas et un type adorable qui parlait très bien anglais. On a pu lui poser plein de questions et on est repartis avec un sac plein de noix de cajous grillées, un délice, et des sortes de pâtisseries indiennes pour gouter. On a beaucoup aimé cette endroit et nous y sommes retourner le lendemain pour gouter d’autres choses avant d’aller voir nos tailleurs pour demander de nouvelles choses. Seb avait en tête de se faire deux nouvelles chemises et moi une robe, un t-shirt et un autre pantalon. Nos vêtements sont maintenant beaucoup trop sales et puant pour continuer la route avec nous. Pour te donner une idée, hier j’ai lavé mon pantalon bleu que j’ai depuis le départ dans le lavabo de l’hôtel et je me suis retrouvée avec une eau jaune marron et une couche de gras de plusieurs millimètres à la surface de l’eau… Il est temps qu’on jette tout ça. 

Pour les derniers jours à Madurai, nous avons visité le grand temple du centre ville. Pour entrer dans le temple, il faut laisser chaussures et appareil photo à l’entrée. Les dalles du temple qui chauffent au soleil ont brûlées nos petits pieds qui ne sont pas habitués à marcher sans chaussures. Avant d’entrer dans la partie couverte, une dame s’est avancée vers moi pour me demander d’où on venait et elle m’a collé un petit point rouge en mousse sur le front et m’a attaché des fleurs de jasmin tressées dans les cheveux. Je me suis sentie bien jolie malgré mes vêtements qui sentaient le bouquetin et mes pieds baignant dans les cacas de pigeons. Elle m’a dit que c’était cadeau et est partie avec un grand sourire. On s’est dit que c’était bien gentil de ne rien nous vendre et ne pas me faire payer pour les fleurs mais bien sur, elle est revenue me voir à la sortie du temple et comme j’avais beaucoup aimé son geste précédent, je lui ai acheté des cartes postales. Dans les temples, il y a beaucoup d’endroits qui sont réservés aux hindous et dans lesquels nous n’avons pas le droit d’entrer, nous avons donc errer un petit peu avant de retourner voir les tailleurs pour récupérer les t-shirt qui étaient très réussis et manger un morceau. 
Le lendemain, notre dernier jour à Madurai, on avait prévu d’aller chercher la veste de Seb, de prendre un touc touc pour aller dans un autre coin de la ville où se trouve un mausolée de Gandhi et un restaurant avec un menu italien et américain pour manger de la viande. Nous sommes arrivés un poil trop tôt pour la veste mais les tailleurs étaient tous là, on a juste dû attendre l’homme en moto qui avait travaillé deux jours non stop chez lui sur le vêtement de Seb. Lorsqu’il est finalement arrivé, il avait l’air un peu stressé, les autres tailleurs aussi et nous évidemment encore un peu plus. Seb a sorti la veste du sac et avec surprise on a découvert un vêtement vraiment très bien fini avec les beaux tissus que Seb avait choisi et lorsqu’il l’a passé sur son dos, c’était vraiment bien taillé. Ils ont tous retenus leur souffle et quand Seb a fait un grand sourire en disant qu’il adorait, ils se sont tous détendus et se sont mit à rire. Le type à moto avait l’air super soulagé et fier que son travail reçoive de tels compliments. Bon, bien sûr, c’était pas exactement ce que Seb avait dessiné avec eux mais le résultat final est vraiment cool et d’une bonne qualité, ça fera une parfaite veste de demi saison pour la France. 

Nous avons ensuite mangé et nous sommes partis voir la mausolée qui était fermé à notre arrivée… Un peu dégouté, on s’est promené pour attendre l’ouverture du restaurant où nous avons mangé bien tôt mais nous nous sommes régalé avec une entrée, un gros plat de viande en sauce avec de la purée et des légumes. Un super dessert après ça et nous étions rassasiés pour seulement une vingtaine d’euros à deux. La route du retour était trop cool. Nous sommes sortis du restau pour trouver notre touc touc du retour, le premier sur qui on tombe nous explique qu’il attend quelqu’un et nous appelle un type qui passe dans la rue. Au même moment un groupe de cinq ou six indiens passent à côté de nous et nous demande où nous allons, ils ont simplement expliqué au touc touc où nous déposer et ils sont partis. En gros nous n’avons rien demandé à personne et on était déjà partis à toute allure, klaxonne à fond à travers la ville pour rentrer à l’hôtel. C’est à ce moment là que le touc touc est devenu notre nouvelle activité favorite ! C’est dangereux mais trop rigolo, on se croirait dans une course de Mario Kart, on aurait eu des bananes, on les aurait jeté sur les autres touc touc pour aller plus vite. On était mort de rire à l’arrière et lorsque nous sommes arrivés, c’était notre chauffeur qui était tout heureux et rigolard de nous avoir ramené et de voir qu’on ne négociait pas le prix. Ce fut notre dernière soirée et c’était bien agréable.

Voilà, c’est le moment où je te quitte car j’ai terminé ma petite semaine de folie indienne et que la prochaine fois que j’écrirais ce sera dans un article commun avec Seb et ce sera à l’aéroport de Dubai pendant notre escale avant l’avion pour la France. Je me souviens du premier article que j’ai écrit avec un bagel à la main à Washington et en prenant du recul je vois bien que nous avons fait beaucoup de chemin. Je suis un peu nostalgique même s’il me tarde de rentrer à la maison. Allez, je repars dans les rues animées de Trichy pour profiter à fond des derniers instants de ce premier tour du monde.

Zo-