Et voilà, le compte à rebours pour notre retour est lancé. Il ne reste plus que trois semaines avant notre retour. Trois semaines! Ce n'est rien du tout. On part pour un an faire le tour du monde et soudain on se retrouve dans le dernier pays de la liste et il ne reste plus que trois semaines. Heureusement qu'on a plein de choses à faire au retour et qu'on commence à avoir envie de rentrer, parce que sinon ce constat de temps restant serait déprimant. Mais je ne suis pas là pour conter le temps qu'il nous reste à faire, plutôt celui qui s'est encore écoulé. Nous avons passé nos derniers jours en Malaisie après être devenu des plongeurs certifiés dans l'archipel de Langkawi. Puis nous nous sommes envolé pour l'Inde où nous sommes maintenant. Je peux d'ors et déjà spoiler un peu sur la seconde partie de cet article, on adore l'Inde. Il fait une chaleur encore plus abominable qu'en Malaisie, le taux d'humidité dans l'air fait qu'on n'a jamais la sensation d'être propre et on galère à faire un itinéraire qui nous évitera les zones où le paludisme est élevé. Mis à part ça, les gens sont fantastiques, le choc culturel - même après dix mois de voyage - reste entier, la nourriture est excellente et on a déjà cassé la figure à quelques fausses idées reçues que les gens - qui sont venu ici ou pas - nous avaient balancées à valeur de conseils universels. Mais je m'avance un peu, revenons d'abord à la Malaisie.

On gardera un souvenir ému du temps qu'on aura passé dans ce pays. Cela fait partie de ces endroits où le coup de foudre n'est pas immédiat, mais où petit à petit on se rend compte qu'on éprouve beaucoup de tendresse pour le lieu et surtout pour les gens. Les Malais sont - pour ceux que nous avons pu rencontrer et fréquenter - des gens d'une extrême gentillesse. Ils ne se prennent pas la tête à faire de roublardise, à mentir aux touristes sur les prix des choses où même à faire passer des vessies pour des lanternes (ça faisait longtemps que je voulais utiliser cette expression et je n'avais encore jamais eu l'occasion). Dans certains des pays que nous avons visités, les gens sont des adeptes des superlatifs. Là, on a le meilleur ceci. Ici, c'est le truc le plus long du monde. Là, c'est le bidule le plus fréquenté de machins. Pas de ça avec les Malais. Vous leur parlez d'un endroit à visiter, ils vous donnent les horaires d'ouverture, vous expliquent comment y aller ou vous y emmènent directement. Ils peuvent vous expliquer à quoi ça sert ou vous en raconter l'histoire et si on en trouve une autre version dans un autre pays, il vous explique la différence. Jamais ils n'ont perdu du temps avec nous à prétendre des choses ou a faire des jugements de valeur dispensable. Ce que vous en pensez et ce que vous ressentez n'est laissé qu'à votre discrétion. Un exemple concret pour illustrer : L'ile de Penang est essentiellement connue pour attirer des touristes fans de cuisine. On y trouve des spécialités Malaises, Indiennes, Chinoises, Thaïlandaises et Vietnamiennes - ainsi que des plats, tel que le Laksa, qui sont le résultat de l'influence d'une cuisine sur une autre. Le patron de notre auberge, le premier jour de notre arrivée, nous a donné une carte de Penang sur laquelle étaient inscrites toutes les spécialités qu'on pouvait trouver en ville et les adresses des restaurants qui les servaient. Nous donnant la carte, il nous dit ceci : "Voici toutes les spécialités du coin. Lisez-la description des plats et voyez ceux qui vous font le plus envi. Après vous allez dans un restaurant ou un food court pour le goûter. Généralement, ils se valent tous et comme tout le monde à des gouts différents, il ne servirait à rien que je vous prétende qu'un tel est mieux qu'un autre. Les prix sont à peu près pareils partout aussi. Vous pouvez essayer le même plat à différents endroits aussi, mais vous verrez qu'ils sont globalement pareils."

Dans bien des cas se manque de promotion génère de véritables surprises. On ne s'attend à rien et avant de s'en rendre compte on a vu ou fait quelque chose de fantastique. Lorsqu'on a fait le bilan de ce que nous avons fait là-bas en un mois et demi, on s'est rendu compte que jamais on avait été déçu de quoi que ce soit, et ce à aucun niveau.

Nos derniers jours en Malaisie se sont écoulés paisiblement à Kuala Lumpur où nous devions prendre notre avion. Le retour de Langkawi par le bus nous a pris l'intégralité de la journée du vendredi. Avec un départ le matin à neuf heures, pour une arrivée le soir à neuf heures. Heureusement nous avions trouvé l'opportunité d'un bon hôte avec une piscine à débordement sur le toit et de copieux petits déjeuners. Idéal pour se recharger un peu avant de partir vers notre dernière destination. Comme nous avions bien quadrillé la ville les deux fois où nous étions venu avec mes parents, il ne nous restait pas grand-chose à explorer. Notre semaine de plongée avait réveillé en nous une passion nouvelle pour le monde sous-marin. Aussi nous avons décidé d'aller passer une journée à l'aquarium pour en apprendre plus sur les créatures avec lesquelles nous avions nagé. Après quoi, la chaleur de la ville nous ayant fatigué on retourna profiter de notre piscine au onzième étage avant de trouver un restaurant servant, pour une somme dérisoire, des sushis et autres spécialités japonaises à volonté. C'est un peu étrange comme le fait de voir nager ses créatures dans un bocal nous a donné tout d'abord envie de les copier et d'allé nager dans le notre, avant de réveiller une envie de les manger. Je ne sais pas trop ce que la psychologie moderne aurait à dire de tout ça.

Bien vite le moment de prendre l'avion arriva. Ce n'est une surprise pour personne que de dire que le moment d'attente pour le vol fut un petit moment d'angoisse pour Zoé. Comme elle l'avait précédemment raconté, elle avait fait une crise d'angoisse dans l'avion pour Shanghai, peu de temps après le tremblement de terre au Japon, et depuis chaque vol était une source de Malaise. Mais Zoé est une jeune femme intelligente et que n'accepte jamais de succomber à des frayeurs irrationnelles. Nous avons donc eu au cours des derniers mois de nombreuses discussions sur le sujet et elle a beaucoup lu aussi sur la question. Les vols qui relient la Malaisie à l'Inde ou à l'Indonésie font partie des vols turbulents en cette saison en raison des fréquentes tempêtes et orages qui sont présents au départ et/ou à l'arrivée. Lorsque les premières turbulences - un peu fortes, il faut l'admettre - se sont faite sentir, elle a décidé de prendre les devants et de ne pas se laisser aller à la panique. Depuis longtemps maintenant elle voulait prendre le temps de discuter avec le personnel de bord pour mieux comprendre le fonctionnement d'un vol et leur travail. Elle s'est donc levée et est allé discuter avec eux. Une charmante hôtesse de l'air s'est tout d'abord assise avec elle - comme une copine - à boire un verre et à discuter de son métier et de sa vie. Un autre Stewart a pris le temps de lui faire visiter les différentes parties de l'appareil où il était autorisé à l'emmener et lui expliquer différents détails techniques. Après une heure de discussion et d'instruction, ma petite Zoé est revenue toute contente. Elle a couché sa tête sur mes genoux et a dormi le reste du vol.

Nous sommes donc arrivés en Inde, non pas sous la tempête, mais poussés par une brise légère. Nous nous attendions à une pluie battante à cause de la saison des moussons, mais non. Le sol était humide, mais le ciel était clair. Il était déjà très tard le temps de passer la douane et de faire notre véritable entrée sur le territoire. Nous avions donc opté pour un hôtel anonyme en face de l'aéroport pour notre première nuit afin de nous simplifier la vie. Ce dernier se révéla cependant très confortable et le personnel plus que charmant. Le serveur pour le petit déjeuner s'est pris d'affection pour nous et a eu à coeur de nous faire découvrir quelques spécialités indiennes. Ce fut notre premier contact avec la nourriture en Inde et déjà il y a eu coup de foudre pour les papilles. C'était très bon. On s'attendait à quelque chose de très épicé, à avoir chaud dans la bouche, sur la langue et mal au ventre à la fin... Non, mille fois non. C'est savoureux, c'est riche, ça pique un peu, mais ce n'est pour le moment rien comparé à la nourriture thaïlandaise que j'ai goutée en Malaisie.

Le lendemain matin, bien reposé, il était temps de commencer pour de vrai à se mettre dans le bain. Nous avions prévu pour débuter notre immersion avec la culture indienne de passer nos premiers jours dans le pays à loger chez une famille. Famille chez qui nous sommes encore actuellement au moment où j'écris ses lignes. Je crois qu'on n'aurait pas pu mieux tomber pour un premier contact. Le couple qui nous reçoit en juste charmant. On adore être avec eux et suivre leurs conseils pratiques et leurs recommandations. Si vous devez un jour aller en Inde et séjourner quelque temps à Cochin, par pitié demandez-nous leur adresse et allez chez eux. Promis vous ne serez pas déçu.

Pour notre premier tour dans la ville historique de Cochin, nous avons déambulé le long des quais à l'endroit où se trouvent les filets de pêche chinois. Sur un plage composée à quarante pourcents de déchets plastiques, se dressent ces grandes installations toujours en activité. Dans ce quartier, on trouve donc aussi un marché aux poissons. Donc résumons le détail des opérations. On remonte le filet dans lequel se débat gentilement poissons, crevettes, bouteilles et sacs plastiques. On trie le bazar. Cette opération consiste à séparer les poissons et crustacés qui sont stockés dans des caisses en polystyrène, du tout-venant qui eux sont soigneusement rejetés sur la plage. Quelques heures plus tard, la mer remonte, emporte de nouveau une partie de ses déchets. Et puis le lendemain, ils les récupèrent de nouveau dans les filets et les rejettent. Ainsi le cycle continue encore et encore. Le bon poisson est lui chargé pour partie dans des touc-toucs, ou vendu au détail directement sur place au marché aux poissons. Là des choses mi-vivantes/mi-mortes sont posées sur les étales. Les Indiens achètent et nous, on n'ose pas - et puis, de toute façon, on n'a pas de cuisine. On se balade paisiblement, quelques gens nous regardent longuement, mais toujours avec le sourire. On n'est pas dans le schéma de la Chine où on se faisait arrêter pour se faire prendre en photo - un peu comme des bêtes curieuses au zoo -,  ni comme en Malaisie où on était totalement transparent - compte tenu de la mixité de la population -, mais plutôt dans un entre-deux. Ils connaissent bien les touristes Européens,  mais cela semble les amuser de nous regarder faire des choses à notre manière parce qu'on ne fait pas comme eux. Particulièrement pour la question du mangé, ce sur quoi je vais revenir. Dans mon cas, j'attire beaucoup de regard et j'ai beaucoup de questions sur les petits porte-clés et grigris colorés accrochés à mon sac. Ma petite figurine de Son Goku aux cheveux bleus et à la tunique orange rencontre particulièrement de succès.

Après cette marche, il faut l'avouer fatigante à cause du climat, nous sommes retournés voir notre famille qui nous a recommandé un endroit pour le dîner. C'est l'avantage d'être avec eux, et croyez moi ce n'est pas un mince avantage. Ils nous conduisent - à pied - à l'endroit où on va dîner. Là, il n'y a que des Indiens et ils font signe au patron qu'on est avec eux et donc qu'ils s'attendent à ce qu'on soit bien traité. C'est un peu rigolo d'être assisté comme ça. On n'avait pas vraiment l'habitude, mais c'est un peu agréable de sentir qu'on veille un peu sur nous et de ne pas se demander si on va se faire avoir ou pas en rentrant dans un endroit. Ils nous ont très vite expliqué leur logique derrière ce comportement bien veillant. "Pour nous vous êtes nos clients. Vous louez une chambre chez nous et on veut que vous passiez un séjour agréable pour que vous ayez envie de revenir et de dire du bien de nous. Qu'est-ce qu'il se passerait pour nous si en discutant avec d'autres voyageurs vous vous rendiez compte que vous payez trop cher pour notre homestay ou qu'on vous conduisait dans des pièges à touristes. Vous sauriez qu'on a triché avec vous et vous diriez à tout le monde, ces gens-là, ce ne sont pas des gens bien. Et nous, on se retrouverait sans clients au bout d'un moment."

Une logique imparable pourtant souvent oubliée par certains. Une relation de confiance mutuelle basée sur l'honnêteté et le constat qu'on a chacun plus à y gagner de cette manière. Le principe de l'échange équivalent, ça, c'est un credo que je comprends et auquel j'adhère. Leur "Homestay" est enregistré auprès de l'État du Kerala, ce qui signifie pour eux qu'ils ont une responsabilité vis-à-vis des touristes et un poids officiel pour la résolution de conflit. Ils nous ont par exemple expliqué que les Indiens pratiquent pour la vente de leurs produits deux types de qualités et de prix. Il y a la bonne qualité à prix honnête, réservé aux Indiens - en cas de service, la même logique s'applique -  et les prix forts pour une qualité moindre, à l'attention des touristes. Une de leurs clientes était revenue un jour avec un bibelot qu'elle avait acheté dans une boutique. Lui demandant le prix qu'elle avait payé, ils apprirent qu'elle en avait eu pour 9000 roupis (120 euros). Mortifiés, ils sont retourné à la boutique avec elle engueuler le vendeur et récupérer 5500 roupis sur la somme. Une bien jolie histoire me direz-vous.

Oui, c'est vrai. C'est une bien jolie histoire. Le méchant commerçant rembourse la gentille touriste grâce à l'intervention de deux Indiens honnêtes. Un sceptique pourrait se dire que l'histoire est peut-être trop belle. Mais en l'occurrence, ce n'est pas le cas. Voyez-vous, leur fille - qui doit être de mon âge - vie et travail depuis maintenant dix ans dans le Sussex. Elle a un jour expliqué à ses parents que les gens qui voyageaient en Inde passaient bien souvent toute l'année à travailler pour payer leurs vacances et que leurs vies non plus n'étaient pas toujours faciles. Elle leur a dit qu'il ne fallait pas les voir comme des porte-monnaie sur pattes et leur a expliqué que ces braves gens, lorsqu'ils rentraient de vacances, se racontaient leurs expériences. Et s'ils leur étaient arrivés quelque chose de mauvais cela avait un impact sur les autres qui décidaient du coup d'éviter le piège. Elle a conclu en leur disant que : Maman, Papa, quand des gens viennent, s'il vous plait, faites ce que vous pouvez pour les aider. Alors, c'est exactement ce qu'ils font.

Du coup, lorsqu'ils font signe au patron qu'on ait dans leur restaurant et qu'ils s'attendent à ce qu'on soit bien traité, c'est le cas. Si Zoé demande un plat pas trop épicé, il est servi pas trop épicé. Lorsqu'on paye l'addition, on paye le même prix que les autres. La seule chose qui reste est le fait qu'on les amuse énormément. Rien que ce soir, nous étions tous les deux dans un charmant petit resto sur la rue avec un sol en ciment et un toit en taule. Les tables en métal rouillés étaient bancales et la moitié du coin cuisine empiétait sur le trottoir. On y a mangé un Butter Chicken, des nouilles aux crevettes et des chapati. Ils ont d'abord déposé les plats devant nous, puis très vite ont déposé deux fourchettes pour voir ce qu'on en ferait. Ils se sont tout de suite - et sans dissimulation - assis à la table directement à coté de nous pour nous regarder manger.

On a bien compris ce qu'ils attendaient de nous et avons décidé de leur en donner pour leur comptant de cacahuètes. Nous avons donc chacun prit notre fourchette de la main gauche et habillement déchiré un morceau de la galette de la droite pour tremper dans l'assiette en accompagnement des petits morceaux qu'on piquait pour les manger. Sur les trois lardons, un a fait deux yeux tout ronds, un autre a rigolé et le dernier est parti raconter à son copain derrière le comptoir ce qu'on venait de faire. Celui-ci, un peu plus vieux, à regarder par-dessus ses petites lunettes, a hoché la tête et lui a fait comprendre qu'il avait déjà vu ça. Ensuite ils nous ont déposés deux verres d'eau tièdes sur la table. Mais là, ils se sont vite ravisé et les ont échangés contre une bouteille d'eau, voyant qu'on n'y touchait pas. Mais ils ont vite oublié le malaise et se sont remis à rigoler en nous voyant piquer de nouveau nos aliments. Certains d'entre vous ne voient peut être pas l'exotisme de l'affaire. Aussi je m'explique, en Inde la tradition veut qu'on mange avec sa main droite. Sans couverts, ni baguettes et uniquement avec sa main droite - la gauche sert à autre chose. Avec la main on plonge dans son assiette et on malaxe sa nourriture - un peu comme de la patte à modeler - avant de porter à la bouche. On se lave les mains à l'eau en début et fin de repas. Ce qui signifie qu'ils n'utilisent pas de serviettes de table. Un des garçons a donc décidé de tenter l'expérience avec nous pour voir ce qui allait se passer. Il a posé un petit paquet de serviettes en papier sur la table et est retourné s'assoir avec ses copains. Ne voulant pas les décevoir, nous nous sommes donc essuyé les mains et la bouche avec. Ils étaient ravis. Et lorsqu'à la fin du repas, j'ai eu fini de saucer mon assiette et que j'ai chiffonné ma serviette pour la jeter dedans, on a compris qu'on leur avait fait leur soirée. Celui qui s'était levé auparavant est retourné voir le vieux derrière son comptoir. Il lui a mimé le geste et a pointé l'assiette du doigt. Quand à nous, on était ravi de la nourriture et de les avoir diverti pendant le repas. Impossible de s'offenser de leurs rires et de leurs commentaires amusés. Ils n'y avaient eu en eux aucune moquerie que l'on puisse ressentir. En vérité, ça fait du bien de se faire rappeler que nos uses et coutumes ne sont pas universelle et que ce qui peut sembler normal, ne l'est pas pour tout le monde. Cette anecdote est vraie dans ce restaurant, ce n'est cependant pas aussi exacerbé à chaque fois dans les autres endroits ils ont généralement regardé si on s'en sortait avec une cuillère et les doigts et sont passé faire des petits coups d'oeil amusé à ce qui pouvait se passer à notre table.

Pour notre deuxième jour à Cochin, notre petite famille nous avait réservés une journée de balade sur les canaux, sur un bateau traditionnel, avec un déjeuner typique du Kerala pour le midi. Promenade paisible au fil de l'eau sur un bateau de bois au toit de paille avançant extrêmement lentement grâce à deux hommes munit de grandes perches de bambou. Ok, je m'excuse pour la tournure très lourde de cette phrase, j'imagine qu'il y a bien un nom pour définir ses deux hommes, ils me semblent que "rameur" ne marche pas, et je n'ai ni dictionnaire, ni internet sous la main. Donc mon manque de culture sur le sujet restera dans cet article. Nous nous sommes laissé conduire à travers ses paysages verdoyant jusqu'à arriver au bout de deux heures à une fabrique de calcium. Sur une rive était installé une petite baraque en parpaings dans laquelle cinq personnes faisaient brûler dans un fourneau des coquillages et les mettaient ensuite en sac. 

Ensuite on eu droit à notre déjeuner dans une petite baraque isolé dans un champ. Le repas dit typique du Kerala se sert donc sur une feuille de bananier. Vous avez probablement vu les photos et les plus perspicaces d'entre vous se sont sûrement rendu compte que cette spécialité Indienne, nous l'avions déjà gouté avec Papa et Maman dans les Cameron Higlands. Alors pour être tout à fait honnête, les deux fois étaient comparables en tout point. Ici, comme en Malaisie, la composition du plat et son goût étaient véritablement les mêmes. Face à un plat traditionnel, on respecte la tradition. Nous avons donc décidé de manger avec la main. Au début, on n'y va que du bout des doigts. Heureusement, un couple d'Indiens était dans le bateau avec nous et nous n'avions qu'à singer leurs gestes. Plonger les doigts, faire remonter ce qu'on pioche dans la main, malaxer comme une boule et porter à la bouche. C'est une expérience très agréable. Cela apporte quelque chose de différent à la nourriture. On ne se pose pas la question savoir si ça va être chaud ou froid dans la bouche, puisqu'on le sent sur les doigts et la texture n'est plus une surprise pour la mâchoire. Bon, je vous suggère pour comprendre de le tenter. Je sais qu'il y a parmi vous des adeptes de manger avec les mains - j'avoue, moi j'aime bien - ceux-là savent donc déjà de quoi je parle. Mais les autres, allez-y... Il n'y a personne autour de vous ce midi et de toute façon il n'y a plus de fourchette propre dans le tiroir... Et puis ça sera notre petit secret.

Après cette journée de promenade sur l'eau, nous sommes partis pour une journée de promenade vers les sites d'intérêts de Cochin. Nous avons donc fait un petit tour à la synagogue du quartier juif, avons erré au Dutch Palace et sommes remontés à Fort Cochin avant de finir par nous trouver de nouveau sur les quais du marché aux poissons. Promenade de cinq heures, entrecoupé de petites pauses rafraichissement à cause de la chaleur. Avec Zoé, on a eu un petit hoquet lorsque la famille nous a dit que c'était la saison froide. Parce-que là, il fait chaud et moite. On transpire comme jamais. Alors suggérer l'idée qu'il pourrait faire encore plus chaud... Barf, ça m'épuise rien que d'y penser. Heureusement, le ciel est très clément avec nous. Nous n'avons au cours de nos trois jours de balade pas eut à souffrir de la pluie à un seul instant.

Pour le moment, on trouve à l'Inde beaucoup de charme. Nous avons vécu la Chine comme une épreuve et avions peur que ce soit la même chose ici. On trouve les gens, et notamment la famille chez qui nous sommes, très charmant et souriant. On ne se sent pas regardé de travers. Si on doit prendre un touc-touc on refuse le prix de base et on négocie le tarif, là encore on a été renseigné sur les vrais prix. On retrouve le plaisir qu'on avait au Japon à gouter à tout et à tester des choses. 
Pardon, je dis "Japon" et "nourriture", aussitôt les brochettes de coeur de poulet me manque.

Il y a beaucoup de richesses culturelles à découvrir et on se lève tôt chaque matin avec plaisir pour aller les découvrir. On se lève d'autant plus tôt et avec le sourire que depuis qu'on est dans la famille on a un petit déjeuner indien avec des plats différents tous les matins. Je me demande d'ailleurs ce qu'on va manger demain - alors qu'on sort de table - je crois que c'est le signe qu'on aime bien être ici. Encore quelques petits jours à Cochin et nous partirons pour une nouvelle ville. On a verrouillé notre itinéraire ce matin même et ça promet d'être sympa. On a la sensation d'être dans la dernière ligne droite avant la fin. Et en même temps, restons vigilants car c'est toujours près de la fin que le sol a tendance à se dérober sous nos pieds...

Je vous laisse donc sur cette pensée à tendance de cliffhanger et vous dis à dans deux semaines. 

Seb

P.S. Encore une fois, merci à tous ceux qui nous ont écrits et nous ont laissé des petits mots dans les commentaires. Cela nous touche toujours beaucoup.