Et voilà, enfin je trouve le temps d'écrire dans cette version de mon journal. Pourquoi tant de retard? Ah, la la... Par où commencer? Eh bien, tout d'abord, il y a eu la visite de mes parents avec qui nous avons courus en long, en large et en travers de ce petit pays pendant une superbe semaine. Puis j'ai trouvé le moyen de choper un rhume qui s'est transformé en grosse sinusite et m'a cloué au lit pour une bonne semaine avec de la fièvre. Heureusement, c'était l'une des deux semaines où nous avions un appartement à Melaka pour nous tout seul. Alors nous avons pu prendre le temps de recharger nos batteries, préparer la suite du voyage et préparer un peu le travail qui nous attend pour le retour et nos plans pour la suite. Bref, de quoi bien ce tenir occupé. Beaucoup de choses à raconter dans cet article. Tellement de choses que cette semaine vous allez bénéficier de la sortie de deux articles, puisque Zoé avait du retard aussi. Après ça, promis, on reprend notre rythme d'un article par semaine jusqu'à la fin du voyage.
Et ça risque d'arriver très vite, car il est maintenant question de semaines, plus que de mois. Je laisse à Zoé le soin de vous dire où nous en sommes en nombre de jours depuis le départ, car c'est elle qui fait le compte. Moi? Je suis pommé dans les jours. Je visualise le temps qui reste - à peu près - mais tout cela me semble très abstrait. J'ai besoin de faire énormément d'efforts pour me souvenir que cela fait bientôt neuf mois que nous voyageons vers l'ouest autour du globe. Alors, après cette introduction plongeons ensemble entre réalité et illusions fièvreuses - et tandis qu'une pluie d'orage s'abat sur la ville et nous cloitre à l'intérieur pour au moins les deux prochaines heures - dans un nouveau récit psychédélique plein de romance et d'aventures, de poissons colorés et de poissons grillés, de villes, de montagnes et d'îles, bref bienvenu en Malaisie.
Je crois que pour de multiples raisons, mon film Indiana Jones préféré est "la dernière croisade". Je le trouve génial car dans les deux films précédents est dépeint un antihéros iconographique qui symbolise - pour moi - l'aventurier dans toute sa splendeur. Il est débrouillard, indépendant, il sait suffisamment de choses pour pouvoir avancer dans l'aventure et en ignore suffisamment pour ne pas être pénible et que les films soient drôles. Alors évidemment, quand on part explorer le monde avec son sac sur le dos - et une ravissante jeune femme à ses cotés - on pense forcément à ce personnage. Dans le troisième film, on retrouve ce héros soudain accompagné dans son aventure de son papa. Le grand Indiana Jones devient soudain "Junior". Le film est touchant pour son traitement de la filiation et puisqu'il aborde le sujet depuis le point de vue du personnage "enfant" confronté à l'image de son père, il est pour moi très parlant. Pourquoi je pense soudain à "la dernière croisade"? La réponse est très simple, cela fait plus de huit mois que nous voyageons tout seul et nous voilà maintenant à l'aéroport international de Kuala Lumpur à attendre, non pas notre avion, mais l'atterrissage de papa et maman. D'ici quelques minutes et pour une semaine, peu importe que je sois sur la fin de ma trentième année et que j'ai parcouru plus de la moitié du globe, je redeviens "junior".
Présentons un peu les deux nouveaux personnages de notre récit qui s'avancent maintenant depuis la porte avec leurs deux sacs à dos de jeunes globe-trotters. Maman est la personne la plus méticuleuse et organisée que je connaisse. Personne sur terre ne peut la battre sur ce terrain-là. Vous pensez sûrement que j'exagère et que je dis ça pour faire plaisir à ma maman, car dans le fond, vous aussi vous vous voyez comme une personne bien organisée. Eh bien, je vous réponds un simple : Non! Quiconque ne connaît pas Nicole Hivert, ne connaît pas vraiment le sens du mot. Pour la première fois depuis le début de ce voyage où nous improvisons notre route au jour le jour, tout ce qui pouvait être prévu et préparé pour la semaine à venir a été fait. Et attention, pas une semaine avant, non. Tout était prêt alors que nous étions encore en Nouvelle-Zélande et que nous savions pas où nous allions dormir le lendemain. Mais là où elle est vraiment géniale, c'est que ce n'est pas une maniaque du contrôle. Elle aime planifier tout ce qu'elle peut, mais elle n'a rien contre l'imprévu et l'improvisation nécessaire. En fait, je pense que c'est parce qu'elle a déjà prévu suffisamment de choses pour de toute façon retomber sur ses pattes que les parties d'impros ne lui posent aucun souci. En y repensant, je ne crois pas avoir déjà vu ma maman flipper pour quoique se soit... A part pour papa.
Parce que oui, deuxième personnage haut en couleurs de l'histoire : Bruno Hivert. Autre personne que je connais pour sa méticulosité et son organisation... Dans son travail! Uniquement! Je crois que je ne lui ai jamais dit directement, mais je vois une certaine similarité entre nos deux travails. Mon travail à moi consiste à créer et raconter des histoires - par le texte, le dessin, le film ou l'animation, tels sont mes outils. Mon papa lui aussi crée et raconte des histoires, mais lui le fait avec les chiffres. Il les associe, les croise, les tris, les analyses et les agences de manière à finir par leur faire raconter un récit cohérent. Dans sa tête, ce ne sont pas des nombres brutes posés en ligne ou en colonne sur une feuille. Ce sont des fragments de récits qui par son expertise prennent tout leur sens. Avec ma soeur, on a toujours aimé la manière que papa a de participé à une discussion dans son domaine. Personne ne peut rivaliser en arguments sur son terrain, car ce qu'il dit est péremptoire. Mais dans le cas présent, en voyage, cet homme n'est pas le même. Ce n'est pas le Bruno travaille qu'on à en face de soi, non, il s'agit de l'autre Bruno. L'enfant turbulent de douze ans coincé dans le corps d'une personne de cinquante. Celui qui pique des gâteaux en douce, qui fait des bêtises dès qu'il peut et qui joue à rendre folle ma maman. En gros, dans ce genre de moment, il devient l'exact opposé de la version Bruno travaille. Adieu organisation et esprit rationnel, on est là pour s'amuser et prendre du bon temps. Alors dans ce genre de moment, ce n'est pas surprenant que maman est tout prévue, parce que papa lui joue les clowns en roue libre. Le duo est donc parfait. Et voyager avec eux pendant notre aventure autour du monde a été une expérience géniale. Pas de quoi regretté de devenir "Junior" pour une semaine.
Notre aventure à quatre commence donc dans la ville de Kuala Lumpur. Riches en activités diverses et variées, nous n'avions que l'embarras du choix pour occuper cette première soirée. Direction donc le centre-ville pour voir les tours Petronas qui se révéleront cependant impossibles à visiter le soir même et où nous décidons de faire une réservation pour notre prochain passage dans la ville - une semaine plus tard. Nous nous rendons donc à l'autre élément architectural iconique, la space needle, pour une vue nocturne dramatique sur l'ensemble de la ville et une petite expérience frisson dans la boîte en verre suspendue au-dessus du vide. Après quoi on trouve un remède à la chaleur et la moiteur du climat sous la forme d'une bière bien fraiche dans un pub - style Irlandais - du centre. On passe une bonne partie de la soirée à blablater - après tout, on ne s'est pas vu depuis huit mois - et à raconter des bêtises.
Le lendemain nous partons en direction des Cameron Highlands à la découverte des plantations de thé. Maman nous avait trouvé un hôtel fantastique de style colonial. Nous avions une chambre immense pour nous quatre, toute décorée de bois, de la taille d'un appartement. Pour optimiser au mieux notre temps dans cet endroit du pays, nous avons réservé un tour guidé d'une journée nous promettant de voir les plantations de thé, de fraises, une ferme à papillons, un trek dans la jungle, le plus haut point de vue de la région et la possibilité d'une baignade dans une cascade. Autant dire un programme parfait, ajoutons à ça le déjeuner indien servit dans une feuille de bananier et le steamboat en début de soirée et tout était parfait. Les plantations font partie de ses paysages découverts pendant cette année qui resteront gravés à jamais dans ma mémoire. Le dessin de ses vallées dont la palette de verts va de l'absinthe à l'avocat en passant par l'émeraude. Ils nous semblaient à tous bien plus complexe de fabriquer du thé avant d'apprendre de quoi il retournait vraiment. En résumé, vous avez tout ce qu'il faut pour fabriquer votre propre thé chez vous, dans votre maison. Je ne vais pas vous faire un cours sur la manière de procéder dans cet article, d'autant qu'il y a tout de même un point négatif... Si vous plantez votre arbre à thé maintenant, vous allez devoir attendre une centaine d'années avant pouvoir faire votre première récolte significative. Mais si jamais il y a des gens patients, envoyé nous un mot dans les commentaires et on vous transmettra la recette. Toutes blagues mises à part, les arbres des plantations que nous avons visitées sont vieux de quelques trois cent cinquante ans. Selon notre guide, on trouve au Sri Lanka des plantations avec des arbres vieux de plus de huit cent ans. Selon lui, c'est là aussi où se trouve le meilleur thé, puisque les feuilles y sont récoltées à la main.
Cette journée de visite dans les Cameron Highlands fut suivi d'une journée de voyage chaotique en bus d'une dizaine d'heures pour rejoindre Kuala Besut et la côte Est du pays en suivant un itinéraire composé de détour, de retour et de contre-tour et deux échanges de véhicule afin de rallier les points A et B en passant par C, D et W - parce-que... non, d'ailleurs... sans raisons. Heureusement, la traversée en bateau qui devait suivre cet araçant voyage devait être plus calme... Sauf que non! On embarqua sur un bateau avec quelques cinquante autres personnes pour nous rendre dans les Perhentians sous un soleil de plomb et un ciel bleu azur. C'était le dernier bateau de la journée, il devait quitter le port à cinq heure et déposer chacun de ses braves gens directement devant leurs hôtels respectifs sur les deux iles. Il était donc cinq heure et demi - parce-que les Malais sont des gens cool qui n'ont pas besoin de l'urgence dans leur vie - quand on commença à monter à bord. Du coup, il n'était pas loin de six heure lorsque nous quittâmes le port. La mer était calme et au fur et à mesure qu'on s'éloignait de la terre des blagues commençaient à se faire entendre sur la chance que nous avions d'avoir quitté le continent avant que l'orage qui semblait maintenant survenir au-dessus de la terre ne se déclare.
Et oui, quelle bande de petits veinards nous étions... Ignorant à cet instant à quel point le vent souffle fort et les orages se déplacent vite dans ce pays. Une demi-heure plus tard nous avions déjà déposé une dizaine de touristes et n'étions plus que quarante à bord à rigoler parce-que nous commencions à sentir des gouttes. Dix minutes et cinq touristes de moins, ça avait viré à l'épreuve d'endurance. La mer s'était démontée en un instant, une pluie torrentielle s'abattait sur nous. Un bateau vint nous accoster pour nous délester de quelques touristes supplémentaires et le capitaine de notre embarcation rouillé décida de faire cap sur la deuxième île. La topographie des environs dessinait un goulot d'étranglement entre les deux iles où le vent s'y trouvait plus fort et la mer déchaînée. Son entreprise se révéla donc périlleuse au mieux. Zoé qui avait été mouillé par la pluie était passée à l'avant de la cabine. Elle faisait donc partie de ce petit groupe qui ne voyait plus rien à ce qui se passait et fut diablement surpris lorsque le bateau passa une vague d'un bon mètre cinquante et que l'avant se retrouva suspendu dans le vide pendant une seconde avant de plonger en avant et de faire rentrer la vague suivante par les hublots ouverts - accompagné d'une partie de la faune aquatique de la région. Voyant la mine surprise et un peu paniqués qu'arborait son visage, j'entrepris entre le passage de deux vagues de sauter par-dessus des gens et de la rejoindre dans la cabine pour que nous nous asseillâmes tous les deux le temps que ça passe.
Maman, qui est une amoureuse de la mer devant l'Éternel, maudissait cette dernière en disant que cette fois : "ça y est! C'est clair! la mer ne me veut pas, j'arrête le bateau!" Trois jours plus tard, alors que nous partirions des iles sur une mer calme, nous l'entendrions dire que c'était agréable. Bref, pour le moment c'était stupeur et tremblement à bord de l'embarcation et notre capitaine décida d'aller déposer d'autres touristes avant de passer sur la seconde île. En bref, de renoncer à sa première entreprise tant que la mer serait aussi violente. Disons-le clairement, l'homme s'était lui aussi fait peur. La première vague à être rentrée l'avait fait rire. La deuxième lui avait fait perdre ses lunettes de soleil. A la troisième, il avait demandé aux deux filles qui criaient de peur de se taire, il perdait son calme apparent. Là, ça m'a rappelé quelqu'un. La quatrième vague fut celle de trop, puisque c'est à ce moment qu'il décida d'abandonner. Ne sachant pas quand il allait tenter de nous faire passer sur notre île ou s'il avait carrément abandonné le projet, il reparti vers la première île et se délesta au même endroit de tous les touristes de long beach. Nous étions plus que six à bord. La mer n'avait pas l'air beaucoup plus calme. Il annonça qu'il allait de nouveau tenter le coup. Il aborda le problème d'une autre manière et pris plus de distance avec les iles pour entreprendre le passage. Au bout d'un petit quart d'heure d'angoisse, nous arrivâmes à accoster un ponton flottant. Nous débarquâmes et courûmes en direction de notre hébergement sous une pluie battante.
Notre hôtel dans les iles se composait de petites baraques en bois posées directement sur la plage et d'autres surélevées sur la colline avec un balcon offrant une vue imprenable sur la mer - option retenue par maman pour le séjour - et un restaurant/lounge en bois faisant des grillades de poissons frais tous les soirs. Là nous avons découvert dès notre première vraie journée sur l'ile le snorkelling. Qui est un mot anglais compliqué et un peu prétentieux pour dire qu'on fait de la plongée simplement avec un masque et un tuba. Honnêtement, en y allant on pensait nagé dans les coraux et voir avec de la chance deux ou trois poissons basiques. Mais non, grave erreur. Nous avons été témoins du balai aquatique de centaines de poissons multicolores. Nous avons passé près de quatre heures dans l'eau à flirter avec divers poissons, tortues et autres petits requins, complètement abasourdi par la richesse de la faune marine et de la facilité avec laquelle celle-ci s'offrait à nous. Pour rester dans la thématique, le soir nous mangeâmes les cousins moches des mignons poissons colorés avec qui on avait passé la journée à nager.
Le soir un autre orage éclata et nous comprîmes aisément que c'était la coutume ici de finir chaque journée ainsi. Cette nuit-là, la climatisation de la chambre et la douche froide de la veille aidant un vilain rhume commença à se déclarer chez moi et un de mes pires ennemis de la terre : Le Moustique, en profita pour me piquer la paupière juste par principe. Il faudra quand même un jour qu'on m'explique l'utilité de la créature moustique qui ne me semble être qu'un support à gratouille inutile ou un véhicule à maladie insoignable telle que le Palu ou la Dengue. Bref, le lendemain, commençant activement le concert de reniflements, je suivis notre petit groupe dans la jungle vers un autre côté de l'île où nous avions prévu de passer la journée et de louer de nouveau des masques et des tubas pour explorer une fois de plus les proches fonds marins. On passa une bonne partie de la journée dans l'eau. Nous allâmes plonger à deux endroits différents. Le premier offrait un mix coraux et poissons colorés. On est resté un long moment avec Zoé à regarder jouer un groupe de petits poissons clown dans les anémones. Puis au second spot, on nagea paisiblement avec une tortue. Le vieil amphibien à la carapace fendue alternait tranquillement entre picorer au fond de l'eau et reprendre son aire à la surface. Puis petite balade dans la jungle pour retourner à notre plage. Au moment du couchant, Zoé et moi fîmes une petite promenade romantique au bord de l'eau pour ramasser des coquillages et prendre quelques photos paradisiaques pour faire pâlir de jalousie les visiteurs de notre blog et avoir un support visuel à nos souvenirs pour nos vieux jours au coin du feu. Papa et maman restèrent à profiter de la plage et de la mer jusqu'au dernier instant, sachant que bientôt ils se trouveraient de retour à Mouilleron le Captif.
D'ailleurs, Sonia, j'aime beaucoup l'acronyme MLC que tu utilises dans les commentaires. Je trouve ça très pratique et en même temps ça donne un côté branché à un nom un peu long et qui sonne pas super. Je risque donc de te le piquer à l'avenir.
La journée suivante fut employée à retourner à Kuala Lumpur pour la dernière nuit en Malaisie de papa et maman. Là encore, maman avait tout prévu. Le retour de l'ile en bateau, l'avion pour la capitale, ainsi qu'un magnifique hôtel. Nous conclûmes la journée par une bière et un dîner dans le pub que nous avions visité lors de notre précédent passage. La nuit suivante fut pour moi consacré à la métamorphose de mon rhume en sinusite et à des rêves hallucinatoires dus à la fièvre. J'étais en train de nager tranquillement dans l'eau bleue turquoise des iles avec mon tuba et mes pieds palmés à suivre une tortue. Je savais que papa, maman et Zoé devaient nager dans les environs proches, mais je ne les voyais pas. Il y avait seulement cette tortue qui arborait maintenant un moche bandana orange et me parlait avec un cheveu sur la langue.
- Hey dude! (oui, parce-que c'est une tortue des iles donc elle parle un peu comme les surfer Australien, donc...) Hey dude! Qu'est-che que tu fais avec ton drôle de tube dans la bouche?
- Ché un chuba, cha me chert à rechpirer.
- Dude, enlève ton truc de ta bouche. On comprend rien quand tu parles.
J'enlève donc mon tuba et me rend compte que j'arrive parfaitement à respirer sous l'eau et accessoirement à parler - à une tortue... - et m'étonne un peu de ne pas souffrir du manque d'oxygène.
Je me dis que Zoé aimerait sûrement que je lui fasse part de cet exploit. Mais comme je ne sais pas où ils sont et que je ne vois rien autour de moi - et que nous sommes dans un rêve, que du coup je suis sous l'eau et qu'il ne me vient pas à l'idée de remonter à la surface - je panique un peu. La tortue se barre en me disant qu'elle ne veut pas se prendre la prochaine. J'ai à peine le temps de lui demander la prochaine quoi? Qu'une vague immense s'abat sur moi. Je suis pris dans un rouleau et tourne dans tous les sens. Lorsque j'arrive à refaire surface, je vois une horde de Malais qui flotte sur des radeaux faits à partir de bidons multicolores maintenus ensemble par des filets de pêche. Zoé et mes parents sont déjà à bord de l'un d'eux. Les Malais me font monter à bord d'un autre. Une fois embarqué sur ce frêle esquif, je veux rejoindre ma famille. Heureusement les radeaux se sont transformés en un ponton flottant - toujours fait de bidons colorés.
A ce moment, je me réveille. Je me rends compte que je délire à cause de la fièvre et que je suis à l'hôtel. Alors les bidons colorés deviennent des briques de legos géantes prenant la forme d'une ville. Nous devons trouver notre chambre dans cette ville lego, mais impossible de trouver le bon étage du parking avec le taxi. La fièvre monte. Le taxi tourne dans les étages. On ne trouve pas le nôtre. De toute façon en y regardant bien, l'immeuble dans lequel est notre taxi n'est qu'un parking à étages où il n'y a pas de chambre. Je me réveille à nouveau, me rend compte que je suis dans un lit. Mais dans mon rêve, on est dans un parking lego et notre hôtel est dans l'immeuble d'en face et nous n'arrivons pas à y aller. Tout devient très flou. Et après des heures à tourner dans cet immeuble creux, je me réveil enfin et c'est le matin. Mon oreillé est trempé de sueur, Zoé me regarde avec un oeil un peu inquiet. Mais tout va mieux. La fièvre est tombée et je suis d'attaque pour la journée.
Nous profitons de la dernière journée des parents pour visiter les tours Petronas et aller voir la vue depuis le sommet, faire un tour dans le quartier Chinois et les vieilles maisons Malaises. On finit la journée avec un hot dog et un milkshake. Certes pas très Malais, mais très agréable quand même. Vient le moment pour papa et maman de refaire leur sac pour rentrer en France. En cadeau d'au revoir, ils prennent dans leurs sacs quelques-unes de nos affaires devenues plus embarrassante qu'autre chose. C'est l'une des actions qui peut sembler des plus bête, mais qui est des plus utiles pour nous. Car quand vous avez un sac que vous devez trimballer avec vous tous les deux ou trois jours avoir quelqu'un qui participe volontairement à en réduire le poids de quelques kilos, ça vous semble être la meilleure nouvelle du monde. Une semaine est bien vite passée lorsqu'elle est bien remplie et nous sommes vraiment heureux du temps où nous avons voyagé tous les quatre. Je pense qu'on gardera tous de super souvenir de ce moment.
Après leur départ, Zoé et moi sommes resté une nuit de plus à Kuala Lumpur dans notre bel hôtel - dernière courtoisie de la part de papa et maman - avant de partir le lendemain pour la ville de Melaka. En Huit mois, le nombre de moments que nous avons passé seuls, Zoé et moi, dans un même endroit pour plus de cinq nuits consécutives s'élève à l'impressionnant nombre de : Zéro. En Chine, nous avions donc décidé de se prendre pour une durée de deux semaines un appartement privé à Melaka. Cela nous offrant la possibilité de nous faire la cuisine et de ne pas manger dehors à tous les repas, de rester éveiller aussi tard que nous le voulions dans la nuit car nous ne dépendions pas de quelqu'un, ou d'un horaire fixe de petit déjeuner ou de l'intrusion d'une femme de chambre. Bref, l'opportunité de se reposer un peu, de ranger nos affaires dans un meuble et plus dans nos sacs à dos et de prendre soin de nous. Parce-que petite révélation, notre régime alimentaire a beaucoup changer depuis que nous sommes en Asie et nous avons perdu pas mal de poids. C'était donc aussi l'occasion de rattraper tout ça avec du sommeil et une cure de vitamines en tous genres.
Heureusement que nous avons pris cette décision de nous poser car au-delà d'avoir passé un super moment juste en compagnie l'un de l'autre dans notre petit appart', en arrivant le premier soir ma sinusite à atteint son paroxysme. Oreilles bouchées à cent pourcents, gorge tapissée de papier de verre, nez bouché, sinus plein qui prirent l'initiative de commencer à se vider par les yeux, fièvre et mal de tête carabinée. J'ai dû tenir le lit pendant presque trois jours. Trois jours de rêves hallucinés dans lesquels je pilotais un hydravion jaune au nez rouge en compagnie d'un ours, ou je me souvenais soudain comment on faisait pour voler et je prenais superman par la main pour aller dans l'espace voir qu'en fait le soleil était dans une sorte de musée, ou de foret de berlingots dans laquelle dansaient des koalas saouls. Heureusement ma belle Zoé a été parfaite avec moi. Elle a pris ma remise en forme comme un défi personnel et botté les fesses de cette saloperie. Il m'a tout de même fallu une semaine pour me remettre d'attaque et pouvoir de nouveau affronter l'extérieur. Ce qui n'était pas spécialement grave, puisque Melaka ne regorge pas vraiment de lieux d'intérêts ou d'activités. Parfait pour se reposer donc et mettre le nez dans ses projets personnels ou autres.
Nous avons donc pris ce temps pour nous et uniquement pour nous. On a mis de coté le blog et le voyage. Pendant deux semaines, on a simplement joué à être un petit couple ordinaire vivant en Malaisie dans leur petit appartement et profitant des choses simples. Cela nous a donné un petit avant-goût du retour et nous a donné hâte de poser nos valises pour un peu plus longtemps et de vivre ensemble.
Ces deux semaines se sont écoulées à une vitesse folle et nous voilà maintenant reparti sur la route pour de nouvelles aventures. Ce qui veut dire que bientôt de nouvelles photos vont arriver, de nouveaux articles aussi. On remercie tous les gens qui nous postent des commentaires sur le blog ou nous écrivent. Cela nous touche toujours beaucoup et nous motive à nous faire partager nos aventures. Nous nous lançons maintenant à la découverte de la côte est et de ses iles, de la surface et des profondeurs.
à bientôt donc pour la suite,
Seb
P.S. Si qui que se soit à une réponse pour ma question sur l'utilité du moustique, je suis preneur.